Le cadre financier et monétaire dans lequel nous vivons est caduc… Ainsi s’exprimait vendredi dernier le président de la République dans le Financial Times. On souscrira ici en tous points à cette analyse : nos finances publiques sont désormais hors de tout contrôle. La Cour des comptes le déclarait la semaine dernière dans un langage inhabituel et peu châtié : « Une dérive inédite des finances publiques… la France, seule en Europe, a encore dégradé ses finances publiques », dettes comme déficits, et ce malgré un environnement favorable.
Bref, un zéro pointé pour la gestion économique et financière de la France, qui se résume en un chiffre, 175 milliards d’euros de déficits en seulement un an ! Les pertes annuelles de l’État français – son excès de dépenses par rapport à ses recettes – engloutissent l’équivalent des trois premiers budgets de l’État : l’Éducation nationale et la recherche, la défense, le travail et l’emploi. Qui dit mieux ?
Si l’on souscrit à première vue à l’analyse présidentielle (le cadre est caduc, il faut vite en changer), on est dubitatif sur la proposition d’action : faire sauter la règle de Maastricht des 3 % de déficit ! Aller encore plus loin, plus vite, plus fort dans les déficits ! Le « quoi qu’il en coûte » saison 2 : « L’Europe, c’est son moment d’accélération et d’exécution […] il n’y a plus le choix […] c’est le dernier péage. Après, c’est la sortie d’autoroute. »
Mettre un terme à la gabegie
Cela fait hélas bien longtemps que nous n’avons plus l’argent pour le payer seul, ce péage-là. Cela fait bien longtemps que la France a fait sa sortie de route économique, financière, et donc européenne. Qui, parmi nos partenaires, qui ont tous fait des efforts spectaculaires et parfois violents de redressement de leurs finances publiques depuis la crise de 2010 (Italie, Espagne, Portugal, Grèce en particulier), accordera la moindre importance à nos jactances et leçons diplomatiques ?
Cette spirale, née du programme commun des gauches communiste et socialiste, a ravagé notre État, nos administrations et nos finances publiques, sapé les fondements de notre identité et notre culture communes, miné notre rapport à la patrie, à la famille et au travail. Alors, semaine après semaine, comme un shadow cabinet à l’anglaise, nous présenterons ici des contre-propositions à mettre en œuvre demain. Certaines réclameront un changement d’approche, d’autres un décret ou une loi. Les dernières, une modification de la Constitution. Il sera ici beaucoup question d’économies, de suppression de normes, de fermetures ou de réorientations d’institutions publiques devenues caduques ou contre-productives.
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Mais cette semaine, nous commençons par une règle simple, une « règle d’or », pour reprendre le vocable de notre partenaire allemand, qui l’a inscrite dans sa Constitution en 2009. Celle-ci : dans la série de six à douze questions référendaires majeures qu’il proposera au peuple français immédiatement après son élection, le nouveau président de la République proposera l’interdiction de présenter et d’exécuter un budget qui ne serait pas à l’équilibre. Non plus 3 % de déficit sur PIB (règle de Maastricht), mais zéro. L’Allemagne s’est autorisé une marge de… 0,35 % de déficit sur PIB.
Au nom de quoi l’État pourrait-il ignorer cette règle si simple et si vertueuse, suivie par toutes les entreprises et les familles, suivant laquelle on ne dépense pas plus que ce que l’on gagne ? Est-ce parce qu’il ne s’agit pas de son propre argent, mais de l’argent des autres, que l’on peut taxer ad nauseam ? Avec le record de prélèvement obligatoire des pays de l’OCDE, la France ne peut plus lever un centime d’impôt supplémentaire, sauf à accélérer encore sa paupérisation.
Je fais partie d’une génération qui a grandi avec la « chasse au gaspi » des deux chocs pétroliers. La morale – ne pas gaspiller l’argent – rejoint ici l’efficacité économique : quand la ressource financière est limitée, on est obligé de travailler plus fort, de viser plus juste, d’être plus créatif. La vitalité de nos entreprises privées en témoigne.
Nous devons à nos enfants, petits-enfants et à nous-mêmes de mettre un terme à cette gabegie qui nous tue et nous appauvrit chaque jour davantage. Les taux de croissance de l’Espagne et du Portugal aujourd’hui démontrent que l’orthodoxie budgétaire paye, en croissance aussi. Il n’y a que des économistes socialistes biberonnés à la subvention publique et n’ayant jamais travaillé dans le privé pour rêver le contraire.
Relancer l’économie
Comment économiser 175 milliards d’euros, non pas en un an, mais par exemple en un quinquennat (35 milliards à économiser chaque année, toutes choses étant égales par ailleurs) ? On criera certainement au fou, comme en Argentine avec M. Milei et ses résultats spectaculaires, ou aux États-Unis avec M. Musk. La bonne nouvelle est que, contrairement aux États-Unis, notre sphère publique abonde en organisations inutiles ou hypertrophiées. Une étude récente des Républicains recensait 1 000 opérateurs (agences, comités Théodule, autorités administratives…) consommant un budget annuel de 80 milliards d’euros.
Nous rentrerons semaine après semaine dans le vif du sujet et des économies à réaliser, des normes à supprimer, des organisations mal gérées à privatiser, à recalibrer. Nous le ferons avec deux impératifs en tête : d’abord, le respect des personnes, à remotiver et mieux considérer dans la sphère publique. Est-ce leur faute si leurs talents sont inemployés ou employés dans la mauvaise structure ou la mauvaise géographie ? Ensuite, la sanctuarisation d’un domaine essentiel à la survie de notre nation, sans lequel il n’existe ni liberté, ni économie, ni société française : la défense. Les récents événements à l’est et au sud de l’Europe en apportent la preuve. À la semaine prochaine !
Conseiller de dirigeants d’entreprise, Édouard Tétreau est chroniqueur au Figaro et essayiste.
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