
Vous ne le voyez pas sur la photo, juste au-dessus ? Nous non plus, pas plus que les commentateurs ni que l’arbitre en temps réel. Ni même le gardien adverse qui n’a pas protesté. Et pourtant, au bout de sa course, Julian Alvarez aurait provoqué un (très léger) contact pied gauche puis pied droit avant de réussir son tir au but mercredi face au Real Madrid. L’Argentin de l’Atlético avait l’occasion de ramener son équipe à 2-2, sa tentative a été requalifiée en échec après intervention de la VAR – un seul pied doit toucher le ballon pour la valider, même si la trajectoire n’est pas modifiée.
Publicité
La suite après cette publicité
Trois minutes plus tard, après avoir raté une occasion de recoller au score, les coéquipiers de Griezmann verront ceux de Mbappé se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Scandale ? La question n’est même plus là. Censé apporter des réponses claires et définitives, l’arbitrage vidéo a fait basculer les émotions dans un univers de petits épiciers de l’image et de voyeurs en différé. Avant, les grandes injustices (l’attentat de Schumacher sur Battiston, la « Main de Dieu » de Maradona…) rejoignaient, en lettres sombres mais malgré tout, le livre d’or du football, ce jeu qui ressemble tant à la vie. Aujourd’hui ?
Les championnats allemands, anglais ou néerlandais ont déjà franchi le cap
Tout cela semble anecdotique, pour ne pas dire pathétique. L’esprit est bafoué, les erreurs demeurent. Un peu plus tôt, on avait assisté à une autre séquence sidérante, quand l’arbitre de Lille-Dortmund interrompt brusquement la partie. « Que se passe-t-il ? » entend-on à la radio. Grave blessure ? Problème de sécurité ? Rupture du jeûne du ramadan. La coupure durera une minute – à l’ère de l’arbitrage vidéo, on n’est plus à ça près –, mais imagine-t-on un orchestre s’arrêter en plein concert pour ces raisons ? Jusqu’à présent, la FFF a toujours refusé cette faveur au nom du respect de la laïcité dans la pratique sportive : chacun est libre de pratiquer sa religion tant qu’elle n’interfère pas sur le jeu. Mais la Ligue des champions dépend de l’UEFA, qui délègue courageusement à ses référés la possibilité de l’accorder.
Les championnats allemands, anglais ou néerlandais ont déjà franchi le cap. Cette semaine, la ministre des Sports Marie Barsacq a assuré que « le port du voile [dans les compétitions, NDLR], ce n’est pas de l’entrisme », s’attirant les foudres républicaines, populaires [trois Français sur quatre sont contre, selon un sondage CSA] et celles des dirigeants des clubs qui luttent au quotidien contre le communautarisme, voire le séparatisme. Elle préfère y voir une possibilité d’émancipation féminine. L’arbitrage vidéo de l’histoire tranchera.
Source : Lire Plus