Œil pour œil, dent pour dent. Face à la guerre commerciale de Donald Trump, l’Union européenne ne reste pas les bras croisés. Mercredi matin, quelques heures après la hausse des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a fustigé la politique commerciale de l’administration Trump. « Les droits de douane sont des taxes, mauvaises pour les affaires et […] les consommateurs », a-t-elle déploré dans un communiqué.
Donald Trump a voulu la guerre, il l’a. Préparée de longue date, la riposte européenne consiste en une pluie de droits de douane sur les produits américains, visant à affecter 26 milliards d’euros de marchandises « made in USA », l’équivalent des mesures américaines sur l’acier et l’aluminium. Dès le 1er avril, la Commission européenne va réactiver les droits de douane déjà appliqués en 2018 lors du premier mandat de Trump. Le whisky, les Harley-Davidson, les jeans… Mais le plus gros de la contre-attaque interviendra mi-avril, à l’issue d’une concertation entre les 27. À l’exception des importations stratégiques comme le pétrole ou le gaz naturel, l’UE prévoit de taxer un maximum de produits. Une liste de 1 700 biens pouvant être taxés jusqu’à 50 % a même été établie.
Des aliments comme le lait, le bœuf, la volaille, les œufs ou le sucre. Des boissons, des vêtements, des voitures, des appareils électroménagers comme les réfrigérateurs ou les tondeuses. Ou encore des produits pharmaceutiques. L’objectif d’Ursula von der Leyen : attiser l’inflation, préoccupation majeure de la classe moyenne américaine, en espérant faire reculer Trump.
Au gouvernement, on se félicite de cette riposte. Tout en rappelant que la guerre commerciale ne fait que des perdants. « C’est Trump qui a tiré le premier. On se contente de répondre de façon proportionnée, en se réservant la possibilité d’aller plus loin si c’est nécessaire. Mais on s’attache aussi à maintenir le dialogue avec l’administration américaine », décrypte un conseiller ministériel.
Et les consommateurs européens dans tout ça ? À ce stade, il n’y a pas lieu de dramatiser. « Aujourd’hui, beaucoup de grandes marques américaines produisent aussi en Europe, où elles ont implanté des usines. Par définition, tous ces produits qui ne traversent pas l’Atlantique ne seront pas soumis aux droits de douane. Donc, il n’y aura pas d’impact sur le consommateur », décrypte Thomas Graffagnino, expert au cabinet Sia Partners. Pour les produits qui viennent bien des États-Unis, comme les oranges de Floride, que l’on retrouve dans la plupart des jus vendus en Europe, l’impact est réel. Mais l’effet sur le prix n’est pas automatique : « L’industriel ou le distributeur peut rogner sur sa marge pour absorber une partie des droits de douane », poursuit notre expert.
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« Les droits de douane sont inflationnistes. C’est une taxe sur la consommation, en quelque sorte »
Malgré tout, la France n’échappera pas à des hausses de prix voire à un retour de l’inflation. « Les droits de douane sont inflationnistes. C’est une taxe sur la consommation, en quelque sorte », tranche Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Asterès. S’il reconnaît que l’UE ne pouvait pas se laisser faire, Sylvain Bersinger estime que les 27 doivent diversifier leur contre-attaque pour viser plus juste et acculer Donald Trump, dans l’espoir d’un recul. « En plus des droits de douane, on peut bloquer temporairement certaines exportations stratégiques : des pièces détachées pour leurs Boeing, des médicaments », suggère-t-il. Comme toujours avec Trump, il ne faut pas occulter le risque de la surenchère.
Jeudi, à peine 24 heures après les annonces européennes, le président américain a menacé de taxer le champagne et les vins français à 200 % ! Ce à quoi Paris a promis de riposter, par la voix du ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.
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