
L’exposition « Nouvelles Reines » de Sandra Reinflet, au sein de la basilique Saint-Denis, suscite une vive controverse. Depuis septembre 2024 et jusqu’au 27 avril, elle met en scène des habitantes de Saint-Denis et d’Aubervilliers, parfois sans emploi ou sans papiers, certaines portant le voile islamique, photographiées sous des vitraux et élevées symboliquement au rang de « reines ». Le tout au cœur d’un sanctuaire qui compte plus de 70 gisants de rois et de reines de France, figures historiques indissociables de l’histoire chrétienne de la France.
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Dans un courrier adressé au Centre des monuments nationaux (CMN), en charge de l’administration et donc de la programmation culturelle de la basilique, le député RN Matthias Renault (Somme) a été le premier à alerter contre une exposition qu’il juge provocatrice et incompatible avec la vocation du lieu. Il interroge l’établissement public sur les critères de sélection des participantes et le financement du projet, dénonçant un détournement idéologique de la mémoire nationale.
Contacté par Le JDD, le CMN revendique d’être « fier de présenter cette exposition au sein de la basilique cathédrale Saint-Denis » et souligne qu’elle a été inaugurée il y a six mois sans réactions négatives… jusqu’à présent. Il tient aussi à préciser que ces portraits rendent hommage à des femmes qui, par « leur résilience, leur courage et leur détermination, ont surmonté de nombreuses épreuves et sont, dans cette démarche artistique, considérées comme les “reines” d’aujourd’hui ». Mais le CMN rappelle aussi que la programmation culturelle de la basilique est soumise à la validation du prêtre recteur du lieu, la cathédrale étant affectée au culte. Et qu’en pense celui-ci ? C’est le diocèse qui a répondu par communiqué, en déplorant la polémique et en regrettant que certaines personnes aient pu être offensées, mais en confirmant surtout l’approbation de cette exposition en raison des critères « qui ne portent atteinte ni aux valeurs de l’Évangile, ni au culte catholique ». Il se justifie à son tour en précisant que sur 31 portraits exposés, seuls deux représentent des femmes voilées. Le diocèse est donc certain que le projet ne porte aucune « revendication religieuse ou militante ».
Ceux qui s’indignent sont sommés de se taire
Pourtant, les descriptions des cartels les présentent comme des figures communautaires, évoluant dans des environnements marqués par la précarité et la délinquance, capables de « faire la bise aux dealers comme aux mères de famille ». D’ailleurs, le maire PS de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, qui s’est récemment engagé à défendre « l’ADN de solidarité et de multiculturalisme » de sa ville, s’est fendu d’un communiqué le 4 mars, condamnant « les propos tenus sur fond d’islamophobie, d’ignorance de la tradition d’ouverture de la basilique de Saint-Denis et de méconnaissance totale de la démarche artistique de la photographe ». Une fois encore, ceux qui s’indignent sont sommés de se taire sous peine d’être accusés… d’intolérance.
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