Il est des moments où le silence devient une faute morale, une abdication devant l’histoire. Le 27 février, sur Sud Radio, Rima Hassan, eurodéputée de La France Insoumise, a osé affirmer que « le Hamas a une action légitime du point de vue du droit international ». Face à un Jean-Jacques Bourdin pugnace, elle a refusé de considérer que la famille Bibas, enlevée par le Hamas le 7 octobre, était victime du mouvement terroriste.
Ces propos sont d’une gravité inouïe. Ils traduisent une complaisance coupable, presque un soutien, envers un groupe qui, le 7 octobre 2023, a perpétré l’un des massacres les plus atroces du XXIe siècle, assassinant plus de 1 200 civils israéliens, femmes, enfants, vieillards. En justifiant la terreur, en recourant à une dialectique juridique absurde, Rima Hassan jette une ombre infâme sur la classe politique française, et en premier lieu sur la gauche. Par ses propos, elle alimente aussi les discours les plus anti-occidentaux aux quatre-coins du monde, faisant courir à nos pays des risques sécuritaires et sociaux majeurs.
La réaction à cette interview ne s’est pas fait attendre du côté du gouvernement et de la droite. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a saisi la justice, estimant que ces déclarations pouvaient relever de l’apologie du terrorisme. Une initiative salutaire et rapide. De la même manière, nombre de parlementaires, ministres et élus du bloc central ont fait part de leur totale indignation devant les mots de Rima Hassan.
Mais qu’en est-il à gauche ? Un silence assourdissant. Certes, quelques voix courageuses se sont levées – Carole Delga, Jérôme Guedj, Michaël Delafosse – mais elles se comptent sur les doigts d’une main et se sont toujours les mêmes. La direction du Parti socialiste, Olivier Faure en tête, demeure aux abonnés absents. Les écologistes, les communistes, eux aussi, se mûrent dans une inertie coupable. Ce silence vaudrait-il comme un acquiescement implicite ou comme une simple marque de lâcheté ? A ce stade c’est difficile à dire.
Toujours est-il que ce silence est indigne. Imaginons un instant qu’un responsable d’extrême droite ait tenu des propos aussi effroyables. L’ensemble de la classe politique exigerait immédiatement de la droite républicaine un « cordon sanitaire », une rupture totale. Mais quand l’ignominie vient de l’extrême gauche, tout le monde baisse les yeux. Pourquoi cette incohérence ? Parce que la gauche a peur. Peur de se voir traitée « d’islamophobe ». Peur de se faire excommunier par La France Insoumise et sa base radicale si puissante dans les mouvements sociaux. Peur de faire face à ses propres contradictions.
La suite après cette publicité
Il fut un temps où la gauche était la bannière de l’humanisme
Cette peur est une faiblesse mortelle. L’inversion accusatoire, cette stratégie typique de l’extrême gauche qui consiste à dénoncer les autres comme fascistes tout en sombrant soi-même dans l’abjection fasciste, révèle une gauche en pleine faillite intellectuelle et morale. Si elle veut retrouver une once de crédibilité aux yeux des Français – et enfin gagner une élection –, elle doit rompre avec La France Insoumise.
Il fut un temps où la gauche était la bannière de l’humanisme et de la défense des opprimés. C’était la gauche de Jaurès, celle qui s’est dressée lors de l’affaire Dreyfus, celle qui a dénoncé tous les obscurantismes, celle qui a fait de la laïcité un combat fondamental. Mais aujourd’hui, cette gauche-là s’est perdue. Elle pactise avec l’islamisme, tolère des discours inacceptables, abaisse la République au nom d’une vision dévoyée de la lutte des classes, ou les nouveaux damnés de la Terre seraient les minorités.
L’histoire nous enseigne qu’il n’y a pas de grandeur sans courage. Lorsqu’à la fin du XIXe siècle, Zola publia son « J’accuse » dans l’Aurore, il savait qu’il risquait tout, notamment contre son propre camp, lui aussi en prise avec l’antisémitisme (c’est une vielle histoire à gauche). Mais il a fait face, au nom de la vérité et de la justice. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une gauche qui retrouve cette force, qui réaffirme ses principes, qui rompe avec les fossoyeurs de la France.
Face aux déclarations de Rima Hassan, il ne suffit pas de s’indigner à la marge. Il faut agir. Il faut que la gauche républicaine coupe les ponts avec La France Insoumise, qu’elle refuse toute alliance avec ceux qui relativisent le terrorisme, qui banalisent la barbarie, qui ferment les yeux sur l’antisémitisme. Il faut qu’elle se souvienne de son rôle historique : défendre la liberté, l’égalité, la fraternité, sans compromission.
Si elle ne le fait pas, si elle persiste dans l’aveuglement, elle connaîtra le déshonneur et la défaite. L’histoire est souvent cruelle avec les faibles et les traîtres à leurs propres idéaux. Il est encore temps de réagir.
Source : Lire Plus