Mère d’un fils de 5 ans… et non « génitrice », qualification émise par un juge qu’elle a ressentie comme un coup de poignard : on peut résumer ainsi le combat de Julie. Après une jeunesse engagée dans les mouvements féministes et LGBT, elle accepte en 2019 de porter un enfant pour un couple d’hommes, sans rémunération, idéaliste et inspirée par les « belles histoires » présentées dans certains grands médias.
La confiance amiable s’étiole dès la fin de la grossesse, que Julie vit mal en raison de la pression intrusive des deux hommes. Ces derniers s’éloignent peu après l’accouchement, oubliant bien vite les promesses de maintenir un lien, et profitant sans doute de la vulnérabilité de Julie, porteuse du syndrome d’Asperger.
Trois ans plus tard, le père biologique de l’enfant meurt d’un cancer. Julie, qui s’était jusque-là « efforcée d’être une “bonne mère porteuse” » effacée, mais jamais complètement, entend alors renouer le lien avec son fils, qu’elle a reconnu à la naissance. Elle connaît peu son fils, mais est son seul parent vivant et demande une coparentalité à l’époux du défunt. La justice décide pourtant de confier la garde au « père d’intention » survivant.
Pour tout lien avec l’enfant, Julie n’a donc que la modeste pension alimentaire dont elle doit s’acquitter, et des visites d’abord refusées puis très encadrées : une heure mensuelle, dans les locaux et sous la surveillance des services sociaux, avant d’obtenir, un an après, 5 h 45 deux fois par mois… « Je suis une épine dans leur pied », confie Julie, désemparée par le prisme des juges et des services sociaux : « Quand ils ne sont pas biaisés par leur orientation idéologique, ils ne comprennent pas notre histoire. Certaines éducatrices ne savent même pas que la GPA est illégale en France, elles confondent avec la PMA… »
La jeune mère déplore que « l’intérêt de l’enfant » invoqué soit contourné. En lui refusant les droits parentaux sur son enfant biologique, au bénéfice du beau-père commanditaire, les juges entérinent de facto une GPA réalisée en France, estime-t-elle.
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Elle partage avec Olivia Maurel, dont le livre évoque son témoignage, le combat pour l’abolition universelle de la gestation pour autrui, proclamé en 2023 dans la « Déclaration de Casablanca ». Engagée au sein de la Coalition internationale pour l’abolition de la maternité de substitution (Ciams), qui regroupe des mouvements féministes, Julie veut « éviter que d’autres personnes tombent dans le même piège » qu’elle.
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