
En 2020, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin prenait la décision de dissoudre le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Réputé proche des Frères musulmans, ce collectif a su renaître rapidement de ses cendres à la fin de l’année. Cinq ans plus tard, ce 12 mars 2025, son héritier, le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) basé en Belgique, s’est en effet rendu à l’Assemblée nationale. À l’initiative du député insoumis triplement fiché S Raphaël Arnault, ses membres figurent sur la liste des invités à une table ronde dont l’objectif est de « comprendre l’islamophobie pour mieux la combattre ».
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Malgré l’envoi d’une lettre de députés demandant à Yaël Braun-Pivet l’annulation cette table ronde, cette dernière a annoncé dans un communiqué qu’ « en l’état des informations disponibles, cette réunion peut se tenir ». Certains parlementaires de l’alliance UDR/RN n’ont toutefois pas voulu en rester là. Aux alentours de 15h, un conciliabule s’est improvisé à proximité de la salle des quatre colonnes entre Hanane Mansouri (UDR), Charles Alloncle (UDR), Bernard Chaix (UDR), Bartolomé Lenoir (UDR), Julien Odoul (RN) et Nicolas Meizonnet (RN). « La salle était gardée secrète jusqu’alors, explique Hanane Mansouri. Un dispositif exceptionnel de sécurité a été mis en place. Il faut passer par Raphaël Arnault pour avoir accès à la table ronde ». Munis d’un extrait du Journal officiel mentionnant la dissolution du CCIF qu’ils souhaitent « montrer à Raphaël Arnault », les députés UDR sont déterminés à assister à la table ronde. « On veut voir qui participe, relate Charles Alloncle. On estime avoir un droit de regard sur ce qui peut se dire au sein de l’Assemblée nationale ».
Malgré les craintes anticipées par Julien Odoul de violence verbale de la part de Raphaël Arnault, Hanane Mansouri, Charles Alloncle et Bartolomé Lenoir se dirigent vers la salle à 15h30 au début de la table ronde. Il aura fallu quelques minutes à peine pour que les inquiétudes du député de l’Yonne deviennent réalité. « Allez les fascistes, allez les racistes, merci au revoir. Disparaissez ! » lance Raphaël Arnault à plusieurs reprises à Hanane Mansouri et à Charles Alloncle, en leur imposant d’un geste de la main de quitter la salle immédiatement. « Pourquoi tu fais le malin toi ? » fulmine-t-il en tutoyant Charles Alloncle. À la fin de l’échange – qui a été filmé -, l’Insoumis indique aux députés qu’ils ne sont pas inscrits. Un argument qu’Hanane Mansouri balaye d’un revers de main : « La communication a été faite par l’Assemblée nationale, n’importe quel parlementaire a le droit de s’y rendre ».
Les députés UDR ne sont pas les seuls à désavouer la décision de la présidente de l’Assemblée
Au côté de Julien Odoul qui tient une pancarte où l’on peut lire les mots « La France islamiste », les principaux protagonistes de la scène répondent aux questions des journalistes. Le député Eddy Casterman, membre du mouvement Identité-Libertés de Marion Maréchal, est également venu en soutien de ses alliés. Hanane Mansouri dénonce une mise à la porte « scandaleuse » et estime que « notre Assemblée mérite mieux que de recevoir des associations islamistes en son sein ». De son côté, Charles Alloncle déplore la « complicité du bureau de l’Assemblée nationale et de Yaël Braun-Pivet » sur « ce genre de pratiques qui sont une vraie menace sur notre unité de la salle ».
Les députés UDR ne sont pas les seuls à désapprouver la décision de la présidente de la chambre basse du Parlement. Le matin même, les ministres de l’Intérieur et de la Justice dénonçaient la tenue de cette table ronde. « L’accueil par des députés insoumis du CCIE, faux nez européen du CCIF dissout par Gérald Darmanin, est une provocation », a cinglé Bruno Retailleau sur X. Le garde des Sceaux, de son côté, a expliqué sur CNews et Europe 1 que « nous aurions dû empêcher ces personnes de l’organiser », tout en précisant qu’il ne s’occupe pas de « la police de l’Assemblée ».
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Dans un post sur X, Raphaël Arnault a relaté sa version des faits : « Des députés de l’UDR/Rassemblement National sont venus menacer les intervenants et ont tenté de rentrer en force à notre table ronde » en appelant « l’extrême droite violente » à être « éjectée ». La benjamine de l’Assemblée Hanane Mansouri n’a pas tardé à rétorquer sous ce post : « Face à vos mensonges, je rétablis la vérité », en publiant la vidéo de leurs échanges. Empêcher la venue du CCIF a échoué. Faire disparaître les tensions à l’Assemblée s’annonce encore plus compliqué.
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