Mais à quoi joue Emmanuel Macron ? On pensait la France enfin résolue à mettre un coup d’arrêt aux privilèges migratoires accordés à l’Algérie, mais Emmanuel Macron, lui, a tranché… et pas dans le sens de son propre gouvernement, encore moins dans celui des Français. Depuis le Portugal, ce vendredi, il a balayé d’un revers de main l’ultimatum posé après la Comité interministériel sur l’immigration. Pas question, selon lui, de dénoncer « de manière unilatérale » les accords de 1968, ces accords qui offrent aux Algériens des passe-droits uniques en France. Un tel acte n’aurait « aucun sens », dit-il.
On se disait pourtant que François Bayrou – lui – avait enfin le courage d’arbitrer en faveur d’une politique plus ferme vis-à-vis d’Alger. Il donnait six semaines au gouvernement algérien pour renégocier « la totalité des accords ». Mais Jupiter a tranché. Jupiter préfère tempérer. Jupiter préfère reculer.
Le chef de l’Etat dénonce les « jeux politiques » et ces débats qui ajoutent de l’huile sur le feu. Il refuse de « parler par voie de presse », car « ça ne marche jamais comme ça ». Ce qui ne marche pas, surtout, c’est ce tango absurde où la France recule pendant que l’Algérie insulte, menace… et détient toujours Boualem Sansal.
Bref, Emmanuel Macron a choisi son camp. Il préfère la ligne Tebboune/Villepin à la ligne Bayrou/Retailleau. Un choix qui en dit long sur la suite.
Une faute politique majeure
Ce recul d’Emmanuel Macron est une faute politique majeure qui risque de laisser des traces. Pour plusieurs raisons. D’abord, il en va de l’Algérie de Tebboune comme de la Russie de Poutine ou de l’Amérique de Trump : face aux régimes qui ne comprennent que le rapport de force, la diplomatie du gant de velours ne sert à rien. Dans un monde en voie d’ensauvagement, où seules comptent les démonstrations de puissance, la méthode douce des démocraties européennes est un échec.
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Depuis sept ans, Emmanuel Macron a tendu la main des dizaines de fois à Alger. Pour aucun résultat. Jean-Noël Barrot, notre ministre des Affaires étrangères, lui, « mettait en garde » il y a encore quelques semaines contre un « rapport de force stérile ». Stérile ? Mais ce qui est stérile, c’est d’attendre. D’attendre que Boualem Sansal meure en prison. D’attendre qu’un autre Français soit tué par un Algérien sous OQTF, comme à Mulhouse. D’attendre que l’Algérie cesse son chantage mémoriel. Mais combien de temps encore va-t-on attendre ?
L’Algérie ne mérite qu’une chose : des sanctions. Des sanctions. DES SANCTIONS. Les 200 000 visas ? On supprime ! 84 % des Français le demandent. Les avoirs des élites algériennes en France ? On gèle. Leurs comptes bancaires ? On bloque. Leurs biens immobiliers ? On saisit. Et pendant qu’on y est… pourquoi continuer à verser plus de 100 millions d’euros par an à un régime qui nous insulte à longueur de discours ? Pourquoi ne pas revoir les droits de douane ? Quant aux passeports diplomatiques à vie offerts aux caciques d’Alger… c’est terminé. Il est temps d’inverser les rôles. Sinon, ce navire ira droit dans le mur.
Un désaveu pour François Bayrou et Bruno Retailleau
Cette prise de position d’Emmanuel Macron ressemble à un véritable désaveu pour plusieurs ministres… Imaginez le terrible désaveu pour François Bayrou. Mercredi encore, le Premier ministre montait au front. Comité interministériel sur l’immigration. Ultimatum à l’Algérie. Menace sur les accords de 1968. Un délai de six semaines avant des “mesures fortes”, disait-il. Rien de révolutionnaire, mais au moins, une posture d’autorité.
Sauf qu’Emmanuel Macron, là-haut, celui qui détient seul la clé – puisque c’est son domaine réservé – a sifflé la fin de la récréation. Pas question de toucher aux accords de 1968. Résultat ? Un message terrible envoyé aux Français. Et un formidable signal envoyé à Alger : il ne se passera rien. Rien du tout. Pas l’ombre d’une sanction.
Et pour Bruno Retailleau ? Même humiliation. Le ministre avait gagné son arbitrage face à Jean-Noël Barrot. Il avait obtenu le soutien de Bayrou. Mais après la sortie du PR, a-t-il encore les mains libres? Jordan Bardella s’est empressé de dénoncer le « désaveu » du chef de l’État envers son propre ministre de l’Intérieur. Et d’en tirer une conclusion : si Bruno Retailleau est « condamné à l’impuissance », il doit partir. Partir ? C’est une option qui trotte dans la tête de Bruno Retailleau depuis son arrivée à Beauvau. Et c’est là le pari fou d’Emmanuel Macron. Aussi fou, aussi incompréhensible, aussi suicidaire que sa dissolution de 2024.
Emmanuel Macron prend un risque colossal
En désavouant son ministre, Emmanuel Macron prend un risque colossal : voir le ministre le plus populaire du gouvernement claquer la porte. Et avec lui, toute la droite. Et avec elle, le gouvernement Bayrou. Mais si ce gouvernement tombe, les Français sauront parfaitement qui en portera la responsabilité. Pas Matignon. Pas Beauvau. Pas le Palais Bourbon. Mais bien l’Élysée. Et alors, les appels à la démission ne viseront plus Bruno Retailleau, mais bien Emmanuel Macron lui-même. Il serait donc peut-être temps que notre président de la République cesse de jouer avec un chalumeau à côté d’une flaque d’essence.
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