![Le leader de La France insoumise appelle à « mettre des drapeaux palestiniens partout où c’est possible ».](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/12/12/sipa_01178893_000015.jpg?VersionId=q1wGo8_4eUbLYfkE_HI9wFC5reG1CviA)
Les premières pages des Origines de la France contemporaine, l’histoire de la Révolution française selon Taine, semblent avoir été écrites ces temps derniers. Le temps prérévolutionnaire ressemble comme deux gouttes d’eau au nôtre : il y est question de violences, de menaces de mort, de rançons, d’occupations, de saccages et de pillages de maisons, de libération des embastillés, d’incendies dans les villes, de voitures précipitées dans la Seine, d’alcoolisme généralisé, de fuite des talents, de paupérisation du pays, de chômage, de misère, de pauvreté, mais aussi et surtout d’une police qui ferme les yeux et n’intervient pas, d’une incroyable tolérance en faveur des saccageurs, d’une culture de l’excuse, déjà, d’une absence de répression, d’une instrumentalisation idéologique des enfants.
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Qui prétendra que nous n’en sommes pas là ? Taine brosse le portrait du jacobin. Certes, c’est celui de la Révolution française. Mais c’est aussi celui d’un idéal-type inséparable de toutes les révolutions. Il place ce genre de personnage sous le signe du « délire ambitieux », qui n’a pas fait grand-chose de notable dans sa vie avant que la Révolution ne lui permette de donner toute sa mesure ressentimenteuse. Sur la méthode, la stratégie, la tactique, Taine écrit que le jacobin « a compris l’objet final et l’effet définitif de la Révolution, c’est-à-dire la dictature de la minorité violente ». Car le jacobin méprise la démocratie et impose sa loi par la menace, la terreur, l’intimidation, la brutalité, les voies de fait. Dans les élections, il est minoritaire – « on peut compter un jacobin sur quinze électeurs ». C’est l’homme du coup de main, du tabassage, des coups et blessures dont il délègue la mise en œuvre à des minorités qu’il chauffe à blanc.
Taine poursuit avec une psychologie du jacobin : il naît de la décomposition sociale ; il flatte les passions populacières ; il séduit le peuple en prétendant parler pour lui mais s’en sert plus qu’il ne le sert ; il invoque la souveraineté du peuple, mais pratique la dictature sectaire ; il permet l’empiètement du gouvernement dans la sphère privée ; au nom du peuple, il trahit le peuple ; il poursuit les riches d’une haine rabique ; il légitime tout désordre qui sape le pouvoir en place ; les meneurs activent les coups de main avec un pouvoir anonyme et arbitraire ; il étourdit sans cesse avec sa logorrhée, son verbiage idéologique, son emphase verbale et sa rhétorique dogmatique ; il préfère les idées à la vie, le discours au réel, les mots aux choses ; il se dit libérateur alors qu’il est un nouveau tyran ; il se décerne des brevets de vertus, décrète autrui vicieux ; il estime être la vertu, lui résister est donc criminel ; il insulte, dénonce, confisque, interdit, emprisonne, mais c’est par philanthropie.
Ce portrait s’accompagne d’un programme du jacobin : il veut imposer son idéologie à tous ; il entend régenter la vie privée et le for intérieur ; il pourchasse les indifférents, les modérés, ceux qui ne montrent pas assez de zèle révolutionnaire ; il dicte à autrui ses idées et ses sentiments intimes ; il prescrit les affections de chacun ; il souhaite ardemment refaire, d’après un type préconçu, l’intelligence, la conscience et le cœur d’un homme nouveau ; il propose la « régénération de l’homme » – pour se faire démolir (déconstruire) et reconstruire (la France nouvelle) ; il travaille pour les générations futures et ne craint pas de sacrifier la génération présente pour hâter l’avènement du paradis sur terre.
Le programme jacobin de la Terreur, désormais celui de Mélenchon et de ses affidés
Carrier, l’homme des noyades jacobines à Nantes, affirme : « Nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière » ; son « homme nouveau » sera ensuite celui des marxistes, des bolchéviques, des fascistes, des nazis, c’est aujourd’hui celui des déconstructionnistes et des wokistes ; il prend l’argent des riches, à savoir ceux qui possèdent au-delà du strict nécessaire ; la propriété n’est pas légitime, la confiscation du superflu est vertueuse ; il prend les maisons et les partage avec les nécessiteux ou les leur offre ; il crée des taxes, il lève des « impôts sur la fortune » ; il confisque l’argent, l’or, les bijoux, les biens, les redistribue aux défavorisés et transforme ces assistés en « membres des comités de surveillance », en soldats de « l’armée révolutionnaire », en fonctionnaires employés dans les services publics, en fait, en révolutionnaires professionnels ; l’économie est nationalisée, étatisée ; de même pour l’Éducation nationale ; il abolit la famille, l’autorité parentale, le mariage ; il favorise le divorce et « l’union libre et passagère des sexes » ; il déteste les paysans, les commerçants, les marchands, les industriels coupables d’égoïsme ; il détruit les églises et travaille ardemment à la déchristianisation ; il ferme les écoles non républicaines ; il crée des manuels de catéchisme civique à enseigner dès le plus jeune âge ; il nivelle dès la naissance ; enfin, il impose le tutoiement et « une familiarité rude remplace la politesse monarchique ».
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Ce programme jacobin du XVIIIe siècle a été activé avec la Terreur, la Loi des suspects, le tribunal révolutionnaire, les guerres de Vendée et la guillotine. Robespierre est son grand homme. C’est aujourd’hui celui de Mélenchon et de ses affidés. Une fois au pouvoir, par quels moyens ceux-là l’imposeraient-ils ? Ne feignons pas d’ignorer la réponse.
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