Il n’y a plus de justice. Il n’y a plus de sécurité. Il n’y a plus de forces de l’ordre. Les criminels sont en totale liberté. Les assassins sont en totale impunité. Libres d’aller et venir, kidnapper, tuer et violer. Voilà donc qui permet des massacres de masse sans que personne n’y puisse rien. C’est ainsi que, petit à petit, des régions de la République démocratique du Congo (RDC) sont tombées dans la barbarie. Personne pour aider. Personne pour secourir. Personne pour protéger. Villages, églises et écoles chrétiennes sont particulièrement visés. La RDC est le théâtre d’une tragédie inhumaine, inacceptable, marquée par la violence et, par-dessus tout, l’indifférence. Dans une région du monde où la barbarie semble devenir la norme, qui est visé ? Les femmes, les enfants, les personnes âgées, et les chrétiens.
Pendant que le monde célébrait la Saint-Valentin, plus de soixante-dix corps décapités ont été retrouvés dans une église du territoire de Lubero, province du Nord-Kivu. Personne pour en parler. Personne pour le dénoncer. Personne pour l’empêcher. C’est le 15 février que les autorités ont fini par découvrir les corps des soixante-dix victimes, en grande partie des femmes, des enfants et des personnes âgées, qui avaient été enlevés quelques jours plus tôt. Ligotées et exécutées à l’arme blanche. « Tous les captifs ont été emmenés dans une église protestante de Kasanga où ils ont été sauvagement tués, soit à coups de marteau, soit à coups de machette… » peut-on lire sur Aleteia.org.
La haine à nos portes
Les habitants, tentant de s’organiser pour libérer les otages, ont été pris au piège par les assaillants. Ce massacre est attribué aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé lié à l’État islamique. Ce groupe, affilié à Daech, terrorise les populations. Ils ont intensifié leurs attaques depuis 2014. Oui, petit à petit. Le nombre de pays concernés par la violence envers les chrétiens a doublé en dix ans, et de nombreux chrétiens ou dirigeants d’églises tentent de tirer la sonnette d’alarme sans succès : « Nous restons dans l’ombre. Personne n’en parle. Nous nous sentons oubliés. »
La RDC nous semble loin. Mais il est important d’observer le système qui se met en place pour bien comprendre ce qui nous concerne également. Le lit de la violence de masse s’installe lorsque l’on cherche à faire disparaître les forces de l’ordre et à les rendre inopérantes. C’est lorsque la justice ne joue plus toujours son rôle pour emprisonner les criminels, c’est lorsque chacun se tait en espérant échapper au pire, sans que l’État ne puisse plus rien. L’État a délaissé son pouvoir régalien à la population. C’est elle qui encaisse les coups. C’est elle qui doit se démener. C’est elle qui doit y faire face sans aucun appui.
Lorsque les faibles sont attaqués dans une société, sans que l’État ne puisse y remédier, c’est la porte ouverte à la barbarie. Les chrétiens ont-ils tué ? En quoi sont-ils coupables ? Qu’ont-ils fait de mal ? Pourquoi sont-ils la cible ? Pourquoi personne ne les protège ? Arrêtons de fermer les yeux sur les violences que subissent les chrétiens. Chaque semaine, des églises sont saccagées en France. Ces bâtiments, témoins de notre patrimoine, de notre foi, de notre Histoire, sont mis à sac sans que personne ne lève le petit doigt. Pire, on invisibilise ces actes. Chut. Ne rien dire.
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Une impunité criminelle
Qui parle des atrocités en Afrique dans les universités françaises ? Qui bloque Sciences Po ? Qui manifeste en France ? Qui en parle sur les plateaux télé ? Qui en parle au Parlement européen ? La Commission européenne n’a toujours pas nommé un coordinateur européen chargé de lutter contre la christianophobie. Ce mot, que l’on emploie jamais, alors qu’en France, les faits antichrétiens ont augmenté de 2021 à 2022 (923 faits, +8 %), selon le Service central du renseignement territorial (SCRT). Les faits antichrétiens dans notre pays constituent 60 % des faits antireligieux. Mais n’en parlons pas. Ne pas en parler, c’est faire le lit de cette haine et la laisser se propager jusqu’à nos portes.
Pourquoi tant d’indifférence face à ces atrocités ?
« Portes Ouvertes condamne fermement cet acte odieux de violence contre les civils et appelle les sociétés civiles, les gouvernements et les organisations internationales à donner la priorité à la protection des civils dans l’est de la RDC où opèrent des groupes armés tels que les ADF », déclare J. S., l’expert juridique de Portes Ouvertes pour le travail en Afrique subsaharienne. « La violence a lieu dans un contexte d’impunité, où presque personne n’est tenu pour responsable. Ce massacre est un indicateur clair des violations généralisées des droits de l’homme contre les civils et les communautés vulnérables, ciblant souvent les chrétiens, perpétrées par l’ADF – un affilié du groupe État islamique. » Il est intéressant de souligner que le nom de l’expert a été modifié dans le communiqué. C’est dire où nous en sommes dans notre pays de liberté. Libertés perdues.
En Afrique, la situation est d’autant plus alarmante avec la prise de Goma, capitale du Nord-Kivu, par les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, ce que le pays dément. Ce groupe armé a émergé en 2012 et menace notamment les communautés chrétiennes. Les exactions du M23, notamment les viols de masse et les meurtres, exacerbent un climat de terreur et d’impunité. J’ai vu des vidéos indescriptibles dans l’horreur où des êtres humains sont brûlés vifs au beau milieu de la rue sans que personne ne leur vienne en aide. Pourquoi tant d’indifférence face à ces atrocités ? Pas besoin d’être chrétien pour s’élever contre la barbarie. Commencer par briser le silence de l’indifférence.
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