Ce dimanche 2 mars face à Nantes, le Vélodrome sera plein, comme presque toujours depuis son arrivée à la tête de l’OM il y a pile quatre ans. Pablo Longoria prendra place en tribune présidentielle mais il ne pourra plus se balader dans les couloirs près du tunnel, entrer dans les vestiaires ou humer l’air de la pelouse, comme il aime tant à le faire, pas plus d’ailleurs que ses principaux lieutenants, Mehdi Benatia et Fabrizio Ravanelli.
Samedi dernier, après une défaite cuisante mais parfaitement logique à Auxerre (3-0), le président du club le plus passionnel de France a disjoncté sous les yeux médusés des agents de sécurité, des délégués puis des journalistes : « C’est de la vraie corruption », « championnat de merde »… le tout hurlé à plusieurs reprises au fil d’une interminable séquence qui, disons-le franchement, nous a inquiétés pour la santé d’un homme qu’on tient en estime.
L’Espagnol en voulait à l’arbitre Jérémy Stinat, coupable à ses yeux de plusieurs décisions « scandaleuses ». Le terme sera repris par l’ensemble d’une délégation olympienne chauffée à blanc par la nomination du référé après un OM-Lille où Benatia avait été sanctionné pour « comportement agressif » à son égard, à la différence du président lillois, Olivier Létang, pourtant bien plus virulent en apparence.
Les mots ont un poids, et les conséquences de ceux-ci, même si le dirigeant a rétropédalé depuis, sont potentiellement abyssales
Pour cette explosion de colère inédite, Pablo Longoria a été suspendu quinze matchs, et c’est justement parce qu’on l’avait trouvé jusque-là à la hauteur de ses obsédantes fonctions – président de l’OM, l’un des postes les plus exposés du pays, tous domaines confondus – que la sanction, actée par le club, nous est apparue plutôt clémente. Les mots ont un poids, et les conséquences de ceux-ci, même si le dirigeant a rétropédalé depuis, sont potentiellement abyssales.
Depuis des décennies à Marseille, on s’estime maltraité par les arbitres et les instances parisiennes, parfois à juste titre. La tension à ce sujet est permanente, voire malsaine, et il n’est nul besoin de l’embraser davantage, a fortiori sous les projecteurs et quand on représente une pareille institution. Quel discours tenir ensuite aux dirigeants, entraîneurs, joueurs et arbitres amateurs, qui font face chaque semaine à des violences décourageantes ? Quelle exemplarité du monde professionnel ?
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À ce propos, on a été tout aussi ravi qu’étonné de la libération de la parole chez les arbitres. La « grande muette » du foot français, à qui il est si difficile d’arracher quelques explications les soirs d’après-matchs orageux, s’est unanimement rangée derrière M. Stinat, l’un de ses collègues évoquant même une « famille ». Quand on en connaît un peu les cuisines, cela ne manque pas de sel.
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