
Ces derniers jours, impossible de croiser un cadre du Rassemblement national sans l’entendre vitupérer contre Bruno Retailleau. Un élément de langage revient comme un mantra : « Retailleau ? C’est le ministre de la parole. » Une tentative pour le RN de dénigrer un ministre de l’Intérieur à la popularité et à la notoriété grandissantes. Au point de devenir un sujet d’inquiétude pour Marine Le Pen et Jordan Bardella ? « Bruno Retailleau incarne clairement un danger pour le RN », répond un expert de l’opinion. Avec une fragilité : sans résultats, le ministre devient baudruche et peut vite se dégonfler.
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C’est précisément l’angle sous lequel le RN concentre ses attaques. Preuves à l’appui. Jordan Bardella reproche au ministre, à chacune de ses interventions, de ne pas avoir remis en cause l’aide médicale d’État, qui garantit la gratuité des soins aux étrangers. De ne pas se saisir de la question du port du voile pour les accompagnatrices scolaires ou de l’organisation d’un référendum sur l’immigration. Place Beauvau, on esquive, dédaigneux : « On voit bien où est la gêne, mais nous n’avons pas le temps pour ces enfantillages. On bosse. » L’entourage du ministre met en avant l’esquisse d’un bilan : hausse des expulsions, abrogation de la circulaire Valls, baisse des titres de séjour délivrés, loi contre le narcotrafic.
Autre angle d’attaque du RN : Retailleau déserte son ministère pour se lancer dans la bataille de la présidence des Républicains. Une critique d’ailleurs formulée par Laurent Wauquiez. Là encore, Beauvau balaye l’argument : « Il mènera campagne en soirée et le week-end. »
Nicolas Sarkozy avait lancé sa campagne depuis le ministère de l’Intérieur, tout en cumulant la présidence de l’UMP
Bruno Retailleau se garde bien de donner dans la surenchère. En privé, il sourit volontiers des attaques du RN sur son supposé mimétisme avec la ligne politique de « l’original ». Son entourage se charge de rétablir quelques vérités : « La première fois que Bruno a dénoncé à la télévision les dangers de la société multiculturelle, c’était en 1997. Marine Le Pen n’avait jamais été candidate à une élection et Bardella avait deux ans. Il ne reprend pas leurs mots, il est juste constant. J’ai la vidéo à disposition s’ils la veulent. »
Le spectre d’un « déjà-vu » hanterait-il le RN ? « Ils redoutent que l’histoire se répète », glisse un compagnon de route de Marine Le Pen, en référence à Nicolas Sarkozy qui, en 2007, avait siphonné l’électorat du FN en revendiquant la plus grande fermeté sur la sécurité comme sur l’immigration. À l’époque, il avait lancé sa campagne depuis le ministère de l’Intérieur, tout en cumulant la présidence de l’UMP. Précisément le plan de Bruno Retailleau aujourd’hui.
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