
« Pour pouvoir faire face à des menaces dans la durée, il faut monter en puissance. » Sébastien Lecornu souhaite voir le calendrier s’accélérer. Dans un entretien au Parisien, le ministre des Armées insiste sur la nécessité d’intensifier le réarmement français, au-delà du cadre déjà fixé par la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030. Dotée de 413 milliards d’euros, cette feuille de route prévoit une hausse annuelle du budget de la défense de trois milliards d’euros. Mais cela ne suffit pas. « Les scénarios de crise montrent que nous devons faire plus vite » martèle le locataire de l’hôtel de Brienne.
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Cette montée en puissance voulue concerne les trois armées. Ainsi, la Marine nationale pourrait voir sa flotte portée à 18 frégates de premier rang, contre 15 actuellement, afin de « tenir plusieurs espaces maritimes en même temps, de la mer Rouge à l’Indopacifique ». Pointé du doigt par de nombreux experts et jugé inadapté en interne, le format à 15 frégates de premier rang n’a pas été revu à la hausse lors de l’élaboration des Lois de programmation militaire votées en 2018 et en 2023.
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Pour l’armée de l’Air et de l’Espace, Sébastien Lecornu réclame plus d’avions de chasse pour garantir une capacité d’intervention sur plusieurs théâtres. « les scénarios de crise montrent que 20 à 30 Rafale en plus nous permettraient de tenir plus solidement sur des théâtres multiples », a-t-il poursuivi. Ces prochaines années, l’armée de Terre, elle, devra accélérer sur « les drones et la guerre électronique ».
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Si le ministre insiste autant, c’est parce que les menaces s’accumulent : « Le monde est devenu fou. » Il pointe le retour des États-puissances, l’expansionnisme russe et l’instabilité croissante, notamment en Europe de l’Est. « 10 000 soldats nord-coréens se battent à 2 000 km de Strasbourg », rappelle-t-il, soulignant l’ampleur des risques.
Mais ce réarmement a un coût. Lecornu avait initialement proposé un budget de 422 milliards pour la LPM, avant que des arbitrages interministériels ne le ramènent à 413 milliards. Désormais, il va devoir convaincre le Parlement. Si les questions de défense suscitent généralement un consensus, la majorité relative d’Emmanuel Macron complique les discussions. Il faudra faire preuve de pédagogie, car l’opposition devra être associée aux choix budgétaires. Mais pour le ministre, la priorité est claire : « Nous devons être prêts. »
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