![Christelle d'Intorni.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/15/14/000_36f82fh.jpg?VersionId=Odkpa8QKZ1_GDmqjFp1TEvTAhQYinmfX)
Le 8 décembre 2024, au cours d’une ultime offensive contre le pouvoir, les rebelles mettaient un terme au régime le plus sanguinaire au monde. Depuis plus de cinq décennies, le régime de la famille Assad aura entrainé près d’un million de morts et plusieurs dizaines de réfugiés, torturés et déplacés. Pire, le régime a largement utilisé des armes de guerre pour réprimer le peuple Syrien jusqu’à recourir à des armes chimiques, en particulier le 21 août 2013 au cours d’une attaque d’une infinie violence à l’encontre de manifestants dans la Ghouta orientale, près de Damas.
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Toutes les enquêtes internationales concordent et affirment que le régime syrien utilisait la torture et la neutralisation de militants des droits de l’homme. Oui, le régime de Bachar al-Assad a en réalité transformé la Syrie en un théâtre de bombardements civils le plus terrifiant du XXIème siècle et un véritable abattoir à ciel ouvert. Au fond, la genèse de ce soulèvement prend son premier souffle au cours des printemps arabes afin de revendiquer une Syrie libre, démocratique et pluraliste.
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Or, aujourd’hui, avec l’avènement du nouveau leader Ahmad al-Charaa, d’autres nuages noirs semblent s’amonceler sur la Syrie. Ancien membre de l’État islamique et d’al-Qaida, qui avait pris la tête du front Al- Nosra qui avait menacé la France et commis des crimes abjectes, ce qui laisse que peu d’espoir de voir prospérer une Syrie libre, démocratique et respectueuse des droits des femmes.
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Cela, sous la complicité du président de la République qui s’est empressé d’inviter à l’Élysée le nouveau leader contesté Ahmad al-Charaa, a fortiori avant l’organisation par la France de la conférence internationale pour la Syrie le 13 février 2025 à Paris. Or, cette invitation symbolique et sans aucune garantie en faveur d’un avenir démocratique et libre pour les Syriens, constitue une véritable faute politique qui altère l’image de la France et affaiblie encore un peu plus notre diplomatie.
De surcroît, si la France a oscillé entre rapprochements stratégiques et médiations dans les conflits de la région, la chute de Bachar al-Assad doit, avant tout, être l’occasion de s’interroger sur les relations complexes voir ambigües entre la France et la Syrie pour ne pas commettre les erreurs du passé.
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Le premier devoir de la diplomatie française est de consolider la révolution syrienne en honorant ses fondements
Ce faisant, en la matière, Emmanuel Macron semble une nouvelle fois avoir eu comme boussole la politique du « en même temps ». D’un côté, le président de la République portait en bandoulière la défense de nos valeurs face au régime syrien en particulier aux termes de déclarations martiales.
À ce titre, lors de ses vœux aux corps diplomatiques du 4 janvier 2018 le président de la République déclarait : « Disant cela, je considère que nous devons sortir de postures morales qui parfois nous impuissantent mais que nous devons aussi sortir de concessions faites à certaines puissances qui pensent qu’à quelques-uns, reconnaissant une partie d’une opposition désignée depuis l’extérieur, ils pourraient régler de manière stable et durable la situation en Syrie. »
Or, dans le même temps, le chef de l’État s’employait à décorer des proches du régime Syrien participant, à certains égards, au moins indirectement à, au contraire, crédibiliser l’entourage du régime. À l’instar de Monsieur Ammar Abd Rabbo, photographe officiel du régime de Bachar al-Assad et proche dignitaire du dictateur déchu qui, par arrêté du 25 septembre 2017 portant nomination et promotion dans l’ordre des Arts et des Lettres, était fait Chevaliers des Arts et des Lettres.
Cela, alors que ce dernier a d’ailleurs reconnu lui-même sa proximité avec le pouvoir de Bachar al-Assad et, par conséquent, son implication, tant sur le plan interne dans la diffusion de la propagande du régime, que sur le plan international en participant aux déplacements diplomatiques de l’ancien président syrien.
Si bien que de nombreux intellectuels et journalistes s’interrogent aujourd’hui sur la pertinence de la conservation de telle décorations honorifiques qui engagent les valeurs de notre pays et sa crédibilité sur le plan diplomatique.
Manifestement, l’ensemble de ces faits ne sont pas de nature à rendre le meilleur hommage à la révolution syrienne qui a œuvré depuis 13 ans envers et contre tout dans le monde entier dans une dignité qui force l’admiration. Alors que le premier devoir de la diplomatie française est, avant tout, de consolider la révolution syrienne en honorant ses fondements, à savoir la soif de liberté, l’exigence démocratique et la nécessaire garantie des droits humains. Il y a urgence.
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