Ne lui parlez pas de primaires. Le maire du Havre garde un souvenir amer de la primaire de l’édition 2016 pour départager les candidats de la droite et du centre. Donné archifavori dans les sondages, son mentor Alain Juppé s’était violemment rétamé, contraint de se replier sur sa mairie de Bordeaux. Édouard Philippe a beau aimer passionnément sa ville, il nourrit de plus grandes ambitions. Alors quand le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, relance l’idée d’une primaire à droite et au centre, il ferme les écoutilles. Ses proches déminent le sujet pour lui : « Ce mode de sélection porte bien son nom, il fait plus souvent la part belle aux attaques personnelles qu’au débat d’idées », observe le secrétaire général d’Horizons Pierre-Yves Bournazel.
Si, pour l’heure, Édouard Philippe est le seul candidat déclaré à la présidentielle au sein du socle commun, ses rivaux n’ont renoncé à rien. Dès lors, Philippe fera tout pour le match. Et cela passe par frapper un grand coup à l’occasion des municipales.
L’ancien Premier ministre a construit son récit politique autour de sa ville, son apprentissage aux côtés de l’ancien maire du Havre, Antoine Rufenacht, avant de prendre sa succession en 2010. L’échelon local irrigue la pensée et la stratégie d’Édouard Philippe. Il en a fait l’ADN de son parti, Horizons, le seul à posséder une assemblée des maires. « Nous avons déjà les 500 parrainages », aime rappeler son entourage.
L’échelon local irrigue sa pensée et sa stratégie
Depuis son départ du gouvernement en 2020, le Havrais parcourt la France, discrètement, loin des micros et des caméras. Au bar du coin, au détour d’une visite d’entreprise, Édouard Philippe fait du gringue aux élus locaux. Un travail de longue haleine dont il compte bien tirer les fruits en mars 2026. « Ces élections feront office de primaire officieuse du socle commun. Édouard Philippe ne le dira jamais, mais il le pense fortement », avance un proche du Normand. Encore faut-il que la carte électorale clignote en bleu Horizons au soir du second tour des municipales.
Chargé des élections au sein du parti, Pierre-Yves Bournazel, prudent, relativise : « Les municipales ne sont pas la répétition générale de la présidentielle, il n’y a pas de corrélation entre ces deux scrutins. Même si notre objectif est de remporter le plus de villes possibles. » Dans ce cas, retour au problème initial : comment sortir du lot sans passer par la case primaire ? En faisant tout pour installer l’évidence de la candidature d’Édouard Philippe. Ses proches font valoir sa constance sondagière par opposition à la popularité volatile de ses adversaires : « On nous présentait hier Gabriel Attal comme le futur président de la République, aujourd’hui, c’est Bruno Retailleau, demain un autre. En attendant, Édouard se maintient à niveau depuis cinq ans. »
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Mais encore une fois, Alain Juppé, lui aussi, jouissait en son temps de sondages flatteurs. Voilà pourquoi cet ancien conseiller d’Édouard Philippe à Matignon n’accorde que peu d’importance aux indices de popularité qui sont l’expression d’une adhésion immédiate. Il privilégie les études d’opinion sur les intentions de vote où son champion reste très haut. Reste à confirmer dans les urnes. Rendez-vous en mars 2026 pour l’épreuve test.
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