
Dès l’ouverture des portes, les visiteurs s’agglutinent autour d’Oupette, limousine de 6 ans égérie de ce 61e Salon de l’agriculture. La star au plus de 1 000 kilos devra renoncer à toute tranquillité cette semaine. Juste après son arrivée, le passage est donc obligé pour Éric Ciotti, présent au SIA 2025 ce lundi 24 février. Sourire et quelques caresses sous le flash des photographes et l’œil attentif de Françoise Gatel, ministre déléguée en charge de la Ruralité.
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Le marathon concocté par son équipe peut ensuite commencer pour le président de l’Union des droites pour la République (UDR). Une bonne dizaine de stands au programme. Avec à chaque fois, un même mot d’ordre : suppression de l’OFB. L’Office français de la biodiversité est sous le feu des critiques d’une partie des agriculteurs. Né d’une fusion controversée entre l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) en 2020, le gendarme de l’environnement est jugé hors-sol, trop répressif et prisonnier de son administration tentaculaire.
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Chaque membre de la délégation d’Éric Ciotti porte ainsi un pin’s vert : « Supprimons l’OFB. Nourrir les Français n’est pas un crime ». Le député des Alpes-Maritimes l’assure : « Cette agence n’est là que pour poser des contraintes aux agriculteurs et se trouve dans les mains des écologistes ». Par conséquent, à l’Assemblée nationale, son groupe présentera une proposition de loi pour la supprimer lors de sa niche parlementaire du mois de juin.
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« On aime notre métier, mais il nous faut de la reconnaissance »
« L’OFB. C’est quoi ? », questionne de son côté David, éleveur de bovins en Creuse, face à l’ancien patron des LR. « Ah oui, bien sûr », se remémore-t-il. « J’ai même pas envie d’en parler. Les premiers défenseurs de l’écologie sont les paysans », martèle l’agriculteur. Attentif, Éric Ciotti écoute ensuite l’exploitant dénoncé les problèmes auxquels il fait face et pesté contre la centralisation française : « On a l’impression que tout part dans les grandes villes. C’est pas motivant pour des gens comme nous. On aime notre métier, mais il nous faut de la reconnaissance ».
« On a clairement à faire à deux France. C’est métropolia et périphéria », abonde Eric Ciotti, reprenant le titre du dernier livre de Christophe Guilluy. « Cette France rurale n’est ni écoutée ni entendue par ceux qui nous dirigent. Il y a même du mépris », ajoute-t-il. « Nous, on est justement là pour les défendre. Ce sont les paysans qui nourrissent les Français et protègent notre environnement, en plus d’être une source de richesse économique et commerciale », embraye Maxime Michelet, député UDR de la Marne.
Déjeuner avec Jordan Bardella
D’un stand à l’autre, Éric Ciotti avance d’un pas pressé. Derrière lui, ses troupes suivent. « Il est bien reçu le chef », se réjouit un de ses proches. « J’ai encore ma carte LR… pour l’instant », lui lance un jeune homme croisé dans les allées. « Prenez votre carte UDR. Les Républicains sont alliés avec La France Insoumise », lui rétorque le patron du parti, nouveau partenaire du Rassemblement national depuis les dernières législatives.
À midi, il retrouve justement le patron du RN Jordan Bardella pour déjeuner aux côtés de plusieurs autres députés. Sortis de table, un micro-tendu les attend. L’occasion d’effleurer d’autres sujets que l’agriculture. Face aux caméras, l’eurodéputé plaide pour aller « au bras de fer avec l’Algérie », après l’attentat islamiste à Mulhouse, ce samedi 22 février, perpétré par un ressortissant Algérien sous OQTF. De son côté, Éric Ciotti commente le résultat des élections fédérales en Allemagne. Ce dimanche, les conservateurs de la CDU sont largement arrivés en tête, devant l’AFD, parti anti-immigration qui a battu son record de voix. « Il y a un désir de changement tant en France qu’outre-rhin », assure l’élu des Alpes-Maritimes.
Ciotti aux côtés des syndicats agricoles
Retour aux sujets agricoles et direction le Hall 4 pour rencontrer les syndicats. « Le projet de loi d’orientation agricole va dans la bonne direction mais c’est une petite loi », rumine Éric Ciotti devant Simon Martin, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs. Définitivement adopté au Sénat le 20 février, le texte affirme désormais le caractère « d’intérêt général majeur » de l’agriculture. Il simplifie également les démarches juridiques, facilite les installations, la construction de bâtiments d’élevage et le stockage de l’eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.
Face à lui, l’agriculteur du Morbihan acquiesce, mais « attend aussi des propositions d’Éric Ciotti sur le salaire des paysans » car « ce n’est pas tout à fait ça pour l’instant ». Au JDD, le président de l’Union des droites pour la République assure que « les agriculteurs doivent être mieux rémunérés et pouvoir vivre de leur production ». Il plaide en faveur «d’un effort sur les prix » notamment de la part « des grandes distributions ». C’était l’objet de son échange avec Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, syndicat majoritaire dans la profession.
Direction ensuite le stand des bonnets jaunes de la Coordination rurale. Sourire aux lèvres, leur patronne Véronique Le Floc’h est ravi d’accueillir « le président Ciotti ». Son syndicat vient de réaliser une percée historique aux dernières élections des chambres d’agriculture, l’emportant dans 14 départements. Cependant, elle semble moins enthousiaste que le député des Alpes-Maritimes sur le projet de loi d’orientation agricole. « L’orientation, c’est surtout l’Europe », déplore-t-elle, attablée aux côtés de plusieurs membres de la Coordination rurale. « Notamment le Green deal qui vise une “déproduction agricole”. Il faut absolument le revoir », affirme la productrice de lait bio. Elle semble avoir été entendue, la Commission européenne a récemment annoncé un changement de cap sur le sujet. L’instance compte développer une nouvelle vision autour de la « prospérité économique », la « compétitivité », la « durabilité » et les « conditions sociales ».
Dernier échange avec les membres d’Interbev (Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes) avant de mettre un terme à cette journée dans la plus grande ferme de France. Satisfait d’avoir reçu un accueil « si chaleureux » des paysans, Éric Ciotti prépare la suite. Notamment le deuxième volet de son Grand forum des libertés. Dans le premier, fin janvier, il s’attaquait à la bureaucratie, au millefeuille territorial et aux normes. Dans le prochain, fin mars, il partira à l’assaut de la fiscalité et proposera plusieurs mesures pour la baisser.
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