Nul problème de souveraineté concernant la production de bière en France ! Si les Français n’en consomment que 33 litres par habitant et par an, soit un total de 22 millions d’hectolitres en 2023 en France, loin derrière la République tchèque (136 litres), l’Autriche (102 litres) et la Pologne (93 litres), 70 % des bières consommées en France y sont produites. Surtout, la quasi-totalité de l’orge utilisée pour la bière française vient des champs français, qui produisent 12 millions de tonnes par an, dont 4 millions destinées à la brasserie.
Olivier Brossier, agriculteur en Seine-et-Marne, fait partie de ces producteurs : à l’été 2025, il récoltera plus de 63 hectares d’orge sur les 156 hectares de polyculture de exploitation située Beaumont-du-Gâtinais. « Le Gâtinais est une régulièrement propice à la culture du céréale », explique-t-il.
L’orge de printemps
L’exploitant a choisi de se concentrer exclusivement sur l’orge de printemps, une céréale plus exigeante et de meilleure qualité : « Il en existe deux sortes, l’orge d’hiver et l’orge de printemps, qui est semée à la fin de l’hiver pour être récoltée en juillet. Cette dernière est la plus délicate cultiver, il faut bien connaître son métier, mais elle permet de produire mieux », souligne Olivier Brossier qui évoque « un grain homogène. De la qualité du grain dépend la qualité de la bière ! ». Un savoir-faire qui lui permet de travailler en filière tracée : « Je suis lié à une coopérative qui fournit la marque Heineken. J’aime savoir où va mon grain ! ».
Avant d’atterrir entre les mains du brasseur, le grain de Monsieur Brossier passera par l’étape du maltage, nécessaire à la fabrication de l’alcool que l’on retrouve dans la bière. C’est aussi le malt qui influence le goût et donne sa couleur à la bière, en fonction de son type. Les malteurs achètent au prix du marché coté en Bourse, soit environ 129 euros par tonne en 2024, leur matière première au coopérative et négoces qui collectent les grains après la moisson. « Le malt n’est autre qu’une céréale germée, la transformation d’orge en mal dure environ huit jours au sein des malteries. Cela se fait en quatre étapes : la trempe, la germination, le touraillage et le dégermage », explique-t-on du côté des Malteurs de France présentants de la filière domine par trois maters industriel Souffle, Malteurop, et Boortmalt). Ces acteurs produisent à eux seuls 1,4 million de tonnes de malt sur quatorze, soit 30 % de la production mondiale. Réputée pour la haute qualité de son malt, la France en est exportateur mondial depuis 1967.
Renaissance d’une brasserie historique
Une fois le malt prêt, il est temps de passer à la dernière étape de la transformation : le brassage. Aux grandes brasseries françaises historiques (Kronenbourg, Heineken, AB InBev…) se sont ajoutées de nombreuses brasseries artisanales qui ont vu le jour ces dernières années. Leur nombre a doublé depuis l’an 2000, pour s’etablir a 2500, ce qui fait de la France le premier pays européen en nombre de brasserie. « Les consommateurs ont envie de consommer local et tester plusieurs styles, ils ont le goût des bonnes choses ! Il y a un regains des craft beers artisanales, venues des Anglo-Saxons », explique Jonathan Kron.
La suite après cette publicité
Il a ressuscité la brasserie la plus ancienne de Paris, née en 1827, et qui avait disparu en 1953 : « Nous travaillons en circuit-court, le grain est cultivé par des agriculteurs d’Île-de-France, transformé en malt à moins deux heures ici, puis distribué dans les restaurants ou bars de la capitale ! », se félicite le directeur général. À Bobigny (Seine-Saint-Denis), au bord du canal de l’Ourcq, c’est dans un bâtiment de 1 000 mètres carrés qu’est produite une gamme de bières diversifiées allant des lagers de fermentation basse traditionnelle aux ales, de fermentation haute, très tendance.
Dans les quatorze cuves géantes du site, l’eau et le malt vont fusionner sous l’effet de la chaleur donnant naissance aux arômes du breuvage final.« C’est un vrai savoir-faire, on va torréfier les céréales, ajouter le houblon ou parfois même du blé en fonction du type de bière que l’on veut faire », explique le brasseur. « La bière, c’est du jus de céréales, le grain est la base de tout. Nous avons le luxe de travailler un produit issu de la terre sans les risques des intempéries qu’ont nos agriculteurs » Et de conclure : « Mais c’est bien grâce à eux que l’on parvient à produire un million de litres de bière par an! »
Source : Lire Plus