
C’est la priorité de l’Élysée qui a « lancé Bayrou à l’offensive, tout en restant planqué », commente une source haut placée au Parlement. La réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon, Marseille sera examinée en procédure d’urgence pour une adoption, au plus tard, la première semaine d’avril. Soit un an pile avant les élections municipales. Et ce malgré les prévenances de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet qui refuse de couvrir ce qu’elle considère comme du « tripatouillage électoral », confie son entourage.
Publicité
La suite après cette publicité
À la tête d’une assemblée sans majorité absolue, Braun-Pivet est obsédée par le respect des règles, seule condition pour faire fonctionner l’Institution et se prémunir de tout risque de blocage. Dans cet esprit, la présidente de l’Assemblée nationale comptait soumettre, pour avis, au Conseil d’État la proposition « PLM » afin de s’assurer de sa conformité aux usages démocratiques. « Aucun des Conseils de Paris, Lyon et Marseille n’a été consulté alors que cette réforme touche au total 3,5 millions d’habitants, s’étonne-t-on à l’hôtel de Lassay. Quant à la règle qui prévoit qu’on ne change pas de mode de scrutin à moins d’un an d’une élection, les défenseurs du texte nous répondent que ce que la loi a fait, une autre loi peut le défaire… Un peu court », juge l’entourage de Yaël Braun-Pivet. Des questions litigieuses sur lesquelles le Conseil d’État ne se prononcera pas. Et pour cause, Sylvain Maillard, député et patron de la fédération Renaissance de Paris, en sa qualité de premier signataire de la proposition de loi, s’oppose à l’examen du texte par les éminents juristes.
François Bayrou compte sur le soutien du RN et sur celui de LFI qui table sur un groupe conséquent grâce à ses scores canons dans l’est et le nord de Paris
« C’est inédit depuis 2008. Jamais l’auteur principal d’une proposition de loi ne s’était opposé – même s’il en a la prérogative – à l’examen de son texte par le Conseil d’État », s’agace-t-on à la présidence de l’Assemblée nationale. Le texte, jugé prioritaire, sous la pression de Rachida Dati, bien décidée à s’affranchir des élus Républicains de Paris qu’elle désigne comme « des baronnies », est prioritaire. En commission, les élus parisiens s’apprêtent à négocier une compensation financière pour les maires d’arrondissements qui, ne siégeant plus au Conseil de Paris, perdront l’équivalent des 2/3 de leurs émoluments au titre de conseillers départementaux. Quant au vote dans l’hémicycle, François Bayrou compte sur le soutien du RN, qui grâce au nouveau mode de scrutin, est assuré de siéger au Conseil de Paris dont il est aujourd’hui absent ; et sur celui de LFI qui table sur un groupe conséquent grâce à ses scores canons dans l’est et le nord de Paris. « Une réforme de mode de scrutin adopté grâce aux extrêmes, sans le PS et les Républicains… Ça va se voir », prévient un conseiller parlementaire du socle commun. Cela ne semble gêner ni Matignon, ni l’Élysée…
Source : Lire Plus