
Des propos qui ne passent pas auprès de Mickaëlle Paty, sœur du professeur assassiné en 2020. Invité de CNews ce mercredi, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a laissé entendre que Moscou portait une responsabilité dans l’assassinat de Samuel Paty et de Dominique Bernard, tués par des djihadistes originaires du Caucase, détenteurs de la nationalité russe et installés en France en tant que réfugiés. « Ceux qui assassinent Samuel Paty, c’est qui ? Ce sont des citoyens russes, tchétchènes », a-t-il lancé, en réponse à Marine Le Pen, pour qui la menace est avant tout le « terrorisme et le fondamentalisme islamiste ».
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Selon Gérald Darmanin, « la menace russe et la menace terroriste » sont ainsi « parfois la même chose ». Une position également défendue par la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, à l’issue du Conseil des ministres hier : « Samuel Paty a été assassiné par un Tchétchène russe. Donc, y compris sur le terrorisme, le rôle de la Russie est engagé », a-t-elle déclaré. De quoi faire bondir Mickaëlle Paty, qui s’est confiée au Figaro.
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« Je suis stupéfaite d’entendre de la bouche de la porte-parole du gouvernement que le rôle de la Russie est engagé dans l’attentat contre mon frère Samuel Paty, alors que rien, durant toute l’enquête, n’a permis de faire le moindre lien entre le terroriste Anzorov, réfugié en France, et la Russie », a-t-elle rappelé.
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« L’attentat contre mon frère ne peut servir les intérêts de la politique étrangère ou politicienne du gouvernement », a fustigé Mickaëlle Paty, qui s’est aussi exprimée sur l’attentat d’Arras : « S’il est à déplorer que les États ne reprennent pas leurs ressortissants, c’est l’État français qui a refusé, sous la pression de militants de gauche, d’expulser la famille du terroriste qui a tué (le professeur, NDLR) Dominique Bernard ».
« Rien, durant toute l’enquête, n’a permis de faire le moindre lien entre le terroriste Anzorov, réfugié en France, et la Russie »
Pour rappel, la famille de Mohammed Mogouchkov, l’assassin de Dominique Bernard en octobre 2023, aurait dû être expulsée du territoire français en février 2014. Les parents et leurs enfants avaient été conduits à l’aéroport, où un vol était prévu pour les renvoyer à Moscou. Des associations s’étaient opposées à cette expulsion, qui n’avait finalement pas eu lieu. Depuis, seul le père de l’auteur de l’attentat a été renvoyé en Russie en 2018, mais il serait revenu en France l’année suivante, selon la sous-direction antiterroriste, indique le Figaro. Quant à Mohammed Mogouchkov, bien qu’il ait été débouté de sa demande d’asile, il bénéficiait d’un régime de protection. Arrivé en France avant l’âge de 13 ans, il ne pouvait être expulsé en vertu du droit français.
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