Le JDD. Votre dernier album, Ô ma France, est sorti en 2024. Quel message souhaitez-vous transmettre ?
Patrice Martineau. Toutes les chansons de cet album ont trait à quelque chose de culturel qui concerne la France. Il y a 13 chansons en tout, dont beaucoup ont été écrites et chanté avec le musicien Daniel Facérias. Chacune a sa singularité, certaines sont joyeuses, d’autres plus sentimentales…
L’un de vos morceaux met à l’honneur les paysans français. Pourquoi ce choix et quel regard portez-vous sur leur situation aujourd’hui ?
C’est sur un coup de colère que j’ai décidé de composer ce chant. Pour dénoncer ce que les paysans de France subissent. Je suis natif d’un pays rural, les paysans, je les connais. Les voir souffrir injustement m’a fait mal. Cette chanson est un soutien moral et poétique. Les artistes sont là pour donner le supplément d’âme à un combat. C’est ce que j’ai voulu faire avec cette chanson.
Les artistes sont là pour donner le supplément d’âme à un combat
Vous avez collaboré avec Philippe de Villiers sur la chanson Ô ma France. Comment cette rencontre artistique s’est-elle concrétisée ?
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C’est parti d’une idée très simple. Avec Daniel Facérias, nous nous sommes dit qu’il nous manquait une chanson avec un grand lyrisme, à la Chateaubriand. Il nous fallait une plume. Et nous avons alors naturellement pensé à Philippe de Villiers. Je l’ai contacté, et il a accepté. C’est avant une messe dominicale, sur le parvis, qu’il m’a donné le texte : « Je te donne ce poème, fais en ce que tu veux. » Il nous a offert un grand poème lyrique, de plusieurs pages, sur la France. C’est un beau cadeau que Philipe de Villiers nous a fait.
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Comment naissent vos chansons et quelle place accordez-vous aux mots dans votre travail de compositeur ?
Les idées me viennent en marchant. Et puis après j’écris. Je travaille. J’aime chanter ma terre, et les gens qui y habitent. Tous les sujets m’intéressent. J’essaye vraiment de répandre un esprit dans mes chansons. Je me suis mis à l’école des grands, du panthéon de la musique française : Brassens, Brel, Ferré… Ce sont ces figures qui m’ont appris à écrire et à aimer la chanson.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir musicien ?
J’ai eu la chance d’avoir un oncle chanteur et, très tôt, mes parents m’ont emmené l’écouter. C’est peut-être de là qu’est venue cette vocation. À 14 ans, j’ai commencé à écrire mes premières chansons. Puis dans les années 1970, j’ai monté avec des amis un petit groupe de rock. Mais ma conversion au catholicisme en 1979, a bouleversé tous mes plans. Les mots qui sortaient de ma bouche dans les morceaux de rocks, ne résonnaient plus avec mon âme. J’ai donc arrêté le rock, et me suis mis à composer des musiques pour les séances de catéchisme du curé de la paroisse. Enfin, je me suis mis en duo avec mon frère René, et nous avons commencé à faire des disques, puis des tournées.
Quels souvenirs marquant de votre carrière gardez-vous en mémoire ?
J’ai trois grands souvenirs. Le premier, c’est le Congrès national des jeunes chrétiens, qui s’est tenu à Versailles en mars 1988. Nous nous sommes produits devant des milliers de jeunes, venus de toute la France. Ensuite, les JMJ de Compostelle, en 1989, avec le saint pape Jean-Paul II. Enfin, le concert au Bataclan, en 1999. C’était un évènement pour mon frère et moi. Nous sommes totalement en dehors du monde du show-biz, et nous avons pourtant réussi à remplir l’une des plus grandes salles parisiennes.
Vous êtes profondément attaché à la Vendée, votre terre natale. Quelle influence cette région et son histoire ont-elles sur votre musique ?
Mes ancêtres ont été tués par les colonnes infernales républicaines, durant les guerres de Vendée. Quand j’ai appris cela, j’ai été bouleversé. Je me suis dit : il y a des martyrs dans ma famille. Le lien que j’avais avec la Vendée est devenu un lien du sang. La Vendée, c’est la terre, la campagne, des gens qui se connaissent. J’ai passé une enfance heureuse dans le bocage, les églises étaient pleines, tout était paisible, les gens croyaient dans le même Dieu.
Mes ancêtres ont été tués par les colonnes infernales républicaines, durant les guerres de Vendée
Votre album Bon voyage explore la francophonie à travers le monde. Pourquoi cette thématique vous tient-elle particulièrement à cœur ?
C’est un album de voyage, mêlant musique et poésie, qui est sortie il y a deux semaines. Il s’appelle d’ailleurs Bon voyage. C’est un véritable tour du monde francophone. Belgique, Suisse, Moyen Orient, Sénégal, les chansons nous font visiter ces pays et ces lieux où l’on parle français. C’est un projet, réalisé avec l’Institut musical de Vendée, qui a pour but de faire aimer la francophonie aux Français.
Vous fêtez cette année vos 40 ans de carrière musicale. À cette occasion, vous avez annoncé partir en tournée…
Oui, j’ai maintenant une quarantaine d’années de carrière derrière moi. C’est le 1er janvier 85 que j’ai enregistré mon premier disque. Je me suis dit que cet anniversaire était peut-être l’occasion de repartir en tournée. Et le projet a finalement vu le jour : fin mars je vais du côté de Lyon, puis en mai vers Toulon. J’espère également pouvoir partir en Afrique, si la situation géopolitique le permet.
Quels sont vos prochains projets ?
Il y en a plusieurs ! Je suis en train de finir de travailler sur un disque de chansons pour enfants, c’est une première pour moi. J’aimerais le chanter avec mes petits-enfants. Et puis il y a une comédie musicale sur Marie-Madeleine qui est en cours de préparations.
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