Ariel, 4 ans, et Kfir, 9 mois, sont morts en novembre 2023. Pas d’une balle, pas d’un éclat perdu. Étranglés à mains nues par les hommes du Hamas. Un étranglement, c’est long. Surtout si leur maman, dans son impuissance, est forcée d’y assister. « Ariel et Kfir Bibas ont été tués de sang-froid », a déclaré Daniel Hagari, porte-parole de Tsahal. « Les terroristes ont commis des actes horribles pour dissimuler ces atrocités. » Pendant 503 jours, ces deux frimousses, celles d’un bébé et de son grand frère, sont devenues le visage du calvaire des 251 otages. L’acte demeurera irréparable par sa dimension inhumaine.
« Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde », écrivait Bertolt Brecht. Le ventre de la bête immonde porte toujours l’antisémitisme, mais celui de Shiri Bibas ne portera plus jamais la vie. Jeudi matin, dans une mise en scène macabre, le Hamas a remis quatre cercueils à l’armée israélienne par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. À l’intérieur, les corps d’Oded Lifshitz, 83 ans, enlevé le 7 octobre 2023, et ceux de Shiri Bibas, 33 ans, ainsi que de ses deux fils. Puis survient l’impensable. Les autorités israéliennes annoncent que l’un des corps remis par les terroristes n’était pas celui de Shiri, mais celui d’une femme de Gaza. En Israël, la colère monte. Où est-elle ?
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a promis de punir le Hamas qui a reconnu « une possible erreur », évoquant un « mélange » de corps sous les décombres. La famille de Shiri Bibas, suspendue à l’attente, a indiqué dans un communiqué « attendre » le corps de la jeune femme et « craindre pour son sort ». « Avec un cynisme inimaginable, ils n’ont pas rendu Shiri avec ses petits enfants, les petits anges, et ont placé le corps d’une femme de Gaza dans le cercueil », a déclaré Benyamin Netanyahou. Avant d’avertir : « Nous ramènerons Shiri à la maison, ainsi que tous nos otages, les vivants et les morts. Et nous veillerons à ce que le Hamas paie le prix de cette violation cruelle et perverse de l’accord. Je m’engage à ne pas relâcher mes efforts tant que ces sauvages qui ont exécuté nos otages ne seront pas traduits en justice. »
Pour les familles des otages, c’est une épreuve de plus, une attente qui se prolonge. Pour le Hamas, c’est un écran de fumée, une occasion d’accuser les frappes israéliennes d’avoir semé un tel chaos qu’il serait devenu impossible d’identifier les corps. Israël y voit une nouvelle preuve à charge contre ses ennemis, confortant l’idée qu’ils n’ont jamais accordé de valeur à la vie des otages. Entre ces lignes de fracture, le cessez-le-feu vacille. Et les médiateurs naviguent en eaux troubles.
Donald Trump est « vraiment » prêt à soutenir toute décision d’Israël
Cette semaine, la couleur orange a inondé les réseaux sociaux, érigée en emblème de ces petits êtres dont l’innocence a été volée. Leurs noms s’affichent partout : Shiri, Ariel, Kfir. Accompagnés d’une vague de cœurs et de mots de soutien. Une image partagée dévoile un ciel sombre où scintillent trois petites étoiles orangées. Une autre montre un drapeau israélien qui se pare d’une étoile de David couleur feu. Des vidéos circulent. On y voit Ariel, déguisé en super-héros. Comme tous les petits garçons de son âge, il aimait Batman. Parce qu’à 4 ans, on rêve de sauver le monde. Aux quatre coins de la planète, des rassemblements en hommage voient le jour. À Paris, sur le parvis des 260-Enfants, le violoncelle pleure et les larmes coulent. En Allemagne, les visages de la famille Bibas s’affichent en grand sur les façades des bâtiments.
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À Budapest, des bougies brillent dans la nuit tandis que des ballons orange flottent dans le ciel. En Argentine – Ariel et Kfir avaient la nationalité du pays –, deux jours de deuil national sont décrétés par Javier Milei. Tandis que la nouvelle de leur disparition suscitait l’indignation dans le monde, la députée de La France insoumise, Rima Hassan, s’est une fois de plus distinguée par son indécence en postant sur X : « Kfir, Ariel et Shiri Bibas ont été tués par une frappe israélienne. Merci de le préciser. » Plus tard, elle récidivait en relayant un message affirmant qu’Israël était au courant de la mort des Bibas et en reprenant sans distance la version du Hamas sur la responsabilité israélienne. Étonnante façon de rendre hommage aux victimes pour celle qui, ironiquement appelée « l’influenceuse du Hamas », n’a jamais consenti à les désigner comme une organisation terroriste.
Outre-Atlantique, Donald Trump a pris la parole avec son franc-parler coutumier. Dans une interview accordée à Fox News, le président américain a affirmé qu’il était « vraiment » prêt à soutenir toute décision d’Israël, qu’il s’agisse de prolonger la trêve à Gaza ou de reprendre les combats. Interrogé sur la position de Benyamin Netanyahou, Trump a balayé toute ambiguïté : « En fait, il n’hésite pas. Vous savez où il se situe, et il aimerait intervenir, il est tellement en colère, et il a raison de l’être. S’il n’était pas en colère, c’est qu’il y aurait quelque chose qui ne va pas chez lui, franchement. » Avant d’ajouter : « C’est tellement barbare. On ne penserait pas que cela puisse arriver à l’ère moderne, mais c’est arrivé. »
Un nouveau rebondissement est survenu dans la nuit de vendredi à samedi : le Hamas a finalement remis le corps de Shiri Bibas aux autorités israéliennes. « La nuit dernière, notre Shiri est rentrée à la maison », a fait savoir sa famille dans un communiqué. « À l’issue du processus d’identification, nous avons reçu ce matin la nouvelle que nous redoutions tant : notre Shiri a été tuée en captivité », ajoute-t-elle. « Pendant 16 mois, nous avons cherché des certitudes, et maintenant que nous les avons, cela n’apporte aucune consolation. » Cette déclaration survient alors qu’un septième échange a eu lieu samedi au cours duquel six otages israéliens ont été libérés contre 602 prisonniers palestiniens.
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