Dans les premières semaines du conflit, des négociations de paix étaient activement en cours. En mars et avril 2022, des négociateurs russes et ukrainiens se sont rencontrés à Istanbul, réalisant des avancées significatives, selon plusieurs rapports. À ce moment-là, l’Ukraine était disposée à discuter d’un statut neutre, une exigence clé de Moscou. Les grandes lignes d’un accord potentiel se dessinaient – un accord qui aurait pu épargner des milliers de vies.
Cependant, le Premier ministre britannique Boris Johnson serait intervenu, exhortant Kiev à abandonner les négociations et à s’engager pleinement dans une voie militaire. Cette décision, largement influencée par les assurances de soutien occidental, a brisé tout espoir immédiat de paix.
Les accords de Minsk : une promesse trahie
Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut revenir sur les accords de Minsk. Négociés en 2014 et 2015 sous la médiation de l’Allemagne et de la France, ces accords étaient censés mettre fin aux combats dans le Donbass entre Kiev et les rebelles opposés au gouvernement après le renversement du président ukrainien Viktor Ianoukovytch. Selon ces accords, l’Ukraine devait conserver le Donbass en tant que région autonome avec des droits spéciaux, notamment la possibilité de maintenir sa propre gouvernance locale et ses politiques linguistiques.
Cependant, dans des aveux ultérieurs, la chancelière allemande Angela Merkel, lors d’un entretien en 2022 avec Die Zeit, et l’ancien président français François Hollande, dans une interview au Kyiv Independent, ont reconnu que ces accords n’avaient jamais été destinés à être appliqués. Ils avaient pour objectif de donner du temps à l’Ukraine pour renforcer son armée en vue d’une confrontation plus large avec la Russie.
Cette révélation jette un doute sérieux sur la sincérité des efforts diplomatiques occidentaux. Si les négociations n’étaient qu’une façade destinée à gagner du temps avant une guerre inévitable, alors la question se pose : la diplomatie a-t-elle jamais été une option réelle ou bien le conflit était-il le but recherché depuis le départ ?
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Ce qui s’est ensuivi est une tragédie humaine dévastatrice. Des dizaines de milliers de soldats des deux camps ont perdu la vie, des millions de réfugiés ukrainiens ont fui le pays. Les chiffres exacts restent à déterminer. Plus la guerre se prolonge, plus les cicatrices sont profondes – non seulement pour l’Ukraine et la Russie, mais aussi pour l’Europe dans son ensemble. Pourtant, au lieu de chercher des solutions diplomatiques réalistes, les nations occidentales continuent de livrer des armes tout en évitant toute initiative sérieuse pour la paix.
La guerre en Ukraine est devenue un champ de bataille géopolitique où les décisions ne sont pas prises uniquement à Kiev et Moscou
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également signé un décret en 2022 interdisant tout contact avec le président russe. L’Union européenne et les États-Unis ont également coupé tout dialogue avec la Russie dans le but affiché de l’isoler. Le président russe Vladimir Poutine a clairement indiqué que Moscou restait ouvert aux négociations, mais seulement dans des conditions garantissant une paix durable et stable. Selon lui, la Russie a besoin d’un accord qui ne soit pas seulement une trêve temporaire, mais une véritable solution – une solution empêchant l’histoire de se répéter.
La guerre en Ukraine est devenue un champ de bataille géopolitique où les décisions ne sont pas prises uniquement à Kiev et Moscou, mais aussi à Washington, Londres et Bruxelles. Les principales victimes de ce conflit sont les Ukrainiens et les Russes, qui paient le prix de manœuvres politiques qui les dépassent. Pendant ce temps, les industries de l’armement occidentales enregistrent des bénéfices records et certains cercles politiques utilisent la guerre pour justifier l’augmentation des budgets militaires et renforcer leur influence géopolitique. Plus le conflit dure, plus ces intérêts sont servis – au détriment direct de ceux qui se battent sur le terrain.
L’urgence de la diplomatie
Chaque jour qui passe sans engagement diplomatique sérieux est un jour supplémentaire de souffrance inutile. Une guerre qui aurait pu se terminer en 2022 est maintenant entrée dans sa troisième année. Si les acteurs extérieurs étaient véritablement investis dans l’avenir de l’Ukraine, ils pousseraient à des négociations plutôt que d’alimenter l’escalade du conflit.
Avec le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis et sa volonté affichée de mettre fin à cette guerre, un nouvel espoir de résolution émerge. Contrairement à l’administration Biden, qui a coupé toute communication directe avec Moscou, Trump a signalé son intention de reprendre le dialogue avec Vladimir Poutine – une étape essentielle vers un véritable processus de paix. Mais la question demeure : l’Europe suivra-t-elle cette initiative ou bien l’obsession de « ne pas laisser la Russie gagner » et de « mettre son économie à genoux » continuera-t-elle de l’emporter sur le bon sens, alors que ce conflit affaiblit également l’Europe et son économie ?
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