Jusqu’à présent, les forces de l’ordre ne verbalisent quasiment pas les contrevenants. Mais passée cette période de « sensibilisation », les propriétaires de véhicules diesel immatriculés avant 2011 et essence avant 2006 seront verbalisés s’ils entrent dans une ZFE, ces zones à faibles émissions qui s’appliquent désormais dans plus d’une quarantaine d’agglomérations.
Lancées par la Commission européenne, les ZFE, votées en France dans le cadre de la loi Climat et résilience (22 août 2021), visent à réduire la pollution atmosphérique dans les villes. En conséquence, chaque véhicule doit apposer sur son pare-brise une vignette Crit’Air dotée d’un numéro. Avec 1 et 2, tout va bien, il est possible de rouler partout. Mais depuis le 1er janvier, celles qui écopent d’un numéro 3 sont bannies de la plupart des quartiers urbains d’agglomérations comme Nice, Toulouse, Rouen, Le Havre, Annecy ou Paris.
« On voudrait mettre le feu au pays qu’on ne s’y prendrait pas autrement », tonne auprès du JDD Alexandra Legendre, porte-parole de la Ligue de défense des conducteurs. Sa pétition recueille déjà près de 300 000 signatures. « La mesure, continue-t-elle, est très injuste, elle fait naître un nouveau délit de pauvreté », puisque seuls les véhicules les plus âgés sont concernés. En effet, la solution pour être accepté est de changer de véhicule. « Or une étude réalisée par l’institut CSA et l’association Éco Entretien nous apprend que 36 % des Français n’ont pas le début d’un euro pour en acheter un plus récent », poursuit-elle. D’autant que les aides publiques prévues pour accompagner les moins riches dans leur changement de voiture sont passées, en décembre dernier, de 7 000 à 4 000 euros.
L’association 40 millions d’automobilistes évoque une « véritable bombe sociale à retardement ». Elle interroge : combien de micro-entrepreneurs, artisans, travailleurs pauvres qui ne pourront plus accéder aux centres-villes dans le cadre de leurs activités, à moins de subir une amende de 68 à 135 euros ? D’après les calculs des différentes associations de défense des conducteurs, « un demi-million de salariés risquent de perdre leur emploi ».
« C’est révoltant », s’insurge Yvette. Elle a justement aidé son petit-fils à acheter une voiture d’occasion, à 2 000 euros, pour lui permettre de décrocher un emploi. Problème : l’entreprise qui vient de le recruter est installée dans l’une de ces zones. « Il n’a donc pas le droit de s’y rendre avec son véhicule », regrette Yvette.
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Aucun panneau n’a été installé pour indiquer les ZFE
Totalement ubuesque, cette situation fait réagir l’écrivain Alexandre Jardin pour qui les « gueux sont désormais tenus de rester en dehors des villes ». Avec le soutien du chanteur Daniel Guichard, il vient de lancer un mouvement populaire pacifiste de rassemblement devant les mairies. « Tous les samedis, chacun peut y participer, quelques minutes, une heure, sans banderole ni slogan », pour marquer son refus des ZFE « fondées sur la ségrégation sociale ».
À un an des élections municipales, les élus jouent la prudence dans la mise en œuvre. À Montpellier, il a été indiqué qu’il n’y aurait pas de verbalisation jusqu’à la « fin du mandat actuel ». Aucun panneau n’a été installé pour indiquer les ZFE. À Lyon, la collectivité ne fera pas « d’excès de zèle ». Pour le Grand Paris, aucune verbalisation n’existe aujourd’hui, et de multiples dérogations devraient être accordées pour faciliter la circulation des véhicules Crit’Air 3. C’est en 2026 que des radars automatiques devraient être installés. À moins que l’État ne fasse machine arrière, comme pour les portiques autoroutiers dédiés à l’écotaxe ou plus récemment les 80 km/h.
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