Le JDD. Êtes-vous soulagée d’avoir fait adopter le projet de loi d’orientation agricole avant le Salon et comment avez-vous vécu son ouverture ?
Annie Genevard. Je suis soulagée et fière qu’il ait été adopté avant l’ouverture du Salon, et très heureuse d’avoir pu tenir cette promesse faite aux agriculteurs. Ce texte répond à de fortes attentes et marque une étape essentielle pour l’avenir de notre agriculture, en la plaçant là où elle doit être : au rang d’intérêt général majeur et d’intérêt fondamental de la nation. C’est un texte qui pose des bases solides pour la formation des jeunes agriculteurs et simplifie les démarches juridiques pour les exploitants agricoles. Ce Salon doit avant tout être une grande fête populaire, un moment où l’on célèbre l’agriculture sous toutes ses formes, tout en offrant un espace pour apaiser les tensions et pour tourner notre regard vers l’avenir. Les agriculteurs ont besoin de ce calme pour avancer.
La Commission européenne a dévoilé cette semaine sa nouvelle vision, inflexion par rapport au Green Deal et à la stratégie « farm to fork »… En êtes-vous satisfaite ? Il n’est pas question de clauses miroirs, sont-elles illusoires ?
Je constate avec satisfaction que la nouvelle vision de la Commission reprend ou rejoint plusieurs demandes essentielles de la France, notamment en matière de souveraineté alimentaire, de renouvellement des générations et de soutien à la production. C’est le fruit d’un travail que nous avons mené en amont pour défendre les intérêts des agriculteurs français au niveau européen, et que nous sommes déterminés à poursuivre dans la discussion qui s’ouvre.
Comptez sur moi pour porter l’attachement de la France à une PAC forte, c’est-à-dire réellement commune
Les clauses miroirs figurent bien dans cette vision, lorsqu’elle met en avant la nécessaire réciprocité pour les échanges commerciaux. Je m’en réjouis aussi, c’est l’une des avancées les plus importantes que la France porte depuis des années. Certains points, qui constituent souvent des préoccupations fortes des autorités françaises, restent à éclaircir. Ils feront l’objet d’échanges lors de ma rencontre avec le commissaire Christophe Hansen, ce jeudi 27 février au Salon international de l’agriculture. Comptez sur moi pour porter l’attachement de la France à une PAC forte, c’est-à-dire réellement commune.
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Vous envisagez une nouvelle loi Egalim… Peut-elle vraiment favoriser une plus juste rémunération des agriculteurs et de toute la « chaîne alimentaire » ?
Les lois Egalim ont montré leur efficacité en permettant une meilleure valorisation des matières premières agricoles et en protégeant les producteurs de la volatilité des marchés internationaux. Nous présenterons d’ici à l’été, avec Véronique Louwagie, ma collègue en charge de la Consommation, un projet de loi visant à renforcer l’efficacité des précédentes lois Egalim. L’objectif est de rééquilibrer les relations commerciales en faveur des agriculteurs. Cette nouvelle loi Egalim aura pour ambition d’offrir une rémunération plus juste pour tous les acteurs et de protéger ainsi la chaîne alimentaire dans son ensemble. Et je porterai le sujet au niveau européen, car il ne faut pas que le renforcement au niveau français incite à passer par des centrales d’achat européennes. Ces contournements de la volonté du législateur français seront bientôt terminés.
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