
Arnaud Rousseau a pris le président de la République au mot : lors de sa dernière allocution du 5 mars, Emmanuel Macron avait « notamment cité l’agriculture parmi les grands enjeux stratégiques du moment », attaque le président de la FNSEA. « Vous avez appelé les forces vives à faire des propositions en réponse à ce contexte géopolitique », poursuit le dirigeant du syndicat majoritaire pour exposer la motivation de sa lettre adressée à l’Élysée ce jeudi, que le JDD a pu consulter.
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Alors que l’histoire s’accélère et que le réarmement militaire est affiché comme une nécessité, Arnaud Rousseau invite Emmanuel Macron à ne pas oublier « notre nécessaire réarmement alimentaire ». « La Russie a su utiliser l’arme alimentaire pour déstabiliser les marchés européens et mondiaux, et ses nouvelles “routes du blé” sont de redoutables canaux d’influence dans des pays où la faim est une préoccupation du quotidien », expose la missive qui appelle à « faire de l’alimentation un puissant vecteur de stabilité démocratique ».
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Redéfinir l’ambition agricole européenne
« Les agriculteurs sont plus que jamais les garants indispensables de notre souveraineté alimentaire retrouvée. Pour leur permettre d’assurer pleinement leur mission, une seule solution : renforcer les capacités de production agricole françaises. L’heure est venue de capitaliser sur les prises de conscience de ces dernières années pour engager sans plus attendre, parce que la nécessité fait loi, un indispensable changement de cap pour notre agriculture : celui de l’autonomie stratégique alimentaire ! »
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Pour y parvenir, le président de la FNSEA invite à « redéfinir l’ambition agricole européenne », en s’appuyant sur la PAC, « première politique intégrée de l’Europe, avec un temps d’avance sur la politique européenne de défense ». Sans « renationaliser les agricultures européennes, ce qui reviendrait à les mettre en concurrence les unes avec les autres », il faut notamment plus que jamais « se doter de règles uniques à l’intérieur du marché commun », lance Arnaud Rousseau. Avec notamment une attention particulière à l’intégration de l’Ukraine, qui réclame une « fermeté », ce projet pouvant « à lui seul déstabiliser totalement la PAC et faire de l’agriculture la victime collatérale de notre solidarité ».
Autre motif d’inquiétude : « Alors que les frontières se ferment de part et d’autre de la planète, faisant exploser les droits de douane en déstabilisant les flux commerciaux de l’alimentation, l’Europe est encore une passoire, Monsieur le Président, et crée les propres conditions de sa fragilité. Il faut y mettre un terme avec une politique commerciale intégrant le strict respect de la réciprocité des normes. Cessons également de sacrifier l’agriculture au profit d’autres secteurs économiques, comme le prévoit notamment l’accord du Mercosur. »
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« La souveraineté ne se divise pas »
Appelant à une « réduction massive des charges » et à l’accélération des programmes de recherche tournés vers les innovations « qui nous permettront de faire toujours mieux avec moins d’impact », Arnaud Rousseau rappelle enfin les revendications des agriculteurs, qui restent lancinantes malgré les avancées récentes comme l’adoption de la loi d’orientagion agricole. Simplification, réglementation, accès à l’eau, protection face aux contentieux nourris par des « débats dogmatiques stériles et stigmatisants », dévelopement des énergies renouvelables d’origine agricole pour contribuer à la souveraineté énergétique…
« Monsieur le Président de la République, vous avez pris des positions pour la défense de notre Nation, pour la prospérité et la paix de l’Europe qui est menacée par le conflit ukrainien, lance Arnaud Rousseau en conclusion de son courrier. Au nom des agriculteurs français, je vous demande d’être tout aussi offensif pour la souveraineté alimentaire. Elle s’impose comme le pendant indispensable aux efforts pour renouer avec une défense indépendante et solide. La souveraineté ne se divise pas. »
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