
La mobilisation contre la mafia s’intensifie en Corse. Le week-end dernier, à Ajaccio, plusieurs centaines de personnes ont scandé leur refus de l’emprise mafieuse lors d’une manifestation inédite. Au cœur de la foule, mégaphone en main, le préfet de région a pris la parole, appelant à une union entre la Corse et l’État pour « triompher de la mafia ». Dans le même temps, le recteur d’académie, Rémi-François Paolini, a annoncé la création d’un programme éducatif inédit : « Nous engageons un important travail de sensibilisation et de prévention de la jeunesse insulaire face aux dangers des pratiques mafieuses, avec l’objectif de renforcer le respect de la légalité et les valeurs attachées à l’État de droit. »
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Ce nouveau dispositif d’éducation entrera en vigueur dès la rentrée 2025. Inspiré des programmes italiens, il mobilisera 16 heures d’enseignement entre la quatrième et la terminale. Dans ce cadre, magistrats, victimes et repentis viendront témoigner en classe pour briser l’omerta et déconstruire le mythe du voyou tout-puissant.
Rompre le silence et éveiller les consciences
Jean-Toussaint Plasenzotti, fondateur du collectif anti-mafia Massimu Susini, insiste sur la nécessité de sensibiliser les plus jeunes : « La lutte contre la mafia ne peut pas être uniquement répressive. Il est essentiel d’éduquer les jeunes pour qu’ils prennent conscience du chemin destructeur qu’elle représente. Les mafieux tentent de se présenter comme des figures protectrices, mais cette réalité est trompeuse. Cette vie a des conséquences dramatiques, non seulement pour ceux qui s’y engagent, mais aussi pour leurs familles. Si nous voulons préparer l’avenir, nous devons travailler avec la jeunesse. La lutte contre la mafia se mène sur plusieurs fronts, et l’éducation en est un pilier essentiel. »
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La lutte contre la mafia se mène sur plusieurs fronts.
Jean-Toussaint Plasenzotti, fondateur du collectif anti-mafia Massimu Susini
En Corse, où le taux d’homicides reste l’un des plus élevés de France, l’assemblée de la collectivité a adopté une délibération insistant sur l’importance de l’éducation dans cette lutte.
Un programme en cours d’élaboration
Le 7 mars, le recteur a réuni inspecteurs d’académie et membres des collectifs anti-mafia pour affiner le contenu des cours, qui seront intégrés aux programmes d’enseignement moral et civique, d’histoire et de lettres modernes. Rémi-François Paolini insiste sur l’importance d’un cadre rigoureux : « Ce projet doit être construit avec sérieux. Nous traitons d’un sujet grave et nous devons nous appuyer sur l’expertise d’acteurs engagés, qu’ils soient issus du monde judiciaire, associatif ou académique. »
Les premières sessions débuteront en septembre 2025 avec les classes de quatrième. En Italie, où ces programmes existent depuis les années 1990, la prévention a déjà porté ses fruits. En Corse, cette initiative marque une étape importante : en brisant l’omerta et en déconstruisant les mythes, elle pourrait offrir aux jeunes d’autres repères et contribuer, à long terme, à un changement de mentalités.
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