C’est l’autre visage de Sylvie Gustave-dit-Duflo. La présidente du conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité (OFB) est aussi la troisième vice-présidente du conseil régional de Guadeloupe et est à la tête de la commission environnement, eau et cadre de vie. À ce titre, c’est elle qui représente la région au Syndicat de valorisation des déchets (Syvade).
Ce dernier vient de trancher un vieux serpent de mer qui empoisonne la vie politique locale depuis plus d’une décennie : d’ici 2028, la Guadeloupe cessera d’enfouir ses déchets, ce qui est présenté par les défenseurs de l’environnement comme une aberration écologique et sanitaire. À la place, une usine de traitement et de valorisation des déchets doit voir le jour. À l’automne dernier, le Syvade a retenu l’offre de la Caribéenne de recyclage. Celle de son principal concurrent, Energipole, a été jugée irrégulière et quasiment deux fois plus chère (450 millions d’euros, contre 250).
Depuis le vote, en novembre dernier, Sylvie Gustave-dit-Duflo multiplie les approches auprès des élus pour leur demander de revenir sur leur choix. Elle pousse, seule contre tous, le projet d’Energipole, pourtant très au-delà de l’offre attributaire. Car selon elle, le projet qu’a validé le Syvade ne serait pas éligible à certains fonds publics, ce qui remettrait en cause le montage financier et, in fine, la viabilité du projet.
Plusieurs proches du dossier tirent la sonnette d’alarme. « En clair, elle nous dit que si ce n’est pas Energipole qui remporte le marché, elle pourrait sucrer les fonds de la région, et même ceux de l’Europe, puisque c’est la région qui les gère, décrypte une source interne au syndicat. Or les expertises de l’État ont démontré que le projet est bien éligible. »
Alors pourquoi Sylvie Gustave-dit-Duflo s’acharne-t-elle à défendre un contre-projet bien plus coûteux ? Rien d’étayé à ce stade, mais le venin du soupçon se répand. « Il se raconte que ses prises de position en faveur du contre-projet ne sont pas tout à fait neutres », avance un élu de l’île qui souhaite conserver l’anonymat.
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En Guadeloupe, la rumeur enfle autour d’accusations lancées à la volée de services rendus qui remonteraient au début de la décennie entre l’élue locale – devenue une personnalité nationale de l’environnement – et des entreprises d’énergie renouvelable d’envergure internationale. De surcroît, Sylvie Gustave-dit-Duflo se retrouve affaiblie en métropole, après les critiques du Premier ministre envers les agents de l’OFB accusés d’humilier les agriculteurs.
Dans ce contexte de vives tensions, une fausse facture au nom du prestigieux restaurant La Tour d’Argent a circulé sur les réseaux sociaux. Elle est adressée à la présidente du conseil d’administration de l’OFB et mentionne quatre repas, en date du 21 novembre 2024, pour un prix de 4 028 euros. Un faux confirmé par la principale intéressée et le restaurant, mais qui montre que « quelqu’un lui en veut », avance un connaisseur du dossier. Sollicitée par le JDD, Sylvie Gustave-dit-Duflo n’a pas répondu à nos questions.
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