data:image/s3,"s3://crabby-images/d62f9/d62f9ed91aedd22285ce1e3e33a67dd27d89f197" alt="Friedrich Merz, leader de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), à la Rudolf Weber-Arena d'Oberhausen, le 21 février 2025.<br />
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À la veille d’élections législatives cruciales, l’Allemagne retient son souffle. Le pays, confronté à une récession persistante, une montée des nationalistes et un climat social délétère, s’apprête à tourner une page décisive de son histoire politique. Dans ce contexte, le conservateur Friedrich Merz, favori des sondages, espère succéder à Olaf Scholz à la chancellerie et redonner un cap à la première économie d’Europe.
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L’atmosphère est lourde outre-Rhin. Berlin, frappée par plusieurs attaques meurtrières ces dernières semaines, a vu son inquiétude redoublée vendredi soir après l’agression d’un ressortissant espagnol sur le site du Mémorial de l’Holocauste. Un acte qui s’inscrit dans un climat sécuritaire dégradé. Dans ce contexte, les élections de dimanche s’annoncent comme un test décisif pour la démocratie allemande.
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Le pays peine à se remettre d’une crise industrielle qui a mis à mal son modèle économique. Deux années de récession et une désindustrialisation progressive ont affaibli l’ancienne locomotive de l’Europe. Friedrich Merz, chef de file de la CDU/CSU, promet un retour à la rigueur budgétaire et un redressement du secteur manufacturier. Mais l’équation politique demeure incertaine : malgré sa position de favori avec environ 30 % des intentions de vote, il lui faudra négocier une coalition gouvernementale.
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L’un des faits marquants de cette campagne est la progression fulgurante de l’Alternative für Deutschland (AfD). Fort d’un discours anti-immigration et eurosceptique, le parti pourrait atteindre 20 % des suffrages, un score historique qui affole la classe politique traditionnelle. Merz a fermement exclu toute alliance avec l’AfD, mais la pression de la droite dure se fait de plus en plus pressante.
Fait inédit dans une campagne allemande, les ingérences étrangères se sont multipliées. La réélection de Donald Trump a rebattu les cartes des relations transatlantiques, et les prises de position du vice-président américain JD Vance en faveur de l’AfD ont jeté un trouble certain. Elon Musk, désormais proche de l’administration Trump, s’est lui aussi immiscé dans le débat, amplifiant la visibilité du parti sur les réseaux sociaux.
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L’Europe observe avec appréhension l’évolution du paysage politique berlinois
Si l’élection est avant tout nationale, ses conséquences dépasseront largement les frontières allemandes. L’Europe observe avec appréhension l’évolution du paysage politique berlinois. Un affaiblissement du SPD et une poussée de la droite conservatrice pourraient rebattre les cartes des équilibres au sein de l’Union européenne, notamment sur les questions de défense et de politique industrielle.
Lors de son dernier meeting à Dortmund, Olaf Scholz a tenté de raviver une base électorale en déroute, martelant que l’Allemagne devait « résister aux sirènes populistes » et continuer à défendre l’Ukraine contre la Russie. Mais avec à peine 15 % des intentions de vote, son SPD est menacé d’une débâcle historique. Son avenir politique dépendra largement du choix des indécis, qui représentent encore un quart de l’électorat.
Pour Friedrich Merz, la tâche s’annonce ardue. S’il remporte le scrutin, il devra composer avec des partis aux visions divergentes pour former un gouvernement stable. « L’Allemagne doit reprendre un rôle de leader en Europe », a-t-il affirmé cette semaine, espérant constituer une coalition d’ici la fin avril. Un pari ambitieux qui dépendra des résultats des petites formations politiques et des rapports de force au Bundestag.
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