Il est aussi avare en paroles devant les journalistes que prolifique ballon en main sur un terrain. Pour preuve, sa dernière grande interview a été publiée dans la presse sportive il y a plus de deux ans, quand il évoluait à Clermont. À 28 ans, le natif de Brive-la-Gaillarde appartient à l’espèce rare des marqueurs en série. Avec son club actuel, l’Union Bordeaux-Bègles (UBB), il a réussi en janvier un sextuplé face aux Sharks, du jamais-vu depuis que la Coupe d’Europe existe ! Sous les couleurs de la France, en cinquante-quatre sélections, il a aplati trente-sept fois.
Même si comparaison n’est pas raison, les époques et les postes étant différents, Serge Blanco attendit son quatre-vingt-neuvième match international pour inscrire, à 33 ans, son trente-huitième et ultime essai. C’était au cours d’une rencontre gagnée contre les Gallois (22-9) pour préparer sa dernière compétition sous le maillot bleu, la Coupe du monde 1991. Interrogé l’année dernière sur cette performance, le génial arrière nous avait confié : « Ça fait près de trente-cinq ans que ce record existe. Tous les records sont faits pour être battus. »
Damian Penaud n’a pas pris part à l’orgie d’essais (onze) contre l’Italie il y a une semaine (victoire 73 à 24). Le sélectionneur n’avait visiblement pas apprécié ses plaquages ratés et ballons savonnettes lors de la défaite d’un point en Angleterre (26-25). Cette fois, Fabien Galthié compte sur son expérience pour défier samedi 8 mars prochain (15h15) les Irlandais dans ce qui s’apparente à une finale officieuse des Six Nations. Un succès à Dublin lors de cette avant-dernière journée du Tournoi et le XV frappé du coq serait (très) bien parti pour remporter l’épreuve.
Depuis vendredi, le fils du demi d’ouverture Alain Penaud (avec qui la ressemblance physique est frappante) a retrouvé Marcoussis pour préparer ce déplacement à haut risque. Mais c’est durant le stage précédent, avant qu’il rentre chez lui faute d’avoir été retenu pour affronter la Nazionale, qu’il a pris le temps de répondre à quelques-unes de nos questions avec le concours de la compagnie aérienne Vueling, fournisseur officiel de l’équipe de France dont il est l’ambassadeur avec un slogan qui lui va comme un gant : « Oui, les coqs volent. »
« On sait à quel point c’est dur de gagner à Dublin »
Le JDD. Quel regard portez-vous sur le record de Serge Blanco ?
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Damian Penaud. Je n’y prête pas trop attention. Beaucoup de personnes m’en parlent mais j’essaye de faire abstraction. Ce sera un bonus, forcément, mais en soi ce n’est pas la chose qui m’importe le plus. Donc, je suis assez détaché [du record]. Il viendra avec le temps. Si ça vient.
Visionnez-vous parfois vos meilleurs essais ?
Non, je ne regarde pas d’essais en particulier, juste des résumés de matchs d’il y a longtemps parce que j’aime bien les rencontres à enjeux. Je regarde par exemple beaucoup de résumés de matchs de Coupe d’Europe.
Ceux dans lesquels vous jouez ?
Non, pas forcément. Je regarde un peu de tout.
Quand vous n’êtes pas en train de vous adonner aux échecs, non ?
J’ai enlevé l’application de mon téléphone parce que j’ai fait un pari avec ma belle-mère. J’y jouais trop. Alors, pour rigoler, j’ai supprimé l’application et je devais tenir une semaine. Je vais la remettre.
C’est intéressant : les échecs sont hyperanalytiques, alors que vous êtes plutôt instinctif sur le terrain…
Les échecs me permettent de penser à autre chose, tout simplement. Ça me fait passer le temps. Mais je ne suis pas très bon (sourire).
On sait tous que l’Irlande est le plus complet et le plus fort du Tournoi
Revenons à l’équipe de France. Que lui manque-t-il pour gagner des titres ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup d’attente car on est une génération assez talentueuse. Et c’est vrai aussi que d’avoir ramené peu de titres [en réalité un seul tournoi gagné, le Grand Chelem 2022, NDLR], ça fait réfléchir les autres et cette question revient souvent. Mais, en toute franchise, je ne saurais pas l’expliquer.
Que pensez-vous de l’Irlande ?
On sait tous que c’est l’adversaire le plus complet et le plus fort du Tournoi. Ce sera forcément le match le plus compliqué, surtout là-bas. On sait à quel point c’est dur d’aller gagner à Dublin. On aura à cœur de faire un gros match. Ça va être à nous de bien nous préparer pour arriver avec des certitudes.
Votre capitaine, Antoine Dupont, a été sacré champion olympique à Paris 2024. Auriez-vous aimé vous aussi vous aligner en rugby à VII ?
J’ai déjà joué à VII et j’aurais bien aimé en refaire. Mais ça ne dépend pas que de moi. Je suis quand même sous contrat avec Bordeaux, c’est assez délicat que je ne sois pas là. Ça a été une discussion et ça ne s’est pas fait. Tant pis, c’est comme ça.
Et pour les Jeux de Los Angeles, la question pourrait-elle se reposer ?
Non. Dans trois ans, je ne mettrai plus un pied devant l’autre (sourire). Ça sera trop tard.
À part le rugby et les échecs, avez-vous d’autres passions ?
J’aime bien être tranquille tout seul, jouer à la console, à l’ordi. J’aime bien le golf aussi. C’est assez périodique. Là, il ne fait pas très beau, il fait froid, il pleut, les conditions ne sont pas idéales. Mais c’est un sport cool.
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