La marchandise transitait dans un camion de fret express qui reliait l’Espagne à l’Italie. Les douaniers de Menton (Alpes-Maritimes) ont saisi fin janvier neuf dents de dinosaures originaires du Maroc, ont-ils annoncé vendredi. Sur l’autoroute A8, les contrôles sont quotidiens sur ce type de camions, qui transportent des centaines de colis entre particuliers espagnols et italiens, car les douaniers trouvent des stupéfiants (cannabis mais aussi désormais cocaïne) dans certains colis, explique Samantha Verduron, adjointe au directeur régional de Nice.
S’ils contrôlent les colis repérés par les chiens détecteurs de stupéfiants, ils ouvrent aussi « beaucoup de colis » au hasard et le 27 janvier, ils ont découvert neuf énormes dents dans deux colis destinés à des particuliers italiens près de Gênes et de Milan.
Consulté par les douanes, un expert du Musée de la Préhistoire régionale de Menton a révélé qu’il s’agissait de dents de reptiles présents dans le bassin géologique du Maroc pendant le crétacé supérieur (72 à 66 millions d’années).
Plus précisément, la saisie concerne une dent de Plésiosaure Zarafasaura oceanis, un reptile marin au très long cou, trois dents de Mosasaure, un reptile marin représenté dans le film Jurassic World, et cinq dents de reptiles fossilisées appartenant vraisemblablement à un Dyrosaurus phosphaticus, un lointain parent du crocodile.
Il s’agit de biens archéologiques qui ne peuvent être détenus, être importés ou même circuler sans justificatifs et des investigations sont en cours pour identifier les destinataires et décider des suites à donner à la saisie. Régulièrement, les biens sont restitués au pays d’origine.
Ainsi en 2020, la France avait remis au Maroc quelque 25.000 pièces (fossiles, minéraux, pierres polies, objets d’art…) saisies par les douanes lors de trois contrôles distincts en 2005 et 2006 à Arles et à Perpignan, provenant pour l’essentiel de fouilles clandestines.
Dans le cadre de leur mission de lutte contre le trafic de biens culturels, les services douaniers réalisent des dizaines de saisies chaque année. Dans la majorité des cas, il s’agit d’objets archéologiques et de biens anciens, principalement issus de l’Antiquité gréco-romaine. Mais il y a aussi des livres anciens, des manuscrits, des tableaux…
En matière de fossiles, la dernière saisie emblématique remonte à février 2015, quand des douaniers de Lyon avaient récupéré une partie de squelette d’un Tarbosaurus bataar, un grand bipède carnivore, issu de fouilles illégales en Mongolie.