
L’idée revient régulièrement, tel un serpent de mer dans la Baltique. Et si la Pologne, championne des dépenses militaires, faisait l’acquisition de sa propre bombe ? Le Premier ministre Donald Tusk y songe ouvertement. « La Pologne doit viser les capacités les plus modernes, y compris en matière d’armement nucléaire et d’armement non conventionnel », a-t-il déclaré la semaine dernière à la Diète.
Publicité
La suite après cette publicité
« En vingt-cinq ans de métier, je ne me souviens pas de telles déclarations. C’est ça aussi la politique de “la Pologne d’abord” », observe Marek Swierczynski, expert en questions de défense au centre d’analyse Polityka Insight, à Varsovie. Avant de tempérer : « Ces ambitions sont probablement impossibles à réaliser. Et cela prendrait beaucoup de temps. »
Pour une fois, le président Duda (PiS) et Tusk (Plateforme citoyenne) sont sur la même longueur d’onde : celle de Macron. Les deux soutiennent activement la proposition du président français de faire bénéficier du parapluie nucléaire à l’ensemble de l’Europe. Une réponse au désengagement américain sur le Vieux Continent.
10 000 soldats américains sont stationnés en Pologne
En Pologne, où sont stationnés environ 10 000 soldats américains, le péril russe n’est plus tout à fait le même qu’il y a trois ans, au début du conflit en Ukraine. « La perception de la menace a changé. Il n’y a pas de panique, et l’imminence d’une attaque n’est pas d’actualité. L’armée russe n’est pas à Kiev, elle est épuisée et il faut du temps pour reconstituer un stock d’armes et reprendre du muscle », relève Swierczynski. Lequel nuance l’importance de la présence américaine.
« C’est davantage de la mythologie qu’une réelle importance opérationnelle. Bien sûr, ils ont cette brigade lourde rotative. Des unités, des compagnies et des bataillons, répartis des États baltes à la Roumanie, et constamment en mouvement. Officiellement, elle est stationnée en Pologne. Mais avons-nous déjà vu la brigade entière en Pologne ? Aucun porte-avions américain ne viendra en mer Baltique. Trop compliqué, trop risqué. » Entre les pires scénarios et la réalité, la Pologne a eu, en trois ans, le temps d’apprendre.
Source : Lire Plus