Dès les premières pages du scénario, Clémentine Célarié dit avoir eu « un coup de foudre absolu ». On la comprend : le personnage qu’elle incarne dans Mémoire vive, une greffière à la retraite s’improvisant tueuse en série après avoir appris être atteinte d’un début d’Alzheimer, est de ceux qu’on n’oublie pas. Comme cette libre adaptation de la série turque Persona réalisée par Arnaud Malherbe (Ogre, Rictus) dont l’approche entre thriller et comédie séduit.
Flanquée de la mère amnésique et passionnée de flamenco de l’une de ses victimes, la voilà qui, affublée d’un costume de chat, supprime les unes après les autres les personnes qu’elle a listées avant que ses souvenirs trépassent. Tout en laissant sur leur cadavre des mots à l’intention de la flic (impeccable Elisa Erka) chargée de l’enquête. Pourquoi ces personnes en particulier ? Quels sont les liens l’unissant à cette jeune inspectrice ? On n’en dira pas davantage, sinon que dans cette mini-série décalée et grand public à la fois, Clémentine Célarié se révèle épatante en tueuse en série du troisième âge s’épanouissant dans le crime.
Que ce soit sur les plateaux de théâtre (où elle reprend jusqu’à la mi-mai en province le seul-en-scène Je suis la maman du bourreau) ou de tournage, la comédienne aime endosser des rôles forts au service de sujets qui ne le sont pas moins. Il y a bientôt deux ans, dans la touchante série Les Randonneuses, sur TF1, elle appartenait ainsi au sextuor de copines de chimio parties à l’assaut du dôme de la Lauze : une partition qui lui valu le prix de la meilleure actrice en compétition française au Festival Séries Mania. Elle qui a dû elle-même affronter un cancer du côlon en 2019. On se souvient qu’en 2011, elle avait déjà incarné une femme victime de la maladie d’Alzheimer dans le téléfilm J’ai peur d’oublier, inspiré par l’histoire vraie d’une mère de famille diagnostiquée à seulement 35 ans. « Après un cancer, on n’a plus peur de la maladie », dissipe-t-elle lors de notre entretien dans les locaux de M6.
La maladie… Ce terme qu’elle abhorre, préférant appeler un chat un chat, le cancer le cancer donc, une expérience partagée dans son livre Les Mots défendus, paru deux ans plus tard chez Albin Michel. « Ce dont je veux parler, c’est du bien qu’il a fait naître », annonçait la quatrième de couverture. Cela en dit long sur la femme dont la sagesse et la pugnacité doivent forcément un peu aux accidentés de la vie rencontrés sur son chemin, notamment ses amis victimes de la maladie de Charcot, Laurène et le comédien Thierry Monfray, décédé en 2015, avec lequel elle a joué Maupassant au théâtre et à qui elle a consacré le documentaire Debout en 2013. « Ce sont des personnes plus fortes que tout. Elles m’ont appris à ne jamais me plaindre. »
« Quand on est comédien, on est entraîné à développer son imaginaire »
Son métier aussi l’a aidée à surmonter l’épreuve traversée. « Quand on est comédien, on est entraîné à développer son imaginaire. Il a été plus fort que cette réalité. » Après avoir écrit un livre à paraître en mai aux éditions du Cherche midi sur son amour pour la profession, Clémentine Célarié travaille sur les scénarios d’un film et d’une mini-série. Comme si la maladie avait exacerbé son désir de jouer et de créer. « Déjà que mon emploi du temps était bien chargé avant ça, sourit-elle. Il y a chez moi une urgence, celle d’avancer, de faire les choses, de remercier la vie de pouvoir continuer à les faire. » L’actrice n’est pas du genre à regarder dans le rétroviseur, encore moins à regretter ses 30 ans. La vieillesse ? « Elle ne m’intéresse pas ! Clint Eastwood a dit une chose géniale : ‘‘Je n’ai jamais laissé entrer le vieux en moi.’’ Je ferai la même chose. » Jusqu’à ce que le rideau tombe.
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Mémoire vive ★★
De Laurent Burtin, Anne-Gaëlle Daval, Maax Thuvertie et Hélène Lombard, avec Clémentine Célarié, Elisa Erka. Quatre épisodes de 52 minutes. Les mardis 18 et 25 février à 21 h 10.
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