
Derrière son appellation évocatrice, le « real estate porn » traduit une tendance devenue virale : la consommation frénétique d’annonces immobilières, souvent sans réelle intention d’achat. Sur Instagram, TikTok ou encore les plateformes dédiées comme SeLoger et Zillow, les internautes passent des heures à scruter des lofts new-yorkais hors de prix, des châteaux de la Loire rénovés avec goût ou encore des studios parisiens ingénieusement aménagés. Il ne s’agit plus simplement de chercher un bien : le plaisir réside dans la contemplation, l’évasion et la comparaison.
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L’essor du « real estate porn » repose sur plusieurs mécanismes psychologiques. Tout d’abord, l’immobilier fait rêver : ces annonces sont des fenêtres ouvertes sur des modes de vie fantasmés. Dans une société où le logement est à la fois un marqueur social et un objectif personnel, se projeter dans des intérieurs idéaux répond à une quête d’aspiration et de statut.
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Les algorithmes amplifient cette obsession. Plus on consulte ces annonces, plus elles nous sont proposées, créant un cercle vicieux où chaque nouvelle découverte nourrit notre curiosité et notre besoin d’évasion. L’effet est similaire à celui des réseaux sociaux : une dopamine facile à obtenir, un contenu sans fin et une satisfaction immédiate.
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L’influence de la télé-réalité et des réseaux sociaux
Le succès de certaines émissions télévisées a largement contribué à l’essor de cette tendance. Des formats comme Selling Sunset sur Netflix ou Chasseurs d’appart’ en France mettent en scène des biens spectaculaires et des négociations dignes de films hollywoodiens. Ces émissions transforment l’immobilier en divertissement, renforçant ainsi notre fascination pour les intérieurs léchés et les vues panoramiques.
Par ailleurs, les influenceurs et architectes d’intérieur jouent un rôle clé dans cette addiction. Sur TikTok et Instagram, les house tours (visites de maisons) et les before/after de rénovations cumulent des millions de vues. L’esthétique léchée des vidéos, souvent accompagnée de musiques entraînantes, contribue à rendre ces contenus hypnotiques.
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Si le real estate porn peut sembler anodin, il peut aussi engendrer des effets négatifs
Si le real estate porn peut sembler anodin, il peut aussi engendrer des effets négatifs. La comparaison incessante avec des biens inaccessibles peut générer frustration et insatisfaction quant à son propre logement. Certains utilisateurs développent même un syndrome de l’acheteur fantôme : ils regardent des annonces compulsivement sans jamais passer à l’acte, nourrissant une insatisfaction latente.
Cette obsession pousse aussi à une idéalisation irréaliste du marché immobilier. À force de voir des biens impeccables et rénovés avec goût, on oublie que la majorité des logements nécessitent des compromis. Certains primo-accédants nourrissent ainsi des attentes trop élevées, compliquant leur passage à l’achat.
Quand le fantasme devient concret
Pourtant, cette frénésie n’a pas que des désavantages. Pour certains, elle est un moteur d’inspiration pour réaménager leur intérieur, mieux investir ou même concrétiser un projet immobilier. De nombreux professionnels surfent sur cette vague en proposant des guides, des formations et des conseils pour transformer ce loisir en véritable opportunité.
Alors, le real estate porn est-il une addiction problématique ou un simple moyen de rêver ? Comme pour tout contenu numérique, tout est question de modération. Regarder des annonces peut être un plaisir innocent tant que cela ne se transforme pas en obsession paralysante. Mais une chose est sûre : tant que le rêve immobilier existera, cette fascination restera bien ancrée dans nos écrans.
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