Selon la dernière étude #MoiJeune, réalisée par OpinionWay pour le journal 20 Minutes, 50 % des jeunes de 18 à 30 ans seraient prêts à s’engager dans l’armée en cas de conflit en France. Un chiffre directement lié à l’inquiétude exprimée par ces jeunes concernant les répercussions de la guerre en Ukraine, perçue comme une menace pour la paix par 85 % des répondants. 82 % jugent également dangereuse la politique extérieure de Donald Trump, malgré les discussions en cours pour aboutir à une possible trêve. En parallèle, 76 % estiment que l’Union européenne pourrait assurer seule sa défense en cas de conflit face à une autre grande puissance comme la Russie ou la Chine, mais 49 % seulement pensent que la France en serait capable seule, malgré l’arme nucléaire.
Dans cette perspective, 77 % des sondés soutiennent toutefois les efforts financiers nécessaires au « réarmement », notamment en matière de cyberdéfense ou nouvelles technologies. L’étude OpinionWay dévoile également que 23 % des jeunes ont déjà songé à une carrière militaire en raison des tensions internationales. Mais au-delà des idéaux, quelle est la réalité concrète de cet engagement ? Quelles raisons ont poussé les jeunes, ces dernières années, a effectivement s’engager ?
L’expansion des réservistes
Le nombre de réservistes en France – actuellement 40 000 dans la réserve opérationnelle – a augmenté de 10 % en un an. Parmi les engagés, près de la moitié sont des jeunes de moins de 30 ans, et 20 % font actuellement leurs études. Une recrudescence que l’armée explique par un regain de l’esprit patriotique, une volonté de protéger la nation, mais aussi, concrètement, afin de s’assurer un complément de revenu, notamment pour les jeunes étudiants. Le général François-Xavier Poisbeau, le secrétaire général de la garde nationale, qui s’occupe des partenariats avec les entreprises afin que celles-ci libèrent leurs salariés réservistes sur leur temps de travail, l’atteste : « Pour accompagner l’augmentation des réservistes, plus de 1 100 entreprises ont signé des conventions. Une façon pour les patrons de servir aussi, à leur manière, leur pays. » Rémi, 29 ans, commercial à Lyon, en bénéficie.
Le nombre de réservistes a augmenté de 10% en un an
Comme beaucoup de ceux qui ont rejoint la réserve ces dernières années, il a été extrêmement choqué par les attentats de 2015. À l’époque, il réside à l’étranger mais se promet de participer à la défense de son pays et à la protection des siens dès son retour en France. C’est chose faite, et il enchaîne depuis, en parallèle de sa vie de famille, les opérations sentinelles.
Il acceptera d’être envoyé là où l’armée lui demandera en cas de guerre, mais juge aujourd’hui « improbable » de rejoindre le front ukrainien. Même son de cloche pour Ambroise, étudiant de 20 ans engagé depuis deux ans. Lui aussi a été marqué par les attentats sur les terrasses parisiennes et dans la salle de spectacle du Bataclan. Il entend désormais « combattre l’islamisme qui a frappé la France ». Mais l’évolution de la scène internationale élargit son engagement, il promet de lutter contre « n’importe quel ennemi qui attaque le pays, quel qu’il soit ».
La suite après cette publicité
S’engager pour la France, pas l’Ukraine
« Est-ce que, si je m’engage, je servirai un pays ou est-ce que je servirai un régime ? » Vincent, jeune trentenaire, père de trois enfants, s’interroge. Dans l’absolu, il ne veut pas déshonorer la mémoire de son grand-père, ancien combattant, si une puissance étrangère déclarait la guerre à la France. Mais même en ayant écouté Emmanuel Macron, la guerre de haute intensité contre la Russie lui semble aujourd’hui inenvisageable. Il est prêt à s’engager, comme d’autres, mais redoute aussi la guerre, forcément. Et il veut être clair : il ne s’engagera pas tant que les frontières de son propre pays ne seront pas concrètement menacées.
Source : Lire Plus