
L’expression de « grand remplacement » s’est immiscée dans les débats politiques concernant l’immigration depuis quelques années. La formule est apparue en France dès 2011 sous la plume de l’écrivain Renaud Camus, dans son livre Abécédaire de l’in-nocence (2010), et à nouveau dans son ouvrage Le Grand Remplacement (2011). Selon son auteur, le « grand remplacement » désigne le fait qu’ « un peuple, issu de la population d’immigrés venus d’Afrique et du Maghreb, se substituerait à un autre, les Français de souche ».
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L’expression est apparue dans les années 2010, le concept est plus ancien. En 1900, l’écrivain et homme politique Maurice Barrès évoquait « l’envahissement de notre territoire et de notre sang par des éléments étrangers qui aspirent à soumettre les éléments nationaux » pour désigner l’immigration juive sur le territoire national. S’il en est souvent accusé, Renaud Camus se défend d’être conspirationniste. Selon le politologue Jean-Yves Camus, l’auteur dénonce des « élites mondialisées qui ont laissé faire, mais ne désigne pas une cause unique au grand remplacement ».
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Le grand remplacement en politique
La théorie du « grand remplacement » a été largement reprise par Éric Zemmour durant sa campagne présidentielle en 2022. Le président de Reconquête avait déjà repris le terme à son compte avant son entrée en politique, lorsqu’il était journaliste. « Dans tous les endroits où j’ai grandi, à Drancy, à Montreuil, à Stains, dans le 18e arrondissement de Paris, le grand remplacement a opéré » relatait-il sur iTélé, en 2014, année de la parution de son ouvrage Le Suicide français. En 2021, alors prétendant à l’Élysée, il évoquait également sa « crainte » du « grand remplacement, avec l’islamisation de la France », lors de son premier meeting, à Villepinte.
La présidente du groupe RN à l’Assemblée, Marine Le Pen, a pour sa part très vite pris ses distances avec le concept. En 2014 déjà, la triple candidate à la présidentielle dénonçait une « vision complotiste » à travers la notion de « grand remplacement ». En 2021, le député européen Jordan Bardella évoquait quant à lui la théorie en ces termes : « Je n’aime pas ce mot parce que je trouve qu’il n’est pas clair, c’est un slogan très intellectuel, mais il pointe une réalité qui est juste. »
Plus surprenant, en janvier 2025, l’ancienne figure étudiante de Mai 68 et fondateur d’EELV, Daniel Cohn-Bendit, a appelé sur le plateau de LCI à « freiner l’immigration » face au « grand remplacement » à l’œuvre à Mayotte. Il a cependant pris le soin de différencier l’archipel de la métropole.
En février 2025, le fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a non seulement fait sienne la notion de « grand remplacement », mais a appelé à un changement de population dans les territoires ruraux. « Dans notre pays, une personne sur quatre, un grand-parent étranger. 40 % de la population parle au moins deux langues. Nous sommes voués à être une nation créole et tant mieux ! Que la jeune génération fasse le grand remplacement de l’ancienne génération », développe-t-il.
Une théorie contestée
Pour la grande majorité de la classe politique et médiatique, la théorie du « grand remplacement » relève du fantasme. Selon franceinfo, elle constitue une « vision raciste et complotiste de l’immigration, qui ne repose sur aucun fondement scientifique, historique ou statistique, ne résiste pas à l’examen des chiffres démographiques ». Les détracteurs de la théorie évoquent les chiffres et le pourcentage que représente la population immigrée sur le territoire national. Selon l’Insee, la part de la population immigrée dans la population totale est passée de 5 % en 1946, à 7,4 % en 1975, 7,3 % en 1999 et 10,3 % en 2021. Les adeptes de la théorie du « grand remplacement » rappellent que le concept est un processus qui se vérifie par une part des immigrés dans la population nationale qui est en constante augmentation.
Le grand remplacement à l’étranger
Cette théorie a reçu un écho mondial lors de l’attaque terroriste de Christchurch en mars 2019 en Nouvelle-Zélande. Brenton Tarrant, l’auteur de cette attaque ayant provoqué la mort de 51 personnes, avait publié un manifeste nommé The Great Replacement, dans lequel il faisait référence à Renaud Camus. Ce dernier avait rejeté la filiation, condamnant des violences « terroristes, épouvantables, criminelles, désastreuses et imbéciles ».
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