Il n’est jamais là où on l’attend. Robert Pattinson aurait pu se contenter de jouer les romantiques comme dans la saga Twilight. Ce serait mal le connaître, lui qui ne cesse de bousculer son image, tournant pour David Cronenberg (Cosmopolis) et Claire Denis (High Life). Il le prouve encore dans la fable dystopique du Sud-coréen Bong Joon-ho, dans laquelle il interprète un employé d’une entreprise de conquête spatiale dont le corps se réimprime à chaque fois qu’il meurt. Un récit politique et satirique où il brille dans tous ses excès. Stéphanie Belpêche
De Bong Joon-ho, avec Robert Pattinson, Mark Ruffalo, Toni Collette. 2 h 17
Black Dog
Impossible d’énumérer tous les films qui retracent l’amitié entre l’homme et l’animal. Loin des clichés inhérents au genre, ce drame chinois se démarque par son contexte géographique, une ville rurale aux portes du désert de Gobi qui n’arrive pas à réguler la population de chiens errants. Un ex-détenu est engagé dans la patrouille destinée à endiguer le fléau mais il s’attache à l’un de ses pensionnaires. Ils s’apprivoiseront et se reconstruiront ensemble. Ce film magnifique et chargé en émotion n’a pas volé son prix. Un Certain Regard à Cannes. S.B.
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De Hu Guan, Eddie Peng, Liya Tong. 1 h 50
Série
L’intruse
Avis aux fans de La main sur le berceau (1992), voilà une série qui revisite brillamment le mythe de la nounou malveillante. On y suit l’arrivée de Tess, jeune fille au pair, dans la vie de Paula, Jérôme et leurs trois enfants. Très vite, les incidents domestiques se multiplient et un climat de tension, de plus en plus oppressant, s’installe. Derrière son visage d’ange, cette nourrice en apparence parfaite est-elle celle qu’elle prétend être ? Un thriller efficace, confiné dans un huis clos étouffant et dont le dénouement devrait surprendre… Florian Anselme
De Nathalie Abdelnour, avec Mélanie Doutey. Quatre épisodes de 50 minutes sur france.tv.
À écouter
Le Boléro de Ravel à la Philharmonie de Paris
Il y a des mélodies qui s’incrustent dans l’inconscient collectif et le Boléro de Ravel en est l’exemple parfait. Une montée en puissance hypnotique, un crescendo implacable, un rythme envoûtant : la Philharmonie de Paris célèbre ce chef-d’œuvre planétaire à l’occasion des 150 ans de la naissance du compositeur, le 7 mars 1875. Le parcours immersif plonge le visiteur dans une expérience audiovisuelle saisissante, explorant la mécanique de précision du compositeur et sa fascination pour l’Espagne. Maquettes, dessins, objets patrimoniaux et interprétations chorégraphiques révèlent la modernité de ce chef-d’œuvre universel : tout est réuni pour comprendre comment cette partition est devenue une œuvre intemporelle. Alix Avril
Ravel Boléro, Philharmonie de Paris, jusqu’au 15 juin 2025.

Expo
Olga de Amaral
Précipitez-vous à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Car ce sont les derniers jours pour visiter la somptueuse rétrospective consacrée à Olga de Amaral. La plasticienne colombienne âgée de 92 ans, qui travaille le textile inlassablement dans son atelier de Bogota, se dévoile à travers 80 œuvres et installations qui retracent sa carrière sur six décennies. Une promenade sensorielle qui montre la diversité de ses inspirations, de ses techniques, de ses couleurs, de ses expérimentations qui forcent l’admiration et provoquent une émotion inattendue. S.B.
fondationcartier.com. Jusqu’au 16 mars.
À lire
La pilote qui ne manquait pas d’air
Jacqueline Auriol, voilà un nom oublié que les éditions Les Pérégrines ont été bien inspirées de faire redécoller. Il faut dire que cette autobiographie, écrite en 1960, nous montre une femme habituée aux turbulences changées en résurrections. Mariée au fils de Vincent Auriol emprisonné par Vichy, puis décoratrice de l’Élysée après-guerre, cette pilote est entrée dans la légende en remettant les gaz après un grave accident d’avion : deuxième femme française pilote d’essai, championne de voltige, première Européenne à franchir le mur du son, son destin fut stratosphérique. Des mémoires de haute voltige ! Georges Grange
Joséphine Baker, déesse du XXe siècle
Superbement illustré, cet album propose la magistrale biographie de Joséphine Baker. Née pauvre aux États-Unis, la beauté foudroyante devient immense star grâce à la Revue Nègre. Avec sa joie de vivre irrésistible, la meneuse de revue séduit tout le monde, de Simenon à de Gaulle. Devenue française par amour pour son pays d’adoption, elle s’engage auprès des services secrets et devient une héroïne décorée de la Croix de guerre 1939-1945. Antiraciste par excellence, avec douze enfants adoptés elle construit sa « tribu arc-en-ciel ». Bien avant sa panthéonisation, elle était déjà l’une des plus grandes personnalités du XXe siècle. Joséphine Baker est réellement immortelle. Bernard Morlino
Joséphine Baker, une femme de légende, Bénédicte Vergez-Chaignon, Larousse, 256 pages, 17, 90 euros.
Courageuse Ukraine
Qu’il est douloureux de lire certaines pages de ce Journal d’une invasion ! La politique qui s’invite à table, l’escalade vers la guerre, puis le fracas des bombes sur Kyiv et enfin le courage des Ukrainiens face à l’ogre russe : aujourd’hui, les carnets du romancier Andreï Kourkov, qui s’arrêtent au 11 juillet 2022, semblent dérisoires, témoignages d’une guerre qui, dit-on, finira bientôt. Ce récit de première main garde à ce titre toute sa force : sous la forme du journal, il n’épargne ni l’inconscience de Zelensky à la veille de l’invasion, ni la violence ciblée de Poutine. G.G
Journal d’une invasion, Andreï Kourkov, Libretto, 317 pages, 11 euros
N’envoyez plus jamais vos filles en Angleterre !
Pour apprendre l’anglais, quoi de mieux qu’un séjour outre-Manche ? Emmylou s’ennuie à périr dans sa Bretagne. Elle débarque à Hidden Grove, un domaine privé de la banlieue chic de Londres. Le parc est somptueux, les demeures luxueuses, l’endroit un véritable paradis. Avec de grands murs. Et une grille bien fermée qui ne s’ouvre qu’avec une télécommande détenue par le chef de famille. Et quand elle sort inopinément du domaine, c’est le branlebas de combat. Jamais au grand jamais, elle ne doit s’aventurer dehors. La jeune Emmylou s’ennuyait dans sa Bretagne natale, elle n’a qu’une envie, c’est d’y retourner. Mais il semblerait que l’on ne quitte jamais Hidden Grove. Quand Sidonie Bonnec s’essaie au thriller, on ne décroche plus. Ça s’appelle un page turner ou bien un coup de maître. Stéphanie des Horts
La fille au pair, Sidonie Bonnec, Albin Michel, 314 pages, 21,90 euros.
Le mot rare
Ardélion : homme encombrant et qui s’agite inutilement
« Ainsi certaines gens, faisant les empressés, /S’introduisent dans les affaires :/Ils font partout les nécessaires, /Et, partout importuns, devraient être chassés. » C’est la définition parfaite et piquante à souhait de ce qu’est un ardélion : celui qui trouble la quiétude sans rien apporter. Vous ne connaissiez pas ce mot ? C’est que ces quatre petits vers, qui concluent une célèbre fable de Jean de La Fontaine, ont imposé une expression bien plus répandue et synonyme : la mouche du coche !
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