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En affirmant son intention d’interdire les produits de la nicotine à usage oral, le gouvernement commet un double renoncement : celui d’honorer la parole donnée et celui de fonder ses décisions sur la donnée scientifique et non sur les injonctions médiatiques, estime Philippe Coy, président national de la Confédération nationale des buralistes.
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Le gouvernement renonce tout d’abord à ses engagements. Depuis des années et avec l’assentiment des exécutifs successifs, le réseau des buralistes porte le projet de devenir le commerce de référence de la vente de produits nicotinés. Deux ministres successifs nous ont promis cet avenir. Plusieurs propositions de loi avaient été déposées, preuve que ce sujet trouvait un écho politique, transpartisan de surcroît. Cette perspective a suscité un élan et des attentes fortes au sein du réseau des 22 800 buralistes de France.
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En octobre dernier, l’annonce de la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a douché nos espoirs. Par la prise de parole surprise dans la presse, sans concertation préalable, la ministre a annoncé vouloir interdire les sachets de nicotine. Quelques jours plus tard dans l’hémicycle, il s’agissait désormais de « tout interdire, sauf le vapotage ». La parole publique a-t-elle encore du crédit ? Chacun comprendra qu’il ne s’agit pas simplement ici de ne pas répondre favorablement à une demande, mais qu’il est question d’une volte-face incompréhensible et injustifiée.
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Ce choix doit nous inquiéter d’autant plus qu’il est le témoignage d’une porosité certaine des pouvoirs publics aux arguments mensongers et infondés de certaines associations qui ne cherchent que des coups d’éclat médiatiques et politiques. En affirmant que les sachets de nicotine sont largement accessibles et consommés par des jeunes et à l’origine de cas d’intoxications réguliers, le ministère de la Santé corrobore des arguments démentis par toutes les études et toutes les données disponibles, mais jette en plus indirectement le discrédit sur notre profession. Toutes les enquêtes réalisées sur le sujet montrent que 99 % des moins de 18 ans n’ont jamais consommé de sachets de nicotine. La pseudo-explosion d’appels aux centres antipoisons repose en réalité sur 16 appels depuis 2017. Soit 0,0001 % des appels totaux !
Le Conseil d’État lui-même a fait part de son scepticisme sur la pertinence d’une interdiction au regard des éléments apportés, en donnant un avis défavorable à l’interdiction de la nicotine à usage oral. D’autant plus que 17 pays membres de l’Union européenne viennent d’homologuer ces produits répondant à une consommation alternative au tabac à combustion. Cette séquence est catastrophique, tant pour le dialogue transparent que tout corps intermédiaire devrait pouvoir entretenir avec les pouvoirs publics, mais aussi pour le crédit de la parole de l’État et sa capacité à prendre des décisions fondées et éclairées.
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