
« Dans l’enfer, les places les plus brûlantes sont réservées à ceux qui, en période de crise morale, maintiennent leur neutralité. » La sentence est tirée de l’Enfer de Dante. C’est celle qu’a choisie un cadre Horizons pour décrire l’état d’esprit d’une partie des troupes à l’égard de leur chef Édouard Philippe. À l’heure où la droite retrouve des couleurs, nombre de ses soutiens aimeraient que le maire du Havre se mouille un peu plus : « On ne peut pas abandonner le terrain médiatique à Retailleau et Wauquiez », s’inquiète un collaborateur. Depuis l’annonce de sa candidature à la présidentielle l’été dernier, la contribution de l’ancien Premier ministre au débat politique se limite à de rares apparitions médiatiques, histoire de se rappeler, de temps en temps, au bon souvenir des Français.
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« L’actualité politique est une chose, le chemin vers la présidentielle en est une autre », nuance un lieutenant, un brin pontifiant. Pour Édouard Philippe, ce chemin se traduit par un tour de France, à la manière de Jacques Chirac en son temps. Et comme l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui poursuit son pèlerinage discret dans la France des sous-préfectures dans l’indifférence générale. « Rien à voir avec Cazeneuve. Édouard prend son temps lors de ses déplacements. Deux jours minimum, que ce soit dans l’Ain ou en Haute-Savoie », plastronne un dirigeant Horizons.
Mais pendant ce temps, à Paris, les parlementaires du groupe ne savent plus où ils habitent. Surtout depuis que leur ancien chef de file à l’Assemblée, Laurent Marcangeli, a rejoint le gouvernement de François Bayrou. Chef apprécié et respecté, l’élu de Corse-du-Sud savait tenir ses troupes. C’est moins vrai pour Paul Christophe, le nouveau patron des députés Horizons. Si tous reconnaissent ses qualités d’écoute, certains pointent une carence d’autorité. Sous l’ère Marcangeli, il eût été impensable que deux députés étalent leur divergence sur la place publique, comme l’ont fait Frédéric Valletoux et Agnès Firmin-Le Bodo sur X à propos de la loi fin de vie. De manière générale, la place prépondérante prise par ces deux individualités depuis le départ de Laurent Marcangeli suscite des crispations dans le groupe. « Ils ne prennent même plus la peine de venir en réunion de groupe. Ce n’est pas de leur niveau… », ironise un député, en référence au fait qu’ils ne touchent plus terre depuis leur passage au ministère de la Santé. Ajoutez à cela l’incompréhension suscitée par la sortie dans Le Figaro de la vice-présidente d’Horizons Christelle Morançais, appelant à une nouvelle démission de l’Assemblée nationale, et vous avez tous les signes d’un « sacré désordre dans le parti », commente un conseiller.
Une alerte pour Édouard Philippe et sa garde rapprochée
« Rien de grave », relativise la direction pour qui ces petits couacs font partie de la vie normale de toute formation politique. « Ce sont les propos de personnes qui parlent de leur Aventin et ne comprennent pas bien le fonctionnement et les besoins du groupe », déplore un député de premier plan. Mais c’est surtout une alerte pour Édouard Philippe et sa garde rapprochée, qui donne le sentiment d’être enfermée dans ses certitudes. Alain Juppé, son mentor, se voyait à l’Élysée avant l’élection. Battu à la primaire, il a depuis quitté la vie politique…
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