Il y a quelque chose de fondamental dans la dernière étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) analysant les rapports entre les pères et leurs enfants. Pas de surprise sur le premier constat : ces derniers n’ont que peu changé leurs habitudes professionnelles à l’arrivée de bébé, sinon quelques ajustements à la marge.
Plus grave, et notre consœur Madeleine Meteyer le souligne dans Le Figaro, près d’un quart des enfants de moins de 6 ans élevés dans des familles monoparentales n’ont aucun contact avec leur père. Plus tôt la rupture survient dans le couple, avant la naissance ou les 1 an du bébé, moins les liens affectifs ont le temps de se créer. Résultat, nous sommes face à des générations qui se construisent sans repères paternels. Prenons les chiffres de 2023, date de cette étude : il y a eu 639 533 naissances en France sur lesquelles 160 000 enfants élevés sans père ! C’est vertigineux.
Les mamans solos en mission impossible
Parmi les justifications à ces abandons, les hommes invoquent un rapport compliqué à leur propre père, des traumatismes, une situation précaire, un appartement trop petit pour assumer la garde, une relation conflictuelle avec la mère ou simplement une totale indifférence. Le gouvernement a mis en place des dispositifs aidant ces mamans solos, tel le prélèvement automatique de la pension alimentaire, mais la plupart rencontrent de grandes difficultés financières.
Ce qui m’intéresse, c’est l’impact sociétal de cette situation. Je suis intimement convaincue que les mères seules sont capables d’élever magnifiquement leurs enfants. Mais pour celles qui doivent cumuler plusieurs emplois pour subvenir aux besoins de la famille, en travaillant de nuit avec des heures de transport en commun à la clef, c’est une mission impossible. D’où ces garçons qui traînent le soir et sont attirés très tôt dans les griffes de la délinquance par les narcotrafiquants.
D’où ces ados qui poussent comme des herbes folles, délaissant l’école et défiant les profs, maniant le couteau plutôt que le stylo et préférant la loi de la rue à celle de la République. Des jeunes qui retrouvent au sein des gangs une structure et un cadre hiérarchique, chacun ayant une place assignée et la respectant sous peine d’une punition douloureuse et immédiate.
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Pas de solution miracle
Mettez cela en rapport avec l’insigne faiblesse de la sanction différée de nos décisions de justice pour les mineurs délinquants et vous aurez l’une des explications aux maux de notre société. J’ajoute qu’à force de discours culpabilisateurs sur la masculinité toxique de pères présentés comme violents et agressifs, de délires wokistes tournant autour de la détestation de l’homme – spécifiquement blanc – ou de différences culturelles profondes, nous avons ouvert en grand la porte de la dérobade.
Le « réarmement démographique » souhaité par le président Macron en 2024 – évident au regard des chiffres de la natalité qui s’effondrent en France – n’a malheureusement été suivi d’aucune mesure concrète. Même résultat pour son idée mort-née d’imposer un droit de visite aux pères défaillants après les émeutes de 2023. Le sursaut ne viendra que de la société. Pères, réveillez-vous, vos enfants ont besoin de vous !
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