
Les Inuits constituent un peuple autochtone vivant pour l’essentiel dans les régions arctiques de l’Amérique du Nord, notamment au Canada, et du Groenland. En 2021, selon Statistique Canada, la population inuite atteignait plus de 70 500 individus dans le pays, tandis qu’au Groenland, les Inuits représentent 89 % de la population.
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En inuktut, la langue inuite, « Inuit » signifie « peuple ». Une personne inuite est appelée Inuk.
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L’origine des Inuits remonte à plusieurs millénaires avant J.C., lorsque les chasseurs de la Béringie, originaires d’Asie, en quête d’une faune maritime et terrestre abondante, traversèrent le détroit de Béring, libre de glace. Quelques milliers d’années après l’installation des premiers peuples paléoesquimaux, la culture néoesquimaude de Thulé s’impose. S’étendant de l’Alaska au Groenland, c’est elle, qui vers 1000 après J.-C., donne naissance à la culture inuite et fait de ce peuple l’ethnie la plus étendue géographiquement au monde.
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Un mode de vie traditionnel, fondé sur la chasse et le cycle des saisons
Habitué aux conditions extrêmes du climat polaire, le peuple Inuit est régi par de très forts liens familiaux, où les rôles dévolus à chacun sont très segmentés. Ainsi, tandis que les hommes s’occupent de chasser, pêcher, construire des habitations ou fabriquer des outils, les femmes, elles, cuisinent, apprêtent les peaux d’animaux pour confectionner des vêtements et s’occupent des enfants.
L’hiver, les Inuits s’alimentent essentiellement de poissons, de phoques, de morses, ou de cétacés, tandis que l’été, les populations se déplacent vers l’intérieur des terres, pour chasser le caribou, le renard, le lièvre, pêcher les poissons d’eau douce ou s’adonner à la cueillette de baies sauvages. La chasse du phoque occupe une place toute particulière au sein de la culture inuite, en raison de ses multiples usages, indispensables à la survie du peuple. Si le phoque est à la base de la nourriture inuite, sa peau est également utilisée pour se prémunir du froid, via la confection de vêtements et de tentes. En outre, les lignes de harpons ou de bateaux reposaient autrefois sur une armature en os, de phoque ou de cétacé, ou en bois. L’huile de phoque (ou de baleine), extraite de l’épaisse couche de graisse présente sous la peau de l’animal, sert également à se chauffer, cuisiner, ou s’éclairer.
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Les Inuits face aux défis de la modernité
Jusqu’au XIXe siècle, les Inuits vivaient selon ce mode de vie traditionnel. L’arrivée des Européens et le commerce des fourrures, suivis de la colonisation et de l’imposition de la culture occidentale, modifièrent radicalement leurs conditions d’existence au cours du XXe siècle.
Au début de la seconde moitié du XXe siècle, des politiques d’assimilation sont mises en place par les gouvernements canadien, américain et danois. Mais celles-ci rompent radicalement avec leur tradition millénaire. En quelques décennies les Inuits délaissent progressivement leurs kayaks, harpons et traîneaux à chiens pour des barques à moteurs, fusils et scooter des neiges. Autrefois peuple nomade, ils vivent à présent dans des villages, de façon sédentaire. Au Groenland, par exemple, les Inuits furent contraints à partir des années 1950 de quitter leurs villages pour s’installer en ville. Un exode rural imposé par le royaume du Danemark qui poursuivait un double objectif : assimiler les Inuits au reste de la population danoise et amorcer le passage d’une économie de subsistance vers une économie industrielle. Aux États-Unis, au Canada, comme au Groenland, la langue inuktitut perd également progressivement de son importance auprès des jeunes générations, la langue nationale lui étant préférée. Des changements qui ne sont pas sans conséquence puisque les Inuits sont depuis sujets à de nombreux maux sociaux tels que la dépression, l’alcoolisme, la violence ou la délinquance. Le taux de suicide est également particulièrement élevé au sein de ces populations.
La reconnaissance progressive de leurs droits
Cependant, les Inuits bénéficient désormais de droits protégés. Au Canada, les Inuits acquièrent le droit de vote en 1962 et sont reconnus, en vertu de la Loi constitutionnelle de 1982, comme l’un des trois peuples autochtones du pays (article 35). Au-delà de cette reconnaissance, le Canada leur confère également des droits existants ancestraux qui épousent les coutumes, pratiques et traditions ayant façonné la culture inuite. Ils recouvrent essentiellement des titres ancestraux (droits de propriété sur la terre), des droits d’occupation et d’exploitation de la terre et des ressources (droits de chasse et de pêche), des droits à l’autonomie gouvernementale (comme cela l’est depuis 1999 dans la région du Nuvanut) ou encore des droits culturels et sociaux. L’Inuit Nunangat, situé dans l’arctique canadien, est connue comme la patrie des Inuits au Canada. Son nom fait référence à la terre, à l’eau et à la glace des régions de l’Arctique.
Au Groenland, les Kalaallit obtiennent en 1979 un gouvernement autonome dont la capitale est Nuuk.
Les Inuits disposent également de droits reconnus et protégés par le droit international. Ainsi, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 leur reconnaît un droit à l’autodétermination, à leurs terres et à la préservation de leur culture. La convention 169 de l’OIT protège également l’existence et la spécificité des peuples autochtones et s’assure que ceux-ci bénéficient sur un pied d’égalité des mêmes droits et possibilités que les autres membres de la population nationale. Au-delà, des institutions telles que le Conseil circumpolaire inuit (CCI), créé en 1980 sous l’égide des Inuits américains, canadiens et groenlandais, travaillent pour renforcer la représentation des Inuits sur la scène internationale.
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