Si le PSG était un pays, le 11 mars serait sa fête nationale. Il y a dix ans, il avait éliminé Chelsea. Il y a cinq ans, c’était Dortmund. Ce mardi soir, c’était encore plus fort, à Liverpool, sur le terrain de ce qu’on présentait comme la meilleure équipe du continent cette saison, et que les Parisiens auront dominé 80 % du temps sur les deux matchs. « Cela montre la valeur de l’équipe, on a fait un grand match, on a mérité, y’a pas photo, jubilait Marquinhos au micro de Canal+. Tout le monde est en train de faire du super boulot. On a une équipe très jeune mais on n’a pas de limite, on va continuer, on va récupérer. Ce n’était qu’un huitième de finale. »
Avec un héros, Gianluigi Donnarumma, qui avait tant été critiqué après son ballon raté au bout du match aller. Et un maître à jouer, Luis Enrique, entraîneur qui fait progresser tous ses joueurs et lui fait miroiter des lendemains qui chantent. « Je suis très content, c’est une vraie équipe », lâchera en français l’entraîneur espagnol… en français, pour la première fois depuis son arrivée en 2023. Un symbole. « Aujourd’hui, c’était un match très difficile. Avec la mentalité, et un grand gardien, on a gagné. C’est une belle fête. Éliminer Liverpool, qui avait terminé la phase de groupe à la première place, c’est très beau. C’est un match pour tous nos supporters. »
On avait déjà quitté le Parc des Princes mercredi dernier en se disant que le PSG était intrinsèquement meilleur que Liverpool malgré la défaite (0-1). La première mi-temps à Anfield n’aura rien fait pour modifier notre constat. Certes les Reds auront eu davantage la balle que les Parisiens (53 %), ce qui arrive très rarement. Mais pour le reste, la maîtrise technique, l’intensité physique, la vitesse d’exécution, et même les occasions, tout cela fut bleu et un brin démoralisant pour les leaders de Premier League. « On a montré un autre visage que la semaine passée, mais bravo à Paris », reconnaissait, beau joueur, Virgil van Dijk.
Dembélé, encore et toujours
Aucune surprise donc, après une entame délicate mais sereine, de voir Nuno Mendes effacer sept adversaires sur une seule relance, longue, parfaite, pour un Ousmane Dembélé totalement isolé au milieu. Le champion du monde 2018 lance Barcola sur sa droite, course, débordement, centre : au point de pénalty, Konaté, qui défend face à son but, gêne la sortie d’Allison, le ballon file vers le but et Dembélé qui a suivi n’a plus qu’à le pousser au fond pour le but de l’égalisation sur les deux matchs et de l’espoir (0-1, 12e). Vingt-neuvième but de la saison pour Dembélé, dont les amis devront se cotiser pour lui offrir la montre de luxe, cadeau pour 30 buts inscrits cette saison qui arrivera très vite.
La seule véritable occasion des joueurs d’Arne Slot sera à mettre à l’actif du défenseur français, sans doute vexé. Mais son tir vicieux à rebond trouvera sur sa trajectoire un Donnarumma impeccable tout au long d’une première mi-temps sans grand danger malgré la pression. Ce n’est pas que Liverpool ait raté son entame face à un public de la Mersey pas si assourdissant (on a même entendu des « Paris est magique » à plusieurs reprises, shocking !), non, c’est tout simplement que le PSG est au-dessus. Un symbole ? Mo Salah, une nouvelle fois brouillon, dominé par Mendes et bizarrement bien peu concerné dans l’ensemble. Reste à juguler les velléités sur coups de pied arrêtés avec un Van Dijk toujours dangereux, à être un chouia plus réaliste à l’image de Dembélé, et il n’y a aucune raison que Paris ne fête pas sa qualification pour les quarts de finale au bout de la nuit.
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Liverpool trouve le poteau
Si qualification il y a, ce sera sans Marquinhos à l’aller, le capitaine du PSG récoltant un avertissement sur… la première faute parisienne du match ! (47e). Mais il faut marquer ce fameux deuxième but car pour l’instant, et malgré tout, les deux équipes sont mathématiquement à égalité. Comme en première mi-temps, les Reds investissent le camp parisien, tentent de combiner, de mettre à mal l’adversaire mais tout cela se termine généralement par une frappe forcée et non cadrée, comme Robertson (54e). Szoboszlai cadre, lui, mais Mendes dévie en corner. Sur celui-ci, Donnarumma se détend superbement après une tête de Van Dijk qui semblait gagnante (57e). Les Anglais vont-ils enfin revenir à leur niveau automnal, quand ils étaient la meilleure équipe du continent ? Nouveau corner, et Kvaratskhelia sauve encore sur sa ligne devant Salah (61e). Le PSG fait le dos rond, accuse un peu le coup physiquement mais sait très bien qu’un seul contre pourrait être libérateur. Après tout, il a davantage cadré (4 tirs à 3) alors que la mitraille locale s’intensifie au fil des minutes.
Les incursions du PSG dans le camp anglais se font de plus en plus rares
La seule surprise, finalement, alors qu’on en termine après l’heure de jeu et que la prolongation reste à l’ordre du jour, c’est de voir les joueurs de Luis Enrique piocher un peu physiquement, eux qui surclassent habituellement leurs rivaux dans ce domaine. De fait, le rythme devient plus saccadé, les passes sont moins assurées, mais comme c’est de part et d’autre, on ne s’en fait pas plus que ça. Darwin Nunez, décisif au match aller sur l’action du but d’Elliott, remplace Jota. Les incursions du PSG dans le camp anglais se font de plus en plus rares. La tête de Quansah au premier poteau effleure l’arête des buts parisiens, et l’on se dit que ces coups de pied arrêtés défensifs sont le vrai talon d’Achille de cette équipe qui a désormais revêtu le bleu de chauffe pour tenir le score de 0-1 et aller chercher la qualification. Une deuxième, plongeante au second poteau, trouve cette fois le montant du gardien italien qui était battu (77e). Il s’applique, pourtant, « Gigio », et fait taire les critiques du match aller. Il est partout. Des arrêts, des sorties, des ballons boxés (six !). C’est lui qui maintient le navire à flot dans les eaux d’une Mersey de plus en plus hostile.
Première prolongation depuis dix ans pour le PSG
Car devant, on continue d’y croire : une contre-attaque, à l’arrache mais pleine de cœur, et « Kvara » frappe de peu au-dessus. C’était la première balle de match (87e). La première équipe qui marquera désormais ira en quart de finale. Doué tente d’y aller tout seul, il est rattrapé in extremis (90e). Temps additionnel, cinq minutes. Marquinhos est remplacé par Beraldo et Hakimi prend le brassard de capitaine (90e+2). Quelques derniers frissons, un ultime corner, encore un ballon à boxer pour Donnarumma, et l’excellent arbitre roumain Istvan Kovacs envoie tout le monde en prolongation (0-1), ce qui est déjà un petit exploit pour les Parisiens – hormis Marseille en 2007, aucun club français ne s’était imposé sur la pelouse d’Anfield après le temps réglementaire.
Première prolongation pour le PSG en dix ans, déjà face à un club anglais (Chelsea), et cela lui avait porté chance. La première occasion est parisienne, et sur corner : Beraldo, qui a remplacé Marquinhos, place son coup de tête juste à droite d’Allison (93e). De très bon augure. Dans la foulée, dos au but, Doué, autre remplaçant, exceptionnel de facilité technique, enchaîne pied droit-pied gauche en pleine surface et cela rase le poteau, encore, alors que Konaté et Van Dijk étaient mystifiés (94e). Le PSG est clairement meilleur, ou moins émoussé, durant cette première partie de prolongation. Mais toujours pas de fumée blanche à quinze minutes des tirs au but alors que Kvaratskhelia a laissé place à Kang-in Lee.
Le PSG a mieux terminé que Liverpool
Anfield chante car Anfield doute, son équipe n’arrive plus à être dangereuse malgré l’entrée de ses jokers Gakpo et Elliott, le fameux buteur du match aller. Dembélé le sait, Dembélé y est presque : il enroule, lève déjà les bras, mais Allison est encore une fois monstrueux pour aller cueillir le ballon fatal au sol (109e). Konaté n’en peut plus, sans doute des crampes, et Endo le remplace. Encore dix minutes pour éviter ce que les non-connaisseurs appellent « la loterie ». Doué n’en a pas du tout envie, il rend fou les défenseurs adverses mais sa frappe fuit le cadre (114e). Lee cadre, lui, mais c’est inoffensif pour Allison. Liverpool est au bord de craquer, le PSG est tellement proche de la qualification… Ultime corner, gâché par Vitinha. Tout se jouera aux tirs au but, une grande première dans l’histoire du club parisien en Ligue des champions !
Donnarumma envoie le PSG en quart de finale !
Hakimi gagne le toss et Paris va tirer face à ses 3 000 supporters, qui n’auront jamais cessé de chanter. Vitinha, limite, puis Ramos, clinique, marquent. Darwin Nunez rate face à Donnarumma et le PSG prend l’ascendant. Dembélé le confirme en force (3-1) et fonce sur son gardien pour le haranguer. Jones craque, lui aussi, et l’Italien exulte. Et comme un symbole, c’est Désiré Doué qui boucle l’affaire à contre-pied (4-1). Le PSG est qualifié. Ce fut long, mais tellement mérité sur les deux matchs. Sur la pelouse, les joueurs s’égaient, fous de joie. Liverpool est éliminé, place à Aston Villa ou Bruges, dans un mois. Vivement la suite, car cette équipe joueuse et courageuse est capable d’aller très loin. Si on était Marseille, qui va se déplacer dimanche au Parc des Princes en L1, on ne serait pas plus rassuré que ça…
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