Conférences annulées, débats interdits : quand la menace remplace la liberté d’expression
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Victor-Isaac Anne
06/03/2025 à 11:27

Au pays de la conversation, le désaccord intelligent n’est plus une évidence. On ne compte plus les conférences ou réunions publiques annulées sous la pression d’associations militantes, au prétexte des « risques de troubles à l’ordre public ». L’université de Lille a récemment annulé une conférence de l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste des Frères musulmans, prévue le 5 mars. Une décision prise par la direction après une campagne de dénigrement menée par un syndicat étudiant de gauche hostile à sa venue.
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Sur les réseaux sociaux, la chercheuse au CNRS, récemment décorée de la Légion d’honneur, est présentée par ces étudiants comme « raciste » et « d’extrême droite », sans plus de précisions. Une franche hostilité qui a conduit l’établissement à prendre une telle décision.
Le doyen s’en est expliqué dans un courriel adressé aux étudiants de l’UNI, syndicat de droite à l’initiative de l’événement : « J’ai le regret de vous informer que votre demande ne peut prospérer compte tenu de l’ampleur du trouble à l’ordre public que la conférence envisagée ne manquera pas de susciter au sein du campus Moulins, eu égard au contexte extrêmement conflictuel existant entre l’invitée et les membres d’une unité établie au sein dudit campus. »
Un phénomène qui s’intensifie
Les menaces exercées par quelques étudiants ont suffi. Ils ont gagné. De très nombreuses personnalités étiquetées à droite – qu’elles le revendiquent ou non –, voire à l’extrême droite – ce qu’elles ne revendiquent jamais –, en ont fait les frais. Mais le spectre s’étend. En avril 2024, l’université de Lille a annulé une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan sur la Palestine, faute de pouvoir « garantir la sérénité des débats ».
De quoi faire sortir de ses gonds le chef de La France insoumise, fustigeant « les lâches qui ne sont pas capables de défendre la liberté ». L’outrance mise à part, Jean-Luc Mélenchon vise juste : c’est bien la question de la liberté – de s’exprimer, comme de contester – que posent ces annulations. Dommage qu’il ne s’en inquiète que lorsque la sienne est remise en cause, et qu’il n’hésite pas à participer à des campagnes similaires contre d’autres…
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Le phénomène n’est pas nouveau : Florence Bergeaud-Blackler l’avait déjà vécu. Ce qui est inédit, c’est la capacité de la société à s’y habituer. Comme si la censure était devenue une modalité acceptable de l’action militante. Mais que vaut une opinion qui ne peut souffrir la contradiction ?

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