Tout subordonner à notre seul intérêt national pour éviter d’être entraînés dans des conflits qui ne sont pas les nôtres. Comprendre l’histoire des nations et des peuples pour bâtir à partir des réalités plutôt que des chimères. Mettre en cohérence nos politiques étrangères, militaire et financière pour garantir la crédibilité de la parole de la France. Ces trois principes de politique étrangère m’ont été confiés à la fin de sa vie par Pierre Maillard, le conseiller diplomatique du général de Gaulle. À leur seule lecture, on comprend pourquoi la diplomatie française ressort fracassée des trois années de guerre en Ukraine.
Un immense gâchis, alors que notre histoire, notre siège à l’Onu, notre indépendance nucléaire et notre réseau de pays francophones nous auraient permis, dès 2022, de devenir force de médiation et de paix entre les Ukrainiens et les Russes. Notre pays, aujourd’hui marginalisé, serait à la table des négociations entre Trump et Poutine ! Emmanuel Macron a préféré la servilité envers Washington et Bruxelles, avec leur lecture partiale du conflit alimentant le fantasme d’une invasion russe de l’Europe de l’Ouest, alors que Moscou a voulu repousser l’avancée permanente de l’Otan vers l’Est à rebours de tous les engagements occidentaux.
Ce n’est pas, comme le prédisait Bruno Le Maire, l’économie russe qui est à genoux, mais bien les industries allemande et française
Jacques Chirac, en son temps, avait eu l’intelligence de proposer un statut de neutralité pour l’Ukraine rassurant Moscou, et malheureusement refusé par Washington. Cela aurait évité l’engrenage qui nous a conduits à cette tragédie. Faute aussi d’avoir mis en cohérence leurs déclarations martiales et leurs moyens militaires, croyant que l’on peut mener une guerre par procuration comme dans un jeu vidéo, les dirigeants européens ont durablement affaibli leur continent désormais pris en étau entre les États-Unis et la Chine.
Avec la destruction du gazoduc Nord Stream par les Occidentaux, l’explosion du prix du gaz et les sanctions contre-productives, ce n’est pas, comme le prédisait Bruno Le Maire, l’économie russe qui est à genoux, mais bien les industries allemande et française. La nouvelle administration américaine, qui place son intérêt national au-dessus de tout, va se réconcilier sur notre dos avec les Russes en nous laissant la bombe à retardement financière de l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne ! Comme des canards sans tête, les dirigeants européens continuent de répéter leurs éléments de langage artificiels sans comprendre qu’il y a urgence à revenir à la raison.
1 – Saisissons la chance du revirement américain et reprenons l’esprit de l’accord d’Istanbul d’avril 2022 : cesser le feu, neutralité de l’Ukraine hors de l’Otan, retrait des troupes russes d’un côté et des bases extérieures de l’autre, compromis territorial sur la Crimée et le Donbass.
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2 – Imaginons des garanties de sécurité, autant pour Kiev qui redoute une nouvelle offensive russe que pour Moscou qui ne veut pas revivre la tromperie des accords de Minsk avouée par François Hollande. Cela passe par la démilitarisation maximale de la zone et un désarmement nucléaire des missiles de moyenne portée russes et américains.
3 – Levons les sanctions économiques pour réparer la plus grave faute géopolitique du siècle qui a consisté à jeter la Russie dans les bras de la Chine. Sachons renouer des liens de confiance avec Moscou dont l’économie est complémentaire de la nôtre pour pouvoir éviter notre vassalisation définitive par les États-Unis ou la Chine. Cela prendra malheureusement du temps, tant le lien historique entre la France et la Russie a été abîmé par des amateurs qui ont confondu une politique étrangère cohérente et constante avec une vidéo TikTok !
4 – Préparons l’inéluctable retrait d’une partie des troupes américaines d’Europe en responsabilisant les pays qui n’ont, à la différence de la France et de l’Angleterre, jamais assumé le coût de leur défense. Confier les clefs de notre sécurité à la Commission de Bruxelles et étendre notre parapluie nucléaire à nos voisins, comme le suggère déjà Emmanuel Macron, relèveraient de la haute trahison. La France n’a pas à payer pour les autres, d’autant que la dissuasion nucléaire n’est crédible que pour sanctuariser son territoire national. Ce principe rappelé, nous devrons bâtir une coopération interétatique des principaux pays européens pour se substituer un jour à l’Otan. Les Américains ne peuvent retirer leur financement et leurs troupes tout en prétendant tout diriger comme aujourd’hui !
En définitive, la France, pour exister à nouveau, doit penser avant de parler !
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