Le gratin des conservateurs s’est réuni cette semaine à Washington pour assister à la Conservative Political Action Conference (CPAC). Parmi les figures de proue présentes : le président américain Donald Trump, le vice-président JD Vance, le ministre de l’Efficacité gouvernementale Elon Musk, ainsi que le président argentin Javier Milei.
Côté européen, l’ancienne Première ministre britannique Liz Truss, le fervent défenseur du Brexit Nigel Farage, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le leader du parti conservateur espagnol Vox, Santiago Abascal, étaient également présents. La France était représentée par deux députés européens : Jordan Bardella, président du Rassemblement national et du groupe Patriotes pour l’Europe, ainsi que Sarah Knafo, eurodéputée Reconquête et vice-présidente du parti Europe des Nations Souveraines (ENS) au Parlement européen.
L’Europe, l’Ukraine et la Russie
Liberté d’expression, écoles, wokisme, conflit au Moyen-Orient et même cryptomonnaies : les discours se sont enchaînés pendant trois jours sur de nombreux enjeux. En revanche, alors que l’Europe est de plus en plus marginalisée dans les négociations menées par Donald Trump sur le conflit russo-ukrainien, la guerre qui fait rage aux portes du continent depuis trois ans n’a été que « très peu évoquée » lors de ce grand raout, selon Sarah Knafo.
Pourquoi une telle discrétion ? « L’idée est d’évoquer les thématiques qui rassemblent les conservateurs, comme la liberté d’expression, contrairement à la guerre Russie-Ukraine qui divise », explique l’eurodéputée. « Nigel Farage, par exemple, est très pro-Ukraine, tout comme l’ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. »
Le vice-président américain JD Vance a, lui, profité de cet événement pour revenir sur son discours de Munich et évoquer un thème qu’il juge commun aux États-Unis et à l’Europe : l’immigration. « Nous ne pouvons pas reconstruire la civilisation occidentale, les États-Unis ou l’Europe en laissant entrer dans nos pays des millions et des millions d’immigrés clandestins non contrôlés », a-t-il martelé avant de défendre la liberté des peuples de s’exprimer sur le sujet. Son intervention a été largement saluée par les invités, avant qu’un incident ne vienne ternir l’événement.
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Sarah Knafo accuse également Jordan Bardella d’avoir « jeté l’opprobre » sur tous les autres
Le geste qui a tout fait basculer
Jeudi 20 février, vers 12h30, une table ronde intitulée « Dites leurs noms : les familles des otages israéliens s’expriment » se tenait en présence d’Adi Alexander, père d’Edan Alexander, otage du Hamas, Moshe Levi, beau-frère d’Omri Miran, un autre otage, et Gal Dallal, survivant du festival Nova du 7 octobre 2023 en Israël. Quatre heures plus tard, l’ancien conseiller de Donald Trump Steve Bannon prenait la parole. « Nous n’allons pas nous retirer, nous n’allons pas nous rendre, nous n’allons pas abandonner. Combattez ! Combattez ! Combattez ! », a-t-il lancé à la tribune, avant d’effectuer un salut nazis.
Le lendemain, Jordan Bardella, qui devait s’exprimer à la tribune le vendredi 21 février, a publié un communiqué annonçant son retrait de l’événement. Il a justifié son départ par un « geste faisant référence à l’idéologie nazie » de Steve Bannon. « À cette tribune, jeudi, alors que je n’étais pas présent dans la salle, l’un des intervenants s’est permis, par provocation, un geste faisant référence à l’idéologie nazie. Par conséquent, j’ai pris la décision immédiate d’annuler mon intervention prévue cet après-midi », a-t-il déclaré.
Interrogé par des journalistes français après cette annonce, Steve Bannon, qui avait été invité en 2018 à un congrès du Front national à Lille, a vivement réagi. « C’est un petit garçon », a-t-il cinglé, ajoutant que Bardella était « indigne de diriger la France ».
Sarah Knafo critique une décision « maladroite »
Si le Rassemblement national a salué la décision de Jordan Bardella, du côté de Reconquête, on ne partage pas cette appréciation. « Je ne cautionne pas le geste de Steve Bannon, tout comme Jordan Bardella. Mais je ne pars pas pour autant », explique Sarah Knafo. « Les familles d’otages sont restées, Ben Shapiro s’est exprimé ensuite avec une kippa sur la tête, Meloni, Farage et tous les autres sont restés. L’annulation de son discours a été très mal perçue par les invités. Depuis ce communiqué, on me demande si je fais partie de la délégation de Jordan Bardella ! »
Sarah Knafo va plus loin et accuse Bardella d’avoir « jeté l’opprobre » sur les autres participants. « Son annulation, en plus d’être très maladroite vis-à-vis des organisateurs, laisse entendre que ceux qui restent cautionnent le geste de Bannon. » La traversée de l’Atlantique n’aura donc pas suffi à apaiser les tensions entre le RN et Reconquête, qui persistent jusque sur la scène conservatrice internationale.
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