Lapis-lazuli, onyx, cornaline, turquoise, malachite, œil de tigre, agate… Non, il ne s’agit pas de la liste des prénoms des invités à une boum. Derrière ces drôles de patronymes se dissimulent des gemmes semi-précieuses, dites dures… Mais pourquoi un tel adjectif ? Parce qu’elles ont en commun une capacité à être débitées en fines feuilles, ou tranches, meulées, sablées et polies, tout en étant assez solides pour être percées en leur centre dans l’objectif d’y laisser passer des aiguilles.
Autant de fragments de roches millénaires à forte densité qui ont ainsi séduit les horlogers en quête de cadrans originaux. Il faut dire que l’originalité est au rendez-vous. On pense au bleu profond et constellé du lapis-lazuli, au noir intense de l’onyx, au rouge sang de la cornaline, au bleu inimitable et chaleureux de la turquoise. Ou encore aux nuances imprévisibles passant du brun au doré de l’œil du tigre aux lignes irrégulières en camaïeu de verts de la malachite ou à cet éclatant orange de l’agate. Les designers horlogers gagnent le gros lot avec les pierres dures. Ils n’ont plus besoin de passer des nuits à créer des teintes inédites ou des motifs ancrés dans la tendance du moment. Ils ont eu l’excellente idée de trouver tous ces effets de style réussis dans la nature.
L’industrie horlogère aura pris son temps pour se laisser séduire par les pierres dures
Une révélation qui remonte en horlogerie aux années 1970. La folie des années pop impliquait alors de la couleur et de l’extravagance. C’est donc à cette époque que les pierres dures ont commencé à s’emparer des cadrans. Un nouveau phénomène pour lequel Piaget s’impose comme figure de proue. La manufacture n’est en effet pas passée à côté du phénomène Swinging London. La libération des mœurs, les premiers babas cool, les prémices de l’arrivée de l’Inde dans les goûts européens déclenchent une frénésie de couleurs dans la mode et l’horlogerie. Piaget sera le premier à oser un cadran en malachite, lapis-lazuli ou turquoise. L’industrie se lancera rapidement dans son sillage.
Aujourd’hui, les pierres dures n’ont jamais été aussi tendance grâce à la frénésie du vintage que nous vivons actuellement. Et certainement aussi grâce à ce besoin que l’on a tous d’un peu de gaieté et de légèreté face à la conjoncture. Si l’on y réfléchit, l’industrie horlogère aura pris son temps pour se laisser séduire par les pierres dures. Leur utilisation remonte à des milliers d’années. Chaque civilisation, la Rome antique, les Perses, au Moyen-Orient et jusqu’en Inde, respecte leur importance et leurs bienfaits.
C’est la raison pour laquelle elles ont été utilisées, notamment dans l’ornement de palais, de tombes, d’armes et de sépultures, par les grands chefs et autres têtes couronnées qui croyaient, en effet, à leurs divers pouvoirs : les pierres rouges guérissent des maladies du sang, les pierres jaunes de celles du foie. Certaines soulagent des douleurs et du stress, favorisent la fertilité ou la confiance en soi. D’autres optimisent l’équilibre émotionnel, donnent de l’énergie et de la vitalité. Autant de qualités bienveillantes qui persistent aujourd’hui dans la pensée collective.
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Plus récemment, à Florence au XIXe siècle, les différentes techniques d’utilisation des pierres dures atteignent leur apogée grâce à l’essor impulsé par Ferdinand Ier de Médicis qui fonde l’Opificio delle pietre dure, l’officine des marqueteries de pierres dures de la famille Médicis. Dès lors, on découvre de nombreux objets de décoration et autres petits mobiliers en pierres dures. Et ce, plus seulement pour se protéger de certains maux, mais également parce que les pierres dures sont belles et désormais merveilleusement ouvragées.
Pour en revenir aux montres et à l’époque moderne, les cadrans en pierres dures s’adaptent à toutes les matières de boîtiers, à tous les styles de montres, vintage en hommage aux années 1970. Une versatilité sans limite qui permet aux pierres dures de métamorphoser une montre en bijou ou en un garde-temps original rehaussé d’un séduisant air d’antan. Au final, ces fonds ont tout pour faire d’une pierre deux coups !
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