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Lara Tchekov
01/03/2025 à 17:30

Ohad Yahalomi ne rentrera pas chez lui. Le dernier otage franco-israélien est mort en captivité. Il n’aura pas eu le temps de revoir les siens, contrairement à son compagnon d’infortune Ofer Kalderon. « Il n’y a pas de pourquoi ici », écrivait Primo Levi. L’injustice est une loi du monde et l’homme souffrant sa proie. Son corps a été remis jeudi à Israël dans la plus grande discrétion, loin des mises en scène macabres et humiliantes que le Hamas organisait systématiquement. L’État hébreu avait exigé qu’elles cessent.
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Depuis qu’il a été arraché aux siens, peu de médias et de partis politiques français ont pris la peine de parler de Ohad Yahalomi. En Israël, un hommage digne lui a été rendu. Son nom ne sera pas oublié. Pas plus que ceux de Tsachi Idan, Itzik Elgarat et Shlomo Mantzur. Les corps de ces trois otages israéliens, morts en captivité, ont été restitués aux côtés du sien. Contacté, Joshua Laurent Zarka, ambassadeur d’Israël en France, se dit attristé. « Nous nous y attendions, mais nous voulions croire à une erreur. » Un hommage lui sera-t-il rendu ? « La famille décidera. Nous soutiendrons leur volonté, quelle qu’elle soit. »
Ohad Yahalomi avait été enlevé le 7 octobre 2023 dans sa maison du kibboutz Nir Oz. Ce jour-là, ce père de famille de 50 ans montait la garde, armé d’un pistolet, devant la porte de la pièce sécurisée où s’étaient réfugiés sa femme Batsheva et leurs trois enfants. Il voulait les protéger. Lorsque les terroristes ont fait irruption, Ohad a été touché à la jambe par balle et a assisté, impuissant, à l’enlèvement de sa famille. Batsheva et leurs filles, Yaël, 10 ans, et Liel, 1 an, ont été embarquées sur un cyclomoteur, tandis que leur fils, Eitan, 12 ans, était conduit sur un autre. En route vers Gaza, les motos ont pris des directions différentes. Par un coup du sort, Batsheva, Yaël et Liel ont pu s’enfuir. Eitan a été libéré après 52 jours de captivité, le 27 novembre 2023, lors d’une trêve temporaire. Ohad, pour sa part, était encore en vie avant d’être exécuté par le Hamas. « Ça révèle la barbarie de cette organisation et la bêtise des partisans qui la soutiennent », estime Joshua Zarka.
Après des mois d’incertitude, le silence fait place à une réalité cruelle
Jusqu’à présent, la famille Yahalomi s’accrochait à l’espoir de revoir un jour Ohad vivant. Après des mois d’incertitude, le silence fait place à une réalité cruelle. Il y a quelques mois, le JDD rencontrait Effie Yahalomi, la sœur d’Ohad. Installée aux États-Unis, elle n’avait jamais pris la parole dans la presse française. Bouleversée par l’enlèvement de son frère, elle avait tout abandonné pour se consacrer entièrement à la cause des otages. « Ohad est d’une humanité rare », nous confiait-elle. « On lui a volé sa liberté. Ce sont des civils dont il s’agit, des otages, pas des prisonniers de guerre. » Le 7 octobre dernier, Effie assistait à Paris à la cérémonie organisée par le Crif en hommage aux victimes des attaques et en soutien aux otages toujours captifs. Aux côtés de sa belle-sœur Batsheva, elle continuait d’espérer des retrouvailles. L’attente s’achève, et avec elle, l’illusion d’un retour.
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