Bruno Retailleau et Éric Piolle n’étaient pas côte à côte ce vendredi à Grenoble. Non. Ils étaient face à face. Deux hommes, deux univers, deux façons radicalement opposées de concevoir le rôle de l’État. Un duel plus qu’une rencontre. Le ministre de l’Intérieur était là pour rétablir une forme d’autorité après un cauchemar de violence : un bar grenoblois attaqué à la grenade, quinze blessés, un assaillant toujours en fuite, après s’être introduit cagoulé et armé d’un fusil d’assaut. Une scène de guerre en plein centre-ville. Mais plus que des coups, ce sont des mots qui ont fusé. Et ces mots, ils résument tout.
D’abord, chez Éric Piolle : le déni. « Action de refuser de reconnaître la vérité ou la valeur d’une chose. » Ça lui va comme un gant. Le déni, chez lui, c’est un mode de gouvernance. À croire qu’il l’a érigé en doctrine municipale. Quand Grenoble s’enfonce dans la violence, lui parle d’autre chose. Quand la population s’inquiète, il détourne le regard.
En face, chez Bruno Retailleau : la fermeté. « Qualité de ce qui est fort, vigoureux, et ne tremble pas. » Lui, il nomme les choses. Il ne les fuit pas. Il parle sécurité, ordre, autorité. Autant dire qu’entre les deux, il y avait un monde. Et forcément, l’ambiance, hier, dans l’Isère, était polaire. Et pas seulement à cause du climat. Parce que ces deux-là ne parlent pas vraiment la même langue.
Et puis il y a ce timing désastreux. Catastrophique, même. Quelques heures avant l’attaque à la grenade, Libération publie des propos hallucinants d’Éric Piolle. Le maire de Grenoble, régulièrement accusé de laxisme, lâche, avec une désinvolture confondante :
« À vrai dire, je m’en fous un peu. Quand il ne reste que des attaques sur la sécurité et la propreté, ça veut dire qu’on a gagné quelques batailles par ailleurs… » Il s’en fout, donc.
Éric Piolle ne voit pas où est le problème. Le problème, pourtant, c’est Grenoble. Le problème, c’est une ville où la violence est devenue une routine :
La suite après cette publicité
- 24 janvier : Deux jeunes blessés grièvement par balles sur un point de deal.
- Quelques jours plus tôt : Trois personnes touchées par des tirs, dont une ado qui promenait son chien.
- Encore avant : Une femme enceinte et une ado tabassées en pleine rue par un Tunisien arrivé en France deux mois plus tôt.
- Fin décembre : Un jeune gazé, dépouillé et menacé au couteau pour sa trottinette.
- Juste avant Noël : Une mineure de 13 ans violée par son cousin de 23 ans, qu’elle était censée épouser.
- Toujours en décembre : Un homme poignardé à mort dans une épicerie.
- Mi-novembre : Des scènes de guérilla urbaine, coups de feu, armes blanches
- 22 octobre : Un adolescent de 15 ans exécuté en pleine rue.
- Quelques jours avant : Un fourgon blindé attaqué à la kalachnikov en plein centre-ville.
- Fin septembre : Un lycéen agressé à coups de ciseaux et de matraque devant son établissement.
- Début septembre : Un agent municipal, Lilian Dejean, tué par balles.
Voilà la réalité de Grenoble. Pas une exagération. Pas un fantasme. Pas un « sentiment d’insécurité ». Juste les faits. Juste une ville qui ressemble de plus en plus à Chicago-sur-Isère. Une ville où l’on tue, où l’on viole, où l’on braque. Mais Éric Piolle ? Il s’en fout.
Pourtant, ce ne sont pas seulement ses opposants politiques qui dénoncent l’insécurité à Grenoble, les alertes viennent de partout. Quand le procureur de Grenoble, Éric Vaillant, parle d’une guerre des gangs comme il n’en avait jamais vu, on pourrait s’attendre à une réaction ferme de la mairie. Mais non. Grenoble implose et Éric Piolle regarde ailleurs.
Les habitants, eux, voient bien ce qui se passe. Ils alertent, ils témoignent, ils manifestent. Ils supplient leur maire d’agir. Éric Piolle répond quoi ? « Circulez, y’a rien à voir. » Un agent municipal abattu ? Toujours pas d’armes pour la police municipale. La criminalité qui grimpe en flèche ? Pas question de mettre plus de caméras.
Mais alors, c’est quoi, la solution miracle d’Éric Piolle ? Tenez-vous bien : un référendum sur la dépénalisation du cannabis. Parce que bien sûr, la priorité des Grenoblois qui vivent sous la menace des kalachnikovs, c’est de débattre du droit de rouler son petit joint tranquille. Et le clou du spectacle : « trouver un modus vivendi avec les dealers. » Traduction : négocier avec les mafias. Marchander avec ceux qui font la loi à la place de l’État.
On ne marche plus sur la tête, on s’écrase face au réel. Un réel que Bruno Retailleau est venu rappeler. Car chez Éric Piolle, le problème n’est pas seulement le déni. C’est une idéologie aveugle et délirante, qui préfère pactiser avec le chaos plutôt que de le combattre.
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