
Le vice-président américain a bousculé les Européens avec son discours choc lors de la conférence de Munich. Et la présidente de Radio France ne fait pas exception. Devant un parterre de dirigeants internationaux, J.-D. Vance a livré vendredi dernier un plaidoyer pour « la liberté d’expression », menacée, non pas par la Russie ou la Chine selon lui, mais par l’Europe elle-même, notamment sur les réseaux sociaux. Des propos fustigés par Sibyle Veil, qui détaille sa vision de la liberté d’expression dans une tribune publiée par Le Figaro, ce 21 février.
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« Trump, Vance, Musk, nouveaux gardiens mondiaux de la liberté d’expression ? Cela est une fable, tacle la directrice de Radio France. Elle me rappelle celle du cow-boy de Marlboro. Dans ses publicités des années 1950, la marque de cigarettes promettait de la liberté et du grand air… pour mieux vendre un produit nocif. » Selon elle, « la liberté d’expression est le cheval de Troie du néo-impérialisme américain ».
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Au nom de cette liberté, J.D. Vance s’en est pris aux commissaires européens, qu’il accuse de vouloir « couper l’accès aux réseaux sociaux en période de troubles civils, dès lors qu’ils détecteraient ce qu’ils jugeraient être des “discours de haine” ». Cette prise de parole du vice-président américain intervient alors que les régulateurs européens maintiennent en effet une pression accrue sur les géants technologiques américains afin qu’ils modèrent leur contenu.
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Pour Sibyle Veil, « ce n’est pas le cadre fixé par les institutions démocratiques européennes qui menace la liberté d’expression, mais les tentations de manipulation à grande échelle de ceux qui maîtrisent le mieux et les premiers les outils technologiques comme Trump, Vance ou Musk ».
Si J.D. Vance estime que la régulation des réseaux sociaux entrave la liberté d’expression, Sibyle Veil, de son côté, la juge au contraire nécessaire. « Serait-ce la liberté que de laisser des plateformes américaines influencer les opinions publiques européennes via des algorithmes opaques qui poussent intentionnellement certains faits et opinions et en invisibilisent d’autres ? », interpelle-t-elle. Refusant que l’avenir se résume à « la caricature que l’on nous propose, entre censure et chaos », la haute fonctionnaire suggère « une troisième voie ».
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« L’information est une question de souveraineté », défend-elle. Ainsi, « de la même manière que les Européens prennent conscience de la nécessité de se doter de capacités de défense autonomes, ils doivent aussi investir dans leurs offres d’information souveraines, capables de garantir un débat public fondé sur des faits et non sur des rapports de force, enclines à valoriser la modération plutôt que l’agitation permanente, susceptibles de créer du commun plutôt que de nourrir les divisions », prône-t-elle. Et de conclure : « C’est cette voie que le service public s’attache à défendre, non par nostalgie d’un ordre ancien, mais parce qu’une société qui renonce à la vérité renonce aussi à sa liberté. »
Si les solutions libertaires de J.D. Vance ont été critiquées, notamment par Sibyle Veil, son constat n’est peut-être pas totalement erroné… La décision du Conseil d’État, validant la fermeture de C8 le 19 février, justifie ses attaques sur le déclin de la liberté d’expression en Europe, alerte l’essayiste Nicolas Bouzou, toujours dans le Figaro.
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