
Anne Sicard n’a pas mâché ses mots. Pendant la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale ce mardi 11 mars, la députée Identité-Libertés apparentée RN a interpellé le chef de la diplomatie française au sujet du massacre des civils en Syrie. Ces derniers jours, plus de 1 200 civils – majoritairement des Alaouites – ont été tués dans un bastion de l’ex-dictateur Bachar al-Assad, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Ces massacres ont eu lieu après que des hommes armés de la minorité musulmane ont ouvert le feu sur plusieurs positions des forces de sécurité en fin de semaine dernière.
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« Ces exactions sont les premières manifestations d’une politique d’épuration ethnique et religieuse contre les communautés alaouites et chrétiennes », a lancé l’élue du Val-d’Oise au Palais-Bourbon. Avant d’ajouter à l’adresse de Jean-Noël Barrot : « C’est la preuve que les milices djihadistes d’HTC n’ont pas renversé le régime moribond de Bachar al-Assad pour bâtir une société dite inclusive et respectueuse des droits des minorités comme vous l’espériez naïvement, mais bien pour instaurer le califat et la charia en Syrie ».
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Pour la parlementaire, cette tragédie révèle « l’irresponsabilité » du ministre des Affaires étrangères, lorsque le 9 décembre dernier il « se réjouissait de la prise de pouvoir d’Ahmed al-Charaa ». Il avait alors estimé que le moment était « historique » car la Syrie « est un pays qui retrouve enfin le parfum de la liberté ». Et Anne Sicard d’ajouter : « Allez-vous demander à la Commission européenne d’annuler l’invitation du nouveau ministre syrien des Affaires étrangères prévue le 17 mars prochain ? Vous qui ne voyez aucun mal à serrer la main du fondateur de la branche syrienne d’Al-Qaïda. Quand allez-vous enfin mettre un terme au soutien de votre diplomatie au califat islamique et sanguinaire de Syrie ? ».
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« Comment ne pas se réjouir de la chute d’un dictateur et d’un tyran »
« Nous avons tous été choqués par les images insoutenables des exactions perpétrées ces derniers jours en Syrie », assure en réponse Jean-Noël Barrot. Avant de rétorquer : « Comment ne pas se réjouir de la chute d’un dictateur et d’un tyran (Bachar al-Assad, NDLR) qui a tué et assassiné 400 000 Syriens, emprisonnés dans des geôles qui s’apparentent à des camps d’extermination ».
« Quand nous sommes allés en Syrie avec ma collègue ministre des Affaires étrangères allemande (Annalena Baerbock, NDLR), nous n’y sommes pas allés pour soutenir un pouvoir ou quelques responsables que ce soit. Nous y sommes allés pour défendre les intérêts des Français et de leur sécurité, contre le terrorisme et la prolifération des armes chimiques. Et nous avons obtenu des résultats », a poursuivi le chef de la diplomatique française, citant notamment l’accord trouvé ce lundi entre le gouvernement intérimaire syrien et les Kurdes, alliés de la France. Avant de conclure : « Dès le départ, nous l’avons dit : aucun chèque en blanc. Nous jugerons sur les actes et toutes les mesures que nous avons prises l’ont été de manière proportionnée, conditionnée et réversible ».
La présidence syrienne a mandaté une commission d’enquête pour enquêter sur les violences dans l’ouest du pays. « La “Nouvelle Syrie” est déterminée à garantir la justice, à faire prévaloir l’état de droit, à protéger les droits et libertés de ses citoyens, empêcher toutes représailles extrajudiciaires et à garantir l’absence d’impunité », a assuré mardi le porte-parole de cette commission d’enquête, Yasser al-Farhane, lors d’une conférence de presse à Damas.
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