Il n’aura fallu que quelques jours à la Russie pour remporter l’un de ses plus grands succès militaires, depuis le début de la guerre d’invasion de l’Ukraine. Les soldats de Vladimir Poutine ont lancé début mars une opération massive de reconquête des territoires perdus de la région de Koursk.
En août 2024, les forces armées ukrainiennes pénétraient par surprise sur le territoire de la Fédération, dans la région de Koursk. Pour la première fois depuis l’invasion nazie en 1941, le sol de l’ours russe est envahi. L’objectif des Ukrainiens ? La centrale nucléaire de Koursk, lieu hautement stratégique. Au bout de plusieurs jours, la progression des militaires ukrainiens est stoppée par leurs homologues russes. Près de 1 300 kilomètres carrés de territoire russe sont alors contrôlés par Kiev. Ce mercredi, il n’en resterait plus que 140. « C’est une victoire majeure de la Russie, analyse le colonel Peer de Jong auprès du JDD.
Stratégie du chaudron
Après des mois de combats de faible intensité, les bataillons ukrainiens ont soudainement vu débarquer des troupes d’élite russes : l’infanterie de marine, les troupes aéroportées, le bataillon tchétchène Akhamat, ainsi que des soldats nord-coréens. En seulement quelques jours, l’armée de Vladimir Poutine a reconquis plusieurs localités. Sur des vidéos, diffusée sur les réseaux sociaux, l’on peut voir le drapeau à trois bandes être hissé sur les villages de Malaya Lknya, de Porchnoye, Kositsa, ainsi que Cherkasskoye.
Les militaires russes sont enfin parvenus le 7 mars aux abords de Soudja, seule ville d’importance conquise par les Ukrainiens dans la région de Koursk. La localité, qui contenait 5 000 habitants avant la guerre, est située à seulement 10 kilomètres de la frontière ukrainienne. La ville, et ses proches agglomérations, a été presque complètement encerclée par les Russes, selon la tactique du « chaudron ». Seule une route, la R200, surnommée la « route de la mort » reliait la localité aux territoires encore contrôlés par l’Ukraine.
Opération pipeline
Afin de venir à bout des forces ukrainiennes qui défendaient la ville, les militaires russes ont appliqué un plan audacieux. « Pour gagner du terrain, les Russes ont réussi à trouver des tuyaux de pipelines, et ont effectué une manœuvre puissante qui a surpris l’armée ukrainienne. Cette infiltration, sans doute préparée depuis des semaines, n’a pas été décelée par les Ukrainiens », explique l’ancien colonel des Troupes de Marine. Plusieurs centaines de soldats se sont introduits dans des anciens pipelines de gaz, faisant près de 1m45 de diamètre. Sur certaines vidéos de l’action, partagées sur des canaux Telegram, l’on peut voir des hommes avancer courbés, masque à gaz sur le visage. Au terme de 16 kilomètres de progression, et malgré les bombardements des Ukrainiens, les militaires sont ressortis à l’intérieur des défenses de Soudja.
La suite après cette publicité
Repli des soldats ukrainiens
Sous le feu d’un ennemi supérieur en nombre, et mieux armé, les soldats ukrainiens ont dû se résoudre à évacuer peu à peu la ville. « Les Russes exercent une pression maximale sur nos troupes, a reconnu mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors d’une conférence de presse à Kiev. Le commandement militaire fait ce qu’il doit faire : préserver autant que possible la vie de nos soldats ». « Les soldats manœuvrent vers des positions plus favorables » a indiqué de son côté sur Facebook le commandant des forces armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky, ce mercredi soir. Ce jeudi 13 mars, les autorités russes ont revendiqué la prise complète de la ville.
« Cette défaite tactique, sur le terrain, va affecter directement le domaine de la politique, de la diplomatie. Aujourd’hui, Poutine a de moins en moins intérêt à rentrer dans une négociation, car il est en train de bousculer les Ukrainiens », souligne Peer de Jong, vice-président de l’Institut Themiis.
Visite exceptionnelle de Vladimir Poutine
Événement exceptionnel, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’est rendu pour la première fois à proximité du front, dans la région de Koursk, ce mercredi 12 mars. Sur des images diffusées par les médias russes, l’on peut voir le maître du Kremlin vêtu d’un treillis militaire, une première depuis le début de la guerre en Ukraine. Après avoir serré la main de hauts gradés russes, le chef d’État a présidé une réunion opérationnelle. Le visage déterminé, Vladimir Poutine a écouté le chef d’état-major de l’armée russe, Valeri Guerassimov. « Rien qu’au cours des cinq derniers jours, 24 localités et 259 km² du territoire de la région de Koursk ont été libérés », a assuré le militaire au président russe. « Il faut s’attendre à une augmentation des combats dans les prochains jours. Chaque camp va chercher à gagner du terrain. Mais les cartes ne sont plus du tout les mêmes depuis l’élection de Donald Trump. Les Russes sont totalement libérés, et ont les cartes en mains », prévient Peer de Jong.
Ce jeudi, une délégation américaine a atterri à Moscou, afin de discuter avec les autorités russes d’un possible cessez-le-feu. « Un arrêt des combats doit amener à une paix durable », a déclaré le président russe, lors d’une conférence de presse ce jeudi après-midi. L’hypothèse d’un cessez-le-feu n’est donc pas totalement exclue par Vladimir Poutine, qui affirme désirer une paix « durable ».
Source : Lire Plus